Daniel Cohn-Bendit fait joujou sur la retraite à 60 ou 62 ans (par Gérard Filoche)

mardi 7 septembre 2010.
 

Daniel Cohn-Bendit ironise sur la différence entre partir en retraite à 60 ou 62 ans. Ce n’est pourtant pas un jeu pour des effets de tribune. Il n’a jamais vu un ouvrier carreleur à genoux, ni une femme de service poussant son chariot, ni une serveuse et ses phlébites à répétition, il n’a pas idée d’une rentrée des classes pour un instituteur de 62 ans, ni comment vivrait chaque jour une infirmière qui court dans les couloirs de l’hôpital dans sa 63 ° année. DCB dit que c’est une question de "marqueur" pour se distinguer sur les estrades.

Ce n’est pas lui qui travaille de nuit, ni “posté” en trois-huit. Il ne pense ni aux chauffeurs, ni aux nettoyeurs, ni aux ouvriers agricoles, ni à ces 12 millions de salariés qui gagnent moins de 1450 euros par mois en souffrant au travail et qui comptent sur leur droit à leur retraite.

DCB est aussi favorable à un Smic-jeune, à la privatisation de la Poste, et pour le travail du dimanche : chacun de ces sujets n’est sûrement pas un “marqueur” entre “réformistes” ou “révolutionnaires” mais c’en est un entre une société de justice sociale et une société d’exploitation sans vergogne. DCB n’a pas idée de l’importance des plus belles années de la retraite entre 60 et 65 ans après 40 ans de labeur. Il faut avoir souffert au travail pour comprendre enfin le bonheur de ces quelques années de repos en bonne santé.

Daniel Cohn-Bendit fait joujou entre “révolutionnaire” et “réactionnaire”, comme si cela n’avait pas un sens pour des millions de salariés souvent épuisés, inaptes, malades ou licenciés vers 55 ans.

Et les jeunes qui n’ont pas de boulot savent aussi ce que c’est que d’en attendre pendant 2 ou 3 ans de trop entre 25 et 29 ans... Ce qui serait pire en allongeant la durée du travail jusqu’à 62 ans, âge légal et surtout 67 ans, âge de la retraite à taux plein.

DCB ne sait-il pas qu’en Allemagne aujourd’hui il faut 35 annuités pour prendre sa retraite... Ce serait un bon “marqueur” que de dire cette vérité-là, plutôt que de vouloir ouvrir, à la veille de la grande démonstration unitaire de toute la gauche et de tous les syndicats, le 7 septembre, un champ d’incertitude entre la retraite à 60 ans, un acquis social vital, et la retraite à 62 ans avec 42 annuités telle que Sarkozy veut l’imposer pour le compte de ses amis de la finance.

DCB nous dira sans doute que ce n’est pas non plus un “marqueur” d’exiger une retraite à taux plein à 60 ans, 75 % de reversement, calculée sur 10 ans ou sur les 6 derniers mois, indexée sur les salaires, sans retraite inférieure au Smic. Pour lui, ce sont des détails et sous prétexte de ne pas être “anticapitaliste”, ce sont des détails qu’il faut laisser de côté pour gagner des électeurs du Modem, c’est-à-dire vers la droite : mais ce serait ainsi que la gauche perdrait des millions d’électeurs de gauche qui ne votent plus, hélas, parce qu’on ne s’intéresse plus à ces “détails”, 35 h, 60 ans, ou 1600 euros, qui pour eux sont essentiels.

Gérard Filoche, le 20 août 2010


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