L’audition de Patrice de Maistre met Eric Woerth en difficulté

dimanche 18 juillet 2010.
 

D’après des procès-verbaux d’audition auxquels Le Monde a eu accès, la brigade financière traque bien le trafic d’influence et oriente ses investigations en direction du couple Woerth.

L’enquête, ordonnée par le parquet de Nanterre, dans laquelle quatre personnes avaient été placées en garde à vue jeudi 15 juillet, a été ouverte pour blanchiment de fraude fiscale et trafic d’influence, elle vise donc également les conditions d’embauche de Florence Woerth, l’épouse du ministre du travail. Ce dernier devrait pour sa part être bientôt entendu comme témoin.

La police dispose, depuis les perquisitions opérées dans les sociétés de M. de Maistre, d’une note datée du 31 août 2007. Un simple curriculum vitae de Mme Woerth, avec cette mention, en bas de page : "rémunération environ 200 000 euros (…) Je suis obligé d’en parler à LB vu le mari 120 000 euros".

"IL M’A DEMANDÉ DE RECEVOIR SA FEMME"

Interrogé, M. de Maistre s’explique : "Il s’agissait d’une note que j’ai dû amener à M. et Mme Bettencourt pour évoquer le recrutement de Mme Florence Woerth dans mon équipe. Cette démarche était due au fait que son mari était ministre, et que c’était donc sensible…", relate le gestionnaire de la fortune Bettencourt. Il l’assure aux policiers, "Mme Woerth ne représentait pas un risque majeur".

En 2006, donc, selon ses dires, il appelle Eric Woerth à la demande d’André Bettencourt, qui souhaite financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. "Je l’ai [M. Woerth] vu ensuite deux ou trois fois début 2007, dit M. de Maistre, parce qu’il m’a demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu’elle n’était pas entièrement satisfaite".

Florence Woerth est embauchée, avec à la clé un CDI, rémunéré 140 000 euros annuels, plus une prime de 60 000 euros et une voiture de fonction. Elle travaille pour le compte de la société Clymène, qui gère environ 1,3 milliard d’euros. Elle en a démissionné en juin. Fin juin, Eric Woerth avait affirmé qu’il y avait "une muraille de Chine" entre ses activités et celles de son épouse.

Dans les enregistrements clandestins, réalisés par le majordome Pascal Bonnefoy chez les Bettencourt, il apparaissait déjà clairement que cette embauche s’était faite à la demande de M. Woerth. "Quand je l’ai fait, disait ainsi M. de Maistre lors d’une conversation avec Mme Bettencourt, le 23 avril, son mari était ministre des finances, il m’a demandé de le faire (…). J’lai fait pour lui faire plaisir."

Lire l’intégralité de cet article dans l’édition abonnés du Monde.fr ou dans "Le Monde" daté du 18-19 juillet, disponible dans les kiosques ce samedi à partir de 14 heures.

de Gérard Davet

2) Garde à vue prolongée pour les quatre proches de Liliane Bettencourt

Le parquet de Nanterre a annoncé, vendredi matin 16 juillet, que les gardes à vue de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Me Fabrice Goguel, son ancien avocat fiscaliste, l’artiste François-Marie Banier et le gérant de l’île d’Arros aux Seychelles, Carlos Vejarano, étaient prolongées de 24 heures.

Les quatre hommes sont entendus par la brigade financière depuis jeudi matin, dans le cadre de l’enquête préliminaire sur les enregistrements clandestins faisant apparaître des soupçons de fraude fiscale.

A l’issue de la garde à vue, le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, pourra soit citer un ou plusieurs des quatre hommes directement devant le tribunal, soit ouvrir une information judiciaire confiée à un juge d’instruction, soit libérer les personnes et poursuivre l’enquête sous son contrôle.

PHILIPPE COURROYE CRITIQUÉ

Ce magistrat proche de Nicolas Sarkozy subit de vives critiques des syndicats de magistrats, du Parti socialiste et de la gauche qui considèrent qu’il conduit une enquête biaisée pour sauver les apparences et épargner le pouvoir.

L’ancienne juge d’instruction, aujourd’hui eurodéputée écologiste, Eva Joly, affirme dans un entretien au Monde que M. Courroye est "aux ordres du pouvoir" et souligne qu’en qualité de procureur, à la différence d’un juge d’instruction, il ne peut envoyer de commissions rogatoires à l’étranger ou procéder librement à des écoutes téléphoniques et des perquisitions.

L’enquête préliminaire qui sert de cadre aux interrogatoires des quatre gardés à vue est l’une des trois ouvertes par le parquet de Nanterre. Elle porte sur les faits apparus dans les enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt réalisés entre mai 2009 et mai 2010 par son majordome, révélés par le site Mediapart mi-juin et remis à la justice. Des perquisitions ont été conduites la semaine dernière chez les quatre suspects.

