Questions de principes… laïques et sociaux (pourquoi le PG a quitté la manifestation pour Gaza)

samedi 19 juin 2010.
 

Je paraphrase un grand ancien : les principes ne sont pas des dogmes mais des guides pour l’action. Quand on est de gauche, laïque et républicain, il est bon d’en avoir. Et de les garder. Parfois, les évènements s’accélèrent, les situations se complexifient, les repères se brouillent… On peut alors douter. Que faire ? Comment faire ? C’est alors que les principes retrouvent leur utilité. La politique est un art d’exécution. Comme d’autres pour la musique, certains voudraient pratiquer la politique en chambre, en univers clos. Pas les militants du PG.

Pas de mélange entre religion et politique

Samedi, le Parti de Gauche appelait à manifester en solidarité avec le peuple palestinien, pour la levée du blocus de Gaza, après le massacre abject commis par l’armée israélienne la semaine dernière. Un Collectif d’organisations de gauche, dont le PG, étaient à l’initiative de cette manifestation. Un problème s’est posé la veille. Les responsables du Collectif ont accepté que l’UOIF s’associe à la manifestation, même si elle ne fait pas partie des organisations signataires. Aussitôt, le PG a fait savoir qu’il goûtait peu ce mélange entre politiques et religieux. Mais, nous avons préféré ne pas créer d’incident. Notre souci a été alors de faire en sorte que les Partis et formations de gauche manifestent ensemble, les unes après les autres, afin de créer une claire distinction, cohérente et visible, avec les associations religieuses. En début de manifestation, par l’intermédiaire de notre Secrétaire nationale en charge des questions internationales, Raquel Garrido, un accord avec le NPA et LO (le PCF n’avait pas de cortège à ce moment là) était conclu. Nous manifesterons ensemble, puis après, derrière et distinctement, viendrons les associations religieuses. Mais, la manifestation n’avait pas commencé que déjà, le cortège de l’UOIF, équipé d’un camion sono assez conséquent, se glissait (de force) entre le cortège du PG et celui de LO, sans que le NPA n’y voit rien à redire.

Il aurait donc fallu accepter de manifester dans un cortège d’organisations de gauche, « coupé » par un cortège de l’UOIF, équipé d’une puissante sono qui aurait couverte tous nos slogans. Pour le PG, ce n’était plus acceptable. Quand nous avons immédiatement alerté les responsables du NPA, leur rappelant l’accord que nous avions, ces derniers nous ont répondu par un mépris étonnant. « Vous faites chier pour rien, c’est comme ça ! ».

Une précision s’impose. Le PG, bien sûr, n’est pas pour interdire les religions. Chacun peut pratiquer la religion de son choix et l’Islam est la religion pratiquée par beaucoup de nos compatriotes. C’est un choix privé que nous respectons. Mais le PG est fermement laïque, nous ne voulons pas le mélange entre le politique et le religieux. L’ultra grande majorité des musulmans français, sont d’accord avec nous et approuvent la laïcité. Et, je le dis sans détour, les discours politiques des dirigeants de l’UOIF, ne peuvent être assimilés à ceux de tous les musulmans de France.

Samedi, les militants PG se retrouvaient ainsi coincés devant l’UOIF, dont le premier Président M. Lahj Thami Breze avait déclaré en 2003 : « le Coran est notre constitution ». Une organisation qui invite lors de son congrès du Bourget des « personnalités » comme Christine Boutin ou Tariq ou Hani Ramadan. Une organisation qui demande la condamnation de Charlie Hebdo quand ce journal publie des caricatures mettant en cause l’Islam. Une organisation qui regroupe 200 associations religieuses dont « l’Association des Imams de France », présidée par M. Tareq Oubrou qui n’hésite pas à organiser des réunions avec M. Alain Soral sur le thème « Musulman et Patriote » (Bordeaux, le 18 avril 2009). Ce Soral est un ancien dirigeant du Front national, où il n’a pas réussi la carrière qu’il jugeait digne de lui. Depuis, il anime un groupuscule idéologiquement confus, mais que l’on peut classer à l’extrême droite. Il était présent au Congrès de l’UOIF en compagnie du comédien Dieudonné (cf photo). Sur le site de ce personnage, on peut y trouver régulièrement des articles d’insultes contre Jean-Luc Mélenchon et le PG.

Solidarité avec le peuple de Palestine ! Paix et laïcité pour tous !

Il faut que les choses soient claires. J’insiste et répète encore et encore. Le PG ne veut pas la confusion entre le religieux et le politique. Nous défendons cette position quelle que soit la religion, et mettons la même distance avec toutes les forces qui veulent nous entraîner dans une lecture religieuse de ce conflit. Pour moi, la poignée de juifs français qui défendent toujours, de façon inconditionnelle, la politique d’Israël se trompe tout autant. Les fanatiques religieux ne sont pas dans un seul camp. Les catholiques ou les protestants, et toutes les autre religions comptent aussi les leurs. Mon opinion dans le cas présent, est que le gouvernement israélien mène depuis trop longtemps une politique coloniale, les raisons de ce conflit sont territoriales et politiques, et il serait folie de n’y voir qu’un choc de religions. Ce conflit, pour trouver une issue, doit donc être « déconfessionnalisé ».

Je reviens à la manif de samedi. Pour le PG, c’était déjà une concession, faite dans un souci d’unité, pour le succès de la manifestation, que de manifester avec des organisations comme l’UOIF, qui ne peut être sérieusement comparée à la Cimade ou au CCFD. Mais, nous avions exigé qu’il n’y ait pas de confusion dans les cortèges. Cela ne fut pas le cas samedi. Dont acte. Les responsables du PG sur place, dont moi, ont décidé de ne pas manifester dans de telles conditions de confusions. Questions de principes.

On ne contraint pas par la force, les militants du PG à faire ce qu’ils ne veulent pas. A l’avenir, la leçon doit être retenue par tous nos amis


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