Eric Woerth et les lingots de Robert Peugeot.

vendredi 2 juillet 2010.
 

"La France n’est pas une République fiscale bananière… Il n’y a pas de passe-droit ! Au contraire, Eric Woerth passe pour un hystérique du contrôle fiscal. C’est lui qui a changé la loi pour permettre de vraies enquêtes dans les paradis fiscaux. Toutes vos questions relèvent du roman de gare !", s’emporte un collaborateur du ministre.

Motif de cet énervement : les raisons d’un dîner en tête à tête avec Robert Peugeot en décembre dernier.

Il a eu lieu chez "L’Ami Louis", à Paris, et s’est décidé après le cambriolage opéré chez l’héritier des Peugeot, où lui ont été dérobés des lingots d’or. Pourquoi le président de la structure familiale contrôlant le géant automobile a-t-il voulu dîner rapidement avec le ministre du Budget ?

Selon nos sources, Robert Peugeot, déjà sous le coup d’un litige fiscal, avait une crainte : une enquête sur l’origine de son or. Le montant du vol, sur la base de sa déclaration initiale, a d’abord été estimé à 500.000 euros… puis aujourd’hui à 150.000 euros. Pourquoi cet écart ?

"Le préjudice réel de 150.000 euros, sur lequel l’assurance a remboursé 82.000 euros, est conforme à l’ISF de M. Peugeot, assure au JDD un de ses conseillers. Le fisc s’en est assuré, point final, nous ne dirons rien de plus, ni là-dessus ni sur le dîner avec M. Woerth", poursuit ce conseiller.

Même démenti chez Eric Woerth, où l’on se dit "atterré que l’on puisse imaginer que le ministre du Budget s’occupe de vérifications fiscales concernant des particuliers. C’est le travail des services". Toute intervention d’un ministre du Budget sur les services fiscaux relève donc de l’histoire ancienne. Et le cas Peugeot, vérifications faites, une simple "erreur de calcul de la police".

L’histoire remonte au 5 décembre dernier. Alors qu’il chasse en Turquie pour le week-end, Robert Peugeot est appelé sur son portable par un policier du commissariat du 16e. Prévenu par la concierge de l’immeuble, l’enquêteur ne peut que constater les dégâts : dans la salle de bains de cet appartement de 400 m², des cambrioleurs bien renseignés ont descellé un coffre-fort Fichet-Bauche, d’environ 45 cm de large pour 30 cm de hauteur. Les monte-en-l’air ont aussi fait main basse sur une collection de montres, dont une Cartier de prix. Des voleurs très "professionnels" puisqu’ils ont laissé à sa place une montre sans valeur…

Au téléphone, le policier demande au propriétaire des lieux ce que contenait le coffre. "Des lingots et des pièces d’or", répond Robert Peugeot, qui ira déposer plainte le mardi suivant.

Selon la procédure de la police, une dizaine de lingots ont été dérobés ainsi que des pièces, et vérifications faites, au prix du lingot d’un kilo à environ 25.000 euros, le préjudice se chiffrerait à environ un demi-million d’euros. "Le Parisien", en décembre, évoque ce montant.

Interrogée également par les enquêteurs, Mme Peugeot, en instance de divorce, assure avoir remis à son mari la clé du coffre "quelques semaines" avant le cambriolage. "Le 1er octobre, il n’y avait aucun lingot, juste mes bijoux du quotidien", assure-t-elle à la police. Alors d’où venaient les lingots ?

"Dans ce genre de situation, le fisc vous tombe dessus aussitôt, confie un avocat fiscaliste, pour vous demander la provenance de l’or." Dans les jours suivant le fricfrac, et les articles dans les journaux, les policiers se souviennent d’une "remontée de bretelles" "venue de tout en haut" pour ces fuites… Puis le montant du préjudice a été divisé par trois.

Interrogé hier sur son téléphone portable, Robert Peugeot n’a pas souhaité s’exprimer. Ses conseillers assurent que "tout est en ordre" et ne nient pas l’amitié qui lie le ministre et l’entrepreneur. D’ailleurs, début juin 2010, Robert Peugeot a reçu la Légion d’honneur au siège de PSA, avenue de la Grande-Armée… des mains d’Eric Woerth.


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