SEYCHELLES, CHÈQUES ET ÉVASION FISCALE

Dans les enregistrements clandestins, Patrice de Maistre évoque une évasion fiscale en Suisse, à Singapour et en Uruguay, mentionnant le rôle de Fabrice Goguel. Liliane Bettencourt a annoncé après la publication des enregistrements le rapatriement de ses actifs en France et il est déjà avéré qu’elle détenait 78 millions d’euros sur des comptes en Suisse.

La brigade financière est aussi chargée d’examiner dans le cadre de l’enquête le possible conflit d’intérêts, voire le trafic d’influence qui serait imputable à Eric Woerth. Dans les enregistrements, Patrice de Maistre, qui fait signer des chèques pour l’UMP à Liliane Bettencourt, déclare avoir embauché fin 2007 Florence Woerth à la demande de son mari, alors ministre du budget.

Il apparaît aussi dans les enregistrements que l’île d’Arros, villégiature d’une valeur de plusieurs centaines de millions d’euros et dissimulée au fisc, détenue via une fondation au Liechtenstein par le couple Bettencourt, a été donnée à François-Marie Banier.

Source http://www.lemonde.fr/societe/artic...

1) Affaire Bettencourt : De Maistre, Banier, Goguel et Verejano en garde en vue

Un nouveau pas a été franchi jeudi avec le placement en garde à vue du gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et du photographe François-Marie Banier. Mais le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, est toujours contesté.

ELSA FREYSSENET, Les Echos

Plus il est contesté et plus le procureur de Nanterre semble prendre le mors aux dents. Mis en cause par la gauche pour sa proximité avec Nicolas Sarkozy et désormais concurrencé par la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, qui va pouvoir mener sa propre enquête, Philippe Courroye a fait franchir une nouvelle étape jeudi aux enquêtes préliminaires qu’il a lancées dans le cadre de l’affaire Bettencourt.

Quatre proches de l’héritière de L’Oréal ont été placés en garde à vue : le gestionnaire de sa fortune, Patrice de Maistre, son ancien avocat, Me Fabrice Goguel, mais aussi le photographe François-Marie Banier (photo) et le gérant de l’île d’Arros (Seychelles), Carlos Vejarano. Leur garde à vue, susceptible de durer jusqu’à 48 heures, a été prononcée dans le cadre de l’enquête sur le contenu des écoutes clandestines entre Liliane Bettencourt et son entourage. Ces enregistrements pirates avaient révélé l’existence de deux comptes en Suisse d’une valeur de 78 millions d’euros et laissent supposer un blanchiment de fraude fiscale, via l’île d’Arros, non déclarée au fisc.

Un « mandat de protection future »

« C’est un cap important puisque depuis des mois et des mois, nous dénonçons les prédateurs qui entourent Liliane Bettencourt », a commenté jeudi Olivier Metzner, avocat de Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de la milliardaire. Cette dernière accuse le photographe François-Marie Banier d’avoir abusé de la faiblesse de sa mère pour obtenir près de 1 milliard d’euros de cadeaux et conteste de plus en plus le rôle de Patrice de Maistre, qui, au fil des révélations, apparaît comme un acteur central de l’affaire.

C’est en sa faveur que Liliane Bettencourt a signé un « mandat de protection future » le désignant comme gestionnaire de ses biens au cas où sa fille obtiendrait sa mise sous tutelle. C’est aussi à lui qu’elle a d’abord proposé de conduire un audit des sociétés gérant sa fortune et que Patrice de Maistre dirige. Comme cet audit ne pouvait pas dans ce cas être considéré comme « indépendant », l’avocat de la milliardaire, Georges Kiejman, a suggéré jeudi qu’il pourrait s’adjoindre les services d’un « grand cabinet d’audit ». Dans cette affaire aux multiples ramifications (familiales, judiciaires, politiques), chaque partie est engagée dans une partie de billard à plusieurs bandes.

Un « procureur aux ordres », pour Eva Joly

Alors que la gauche réclame en vain depuis des semaines le dépaysement (le changement de tribunal) de l’affaire et la nomination d’un juge d’instruction « indépendant », l’ancienne magistrate anticorruption devenue élue écologiste Eva Joly a lancé une nouvelle charge contre Philippe Courroye, l’accusant, dans une interview au « Monde » d’être un « procureur aux ordres » et de conduire des enquêtes préliminaires afin de « ne pas aller au fond des choses ». Un juge d’instruction n’est pas tenu au respect du secret fiscal et pourrait examiner les comptes en Suisse de Liliane Bettencourt, ce que ne peut pas faire un procureur, ajoute-t-elle.

Par ailleurs, dans des procès-verbaux d’auditions révélés hier par « Le Monde » et Mediapart, deux anciens employés des Bettencourt accréditent les propos de l’ex-comptable sur la générosité de leurs anciens employeurs à l’égard des politiques. Ainsi, selon l’ancienne secrétaire, Chantal Trovel, des hommes politiques venaient recevoir de « l’argent liquide », notamment « durant les périodes précédant des élections de tous ordres ». Elle reconnaît toutefois ne pas avoir été directement témoin des remises d’argent.

Source : http://www.lesechos.fr/info/france/...


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