Le rôle d’Israël en soutien des dictatures militaires en Amérique latine

lundi 14 juin 2010.
 

Le monde entier a réagi avec horreur contre l’attentat meurtrier commis par Israël contre un convoi humanitaire. Les brutalités de l’État juif sont connues, en particulier quand il s’agit de la Palestine. Moins connue est l’implication d’Israël dans les guerres sales qui ont eu lieu dans les cinquante dernières années en Amérique latine.

En Amérique latine, Israël n’a pas les mains propres. Les peuples n’ont pas gardé une bonne image de l’ingérence de l’État juif sur leur continent. Dès ses débuts, Israël a soutenu un large éventail de régimes de droite et de dictatures militaires. La liste des pays auxquels ils ont fourni des armes, conseillé et formé des soldats et des paramilitaires est longue : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, la République dominicaine, l’Équateur, le Salvador, le Guatemala, Haïti, le Honduras, le Nicaragua, Panamá, le Paraguay, le Pérou et le Venezuela.

Les Israéliens ont été particulièrement actifs dans un certain nombre de « guerres sales ». Ils ont mis leur expérience et leur expertise au service des régimes les plus brutaux de l’époque. Au Salvador, ils ont formé la police secrète dans les années soixante. C’est de cette police que sortaient les escadrons de la mort à la sinistre réputation, responsables de dizaines de milliers de victimes, essentiellement des civils. L’officier militaire le plus connu qui a été formé par eux est Roberto D’Aubuisson. C’est lui qui a ordonné l’assassinat de Mgr Romero et de milliers d’autres Salvadoriens. Plus tard, il envoya son fils en Israël pour y suivre des études en toute tranquillité et sécurité.

Au Nicaragua aussi, les Israéliens ont montré leurs pires défauts. Jusqu’au dernier moment, avant qu’il ne fuie le pays, Israël a fourni des armes au dictateur Somoza. Ensuite, les Israéliens ont formé les « contras », opérant à partir des camps au Honduras et au Costa Rica, ceux-ci ont semé la terreur à l’intérieur du Nicaragua, avec comme résultat des milliers de victimes civiles innocentes.

Leur engagement a été le plus sanglant au Guatemala, dés les années soixante-dix jusque dans les années quatre-vingt-dix. Ils ont fourni des armes, de l’équipement militaire jusqu’à fournir des avions, et ils y ont même construit une usine de munitions. Dans les coulisses, ils étaient impliqués dans une des plus violentes campagnes contre-révolutionnaires que l’hémisphère occidental ait connues depuis la conquête espagnole. Dans cette opération plus de 200.000 personnes ont été tuées, essentiellement des indiens. Dans cette sale guerre, « l’expertise » israélienne a été très utile. Comme c’était le cas pendant l’occupation initiale de la Palestine, des villages indiens ont été entièrement rasés et un million de personnes ont été chassées de leurs foyers.

La Colombie est le pays où il y eut le plus grand nombre d’assassinats de syndicalistes, de militants des droits de l’homme et de journalistes en Amérique latine. Bien sûr Israël ne peut pas y faire défaut. Carlos Castaño a été (jusqu’à sa disparition), le chef de l’AUC (Autodefensas Unidas de Colombia), la plus importante milice paramilitaire de droite qui n’ait jamais existé. Sur le terrain des violations des droits de l’homme cette milice dépasse tous les autres pays du continent. Dans une autobiographie, il admet qu’il a été formé aux techniques martiales en Israël quand il était jeune. « J’ai appris d’innombrables choses en Israël. » « A ce pays je dois une grande partie de mon essence, mes réalisations humaines et militaires. (...) J’ai copié le concept de milices paramilitaires en Israël. »

Il y a deux principales raisons pour lesquelles l’Etat juif a été et est, très actif dans ces opérations sales. Il y a d’abord l’industrie de guerre. Depuis quelque temps, ce petit pays se trouve dans le top dix des plus grands fournisseurs d’armes. Le chiffre d’affaires annuel est de 3,5 milliards de dollars et cette industrie emploie environ 50.000 personnes, c’est à dire le plus grand employeur industriel du pays. Israël est le pays le plus dépensier par habitant et est également le plus grand exportateur d’armes.

Mais il y a aussi une raison géostratégique importante. L’Etat juif est fortement dépendant des États-Unis. Sans le soutien financier et militaire de la Maison Blanche, le pays ne persévérerait pas longtemps, et ne serait de toute façon plus une puissance dominante au Moyen-Orient. En échange de cette aide Tel-Aviv est prêt à faire le sale boulot pour son protecteur. C’est en effet essentiellement le même rôle que jouent les groupes terroristes anti-castristes à Miami. En échange de l’appui et du soutien de Washington ces organisations terroristes règlent de sales affaires ici et là. Dans presque toutes les grandes opérations militaires ou paramilitaires en Amérique latine depuis les années soixante, on retrouve des traces de la présence des « Miami boys ». Quelques exemples : ils ont été actifs dans la guerre « Contra » contre les sandinistes. Plus récemment, ils ont été impliqués dans le coup d’Etat manqué au Venezuela en 2002 et le coup d’État réussi au Honduras en 2009.

Ce n’est pas une coïncidence si Israël est soupçonné d’implication dans ce coup d‘Etat au Honduras. Quand la Maison Blanche, pour son image, ne peut pas intervenir directement, elle fait régulièrement appel à son allié israélien. Par exemple, des documents déclassifiés ont révélé qu’Israël, à la demande des États-Unis, a soutenu la contre-révolution au Salvador et au Guatemala. Dans une note de l’infâme colonel Oliver North, un membre de la sécurité nationale de Ronald Reagan, on peut lire : « Tel que discuté hier, j’ai demandé à la CIA et aux ministères de la Défense et des Affaires étrangères de fournir une assistance au Guatemala et au Salvador. Cela pourrait être réglé par les Israéliens. » Dans un autre document on trouve : « Nous avons de bonnes raisons de croire que nos bons amis, les Israéliens, sont prêts - ou l’ont déjà fait - à livrer d’importantes quantités de matériel militaire au gouvernement du Guatemala. »

Je suis entièrement d’accord avec le président Chavez, Israël doit comparaître devant la Cour Suprême Internationale. Selon moi, ce ne serait pas seulement pour son rôle dans le massacre récent et l’action à Gaza, et beaucoup d’autres opérations en Palestine. Cela serait également nécessaire pour enquêter sur le rôle que l’Etat juif a tenu en Amérique latine et pouvoir ainsi punir les coupables.

Marc Vandepitte


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