Clémentine Autain a sa place dans ce que nous construisons

dimanche 15 août 2010.
 

La tribune de Clémentine Autain dans le journal Libération est comme beaucoup de choses que fait Clémentine : intéressant. Elle vaut la peine d’être lue et réfléchie. Elle traite de l’impuissance de l’autre gauche à peser sur les évènements dans notre pays. Je renvoie a la lecture de son texte pour savoir ce qu’elle en dit et comment elle s’explique les problèmes qu’elle pose.

La gauche radicale doit sortir du concours de nains politiques (tribune de Clémentine Autain dans Libération)

Mon intention n’est pas de commenter ce point ou celui là, même si la langue et la plume me démangent comme on le devine car ce qu’elle dit est stimulant du dialogue. Je veux juste exprimer un regret et lui montrer comment elle-même peut contribuer à la situation qu’elle déplore. Dans tout le texte de Clémentine il y a un absent : le Front de Gauche. Il n’existe pas. Ce que nous avons fait, nos efforts pour nous rassembler, nos campagnes communes, notre décision d’écrire ensemble un programme commun, rien de tout cela n’existe. Table rase. Juste une longue description de l’impuissance de tous ceux qui ont refusé de prendre leur place dans cet effort comme si cette impuissance résumait tout le tableau.

Je ne comprends pas ce mépris. Je le trouve douloureux. Rien de ce que nous avons fait ou dit ne compte donc ? On ne peut convaincre aucun de ces camarades ? Pourquoi Braouzec me touche-t-il la main amicalement dans la rue mais déclare haineusement dans « Libération » que le Front de gauche c’est juste « un tête à tête entre le PC et le PG et une bataille d’égo qui n’intéresse personne » ? Pourquoi Stéphane Gattignon qui avait d’abord dénoncé en moi un agent des sociaux démocrates déclare-t-il que nos idées sont « au dessous du niveau de la mer ». Qu’avons-nous fait pour mériter cette vindicte permanente ? Pourquoi ne pas nous dire que faire, comment améliorer ce que nous avons fait, quel défaut surmonter et surtout comment. Et pourquoi serions nous condamnés à choisir, ou ne plus choisir, "entre Lénine et Trotski" (hum, c’était entre staline et Trotsky…) comme elle l’écrit, nous qui existons aussi et qui avons choisi depuis longtemps Jaurès ? A quel étroit périmètre serait ainsi réduite la force que nous voulons rassembler s’il n’y avait de dépassement en vue que celui là !

Quant à la question de la crise écologique qu’évoque aussi Clémentine, elle s’articule sans avoir besoin de nous à la question sociale pour cette raison qu’elle la contient. Et c’est pourquoi l’écologie politique est bien le nouveau paradigme du socialisme faisant que nous ne parlons pas seulement pour une classe quand nous luttons pour la fin du capitalisme mais pour l’humanité tout entière. Et donc cela relègue l’idée avant gardiste au rayon du passé. Je n’écris pas tout ceci pour ouvrir une polémique car j’estime personnellement beaucoup Clémentine Autain et tout autant nombre de ses proches comme l’historien communiste Roger Martelli . Je le fais pour lui dire : le temps tourne pour tous. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’une nouvelle querelle byzantine sur la nature de l’autre gauche. Nous ne pouvons limiter notre ambition à un "bon coup" de dernière minute qui nous verrait tous nous tomber dans les bras après d’abjectes tractations venimeuses de couloirs. Nous ne pouvons nous limiter à la seule dénonciation des impasses sociales démocrates. Il faut aller à la conquête du grand nombre sur un programme de changement radical de société qui fait bien moins peur aujourd’hui qu’il y a seulement trois ans !. Travailler concrètement à construire une nouvelle majorité politique pour gouverner notre pays et y faire la révolution citoyenne qui lui est nécessaire ! Et le préalable pour cela c’est la détermination à le faire. Elle se vérifie sur un critère simple : l’action. Tout de suite, maintenant !

Ni les communistes, ni nous le PG, ne sommes parfaits et peut-être même sommes nous moins intelligents que Stéphane Gattignon et moins intéressants que Patrick Braouzec. Mais nous faisons ! Nous agissons ! Cahin caha ? Oui et alors ? Si on peut parler d’une autre gauche, c’est parce que nous sommes là, nous, qui avec nos résultats électoraux avons évité à cette autre gauche l’auto liquidation dans laquelle a fini celle-ci en Italie et dont Clémentine ne dit rien. Nous sommes là, imparfaits et parfois balourds. Mais nous y sommes. De façon autonome, indépendante et avec une ambition dix mille fois plus grande que notre périmètre militant et électoral respectif. Et quand l’IFOP analyse sur 20 élections que le Front de Gauche a doublé ou triplé le score communiste antérieur, nous, le PCF et le PG, faisons la démonstration concrète que cette ambition commence à se réaliser mieux qu’avec des mots, à partir de notre addition et sans besoin de soustraction. Donc, pour ma part, je n’ignorerais pas la tribune estivale de Clémentine Autain, même si Clémentine ignore l’existence du Front de gauche. Je lui dis qu’elle a sa place dans ce que nous construisons. Laquelle ? C’est bien le problème, car c’est à elle de dire laquelle. Qu’elle nous mette au défi de nous dire « chiche » et qu’on puisse toper. Le plus vite sera le mieux pour ce qu’il y a à faire. Dis Clémentine, écoute un peu la chanson de Jean Ferrat « en troupe en ligue en procession »….


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