Lendemain de vote. De Solférino au meeting anti-libéral de Montpellier

vendredi 17 novembre 2006.
 

Comment ne pas se laisser emporter par la vague d’adulation dans laquelle on me presse d’entrer ? Comme ce serait moderne et rénovant de dire 12 heures après le contraire de ce que je disais 12 heures avant ! Pourtant, dans le peu de temps que j’ai passé au siège du PS à Solferino, c’est ce que l’on me demandait.

Certaines journalistes m’ont sèchement rappelé quelle était "la règle du jeu". Oserait-on faire une telle injonction à une femme ? Comment ne pas montrer mon indignation face aux questions fielleuses du genre « vous avez perdu parce que vous êtes nul ou seulement parce que vos idées sont dépassées » ?

Et il ne faut pas davantage laisser voir l’ampleur de la déception et des inquiétudes que ces résultats éveillent en moi. Ni cacher celles-ci, non plus. Et par discipline philosophique il faut aussi mettre à distance les certitudes qui jaillissent en vous dans les moments d’émotions. Ce n’est pas le plus simple, n’est-ce pas ?

Je n’ai pas l’intention de faire à cet instant une analyse dont je n’ai pas les moyens dans le délai qui me reste avant de sauter dans le train. Car je prends le train. Je vais à Montpellier au meeting des collectifs unitaires.C’est la seule chose utile que je peux faire pour ma bataille à gauche. Le pire serait en effet qu’à la déception après ce vote s’ajoute celle que créerait une radicalisation anti-socialiste du mouvement qui se cherche dans l’autre gauche.Et puis, à Montpellier, je crois bien qu’il est urgent de montrer un autre visage du socialisme...

Je veux juste dire ceci en plus de tout ce que vous devinez à propos de la transformation radicale de la vie de parti dont cette élection rend compte. Précisément parce que nous sommes désormais dans une démocratie d’opinion sans limite, il faut chercher les causes de notre défaite dans les dynamiques politiques élémentaires.

C’est au congrès du Mans que nous avons perdu politiquement. Faute de motion commune du non, aucune dynamique alternative n’a pu se construire. Les responsables, dans la mesure où cela a un sens de les rechercher, sont ceux qui ont rendu cette convergence impossible.

Leurs motivations sont dorénavant connues et je ne vois pas de raison de leur en vouloir si c’est conforme à ce qu’ils pensaient juste de faire depuis le début. Mais tout de même ! S’ils nous en avaient prévenu à temps, et s’il l’avaient assumé publiquement, disons que le débat aurait gagné en clarté.

A présent je regarde ce que vont faire les collectifs unitaires. Leur responsabilité est grande. Le PS, moins que jamais, est toute la gauche. Même s’il en est et reste le principal parti, et de loin. Sa dérive possible est également sans limite comme on le voit dans le reste du monde et dans toute l’Europe.

La réinvention de la gauche qui se déroule sous nos yeux en France n’est pas finie. Loin de là. Et face à la masse des désorientés, c’est la dynamique qui fera la décision. Je ne crois pas qu’on y arrive sans union des gauches. Et je ne crois pas que cette union des gauches soit crédible si elle ne se rééquilibre pas.

L’union de l’autre gauche est donc une condition fondamentale du succès de la gauche elle-même. Mais peut-on mener ce double combat sans succomber devant les deux oppositions qu’il déclenche des deux côtés ?Surtout quand ils sont complices pour se répartir les rôles....


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