25 juillet 1958 Création du Front de Libération Nationale algérien en France

samedi 28 juillet 2012.
 

Entre 1954 et 1962, le territoire français est le théâtre d’un affrontement entre le FLN et les forces de police françaises, mais aussi avec son rival, le MNA, affrontements qui feront des milliers de morts.

C’était un 25 juillet 1958. Dans la banlieue de Cologne, les responsables de la Fédération de France du FLN (Front de libération nationale), décident d’« ouvrir un second front en France », à savoir porter la guerre sur le territoire français. Le 25 août, le FLN lance 242 attaques et 56 actes de sabotage visant 188 objectifs dans la région parisienne, le nord, l’ouest et le sud de la France. Ces actes font 88 morts et 188 blessés. Le port de Marseille, où 16 000 m3 de pétrole prennent feu, est en flammes, il en est de même des dépôts de carburant de Gennevilliers, Vitry, du Petit-Quevilly, de Mobil Oil de Toulouse, de Port-la-Nouvelle. Des commissariats de police sont attaqués, des voies ferrées sont sabotées. Ces actions du FLN en France, trois mois après l’arrivée de De Gaulle au pouvoir, le 1er juin 1958, font la une des médias mais surtout – c’était l’objectif recherché – de la presse internationale.

La Fédération de France du FLN comptait 15 000 militants implantés au sein de l’immigration algérienne. « Avant la guerre d’Algérie, écrit l’historien Benjamin Stora, les ouvriers exilés mènent une double existence. Une fois les sirènes des entreprises éteintes, l’existence du militant débutait.  » Le Parti populaire algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (PPA-MTLD), qui a succédé à l’Étoile nord-africaine, fondée en 1924 au sein de l’immigration algérienne par Messali Hadj (15 000 militants), « est alors le seul mouvement nationaliste moderne et constitue également une école formidable, ajoute Stora. On y apprend à lire, mais le parti suscite également des débats sur le communisme, sur la révolution nassérienne, sur le rapport à la France ou avec le syndicalisme » (1).

C’est au sein de cette immigration algérienne dont l’histoire est caractérisée par une violence extrême, une histoire bien différente de celle des immigrés en provenance des autres pays du Maghreb et d’Afrique, que le FLN, minoritaire en 1955, va s’imposer par la force contre son rival le MNA (Mouvement national algérien), créé par Messali Hadj  : règlements de comptes sanglants (mitraillages de cafés, liquidations physiques, attentats ciblés) vont faire près de 4 000 morts et 12 000 blessés dans les deux camps. En parallèle, le FLN mène une lutte tout aussi impitoyable contre les services de police français, appuyés par des harkis venus en France sur les conseils de Maurice Papon. À Paris, la Force de police auxiliaire (FPA), composée de 400 harkis, agit hors de tout contrôle  : on torture et on fait disparaître des détenus dans les commissariats du 13e et du 18e arrondissement (2). Afin de dénoncer le couvre-feu imposé aux Algériens, il lance un appel à manifester à Paris, le 17 octobre 1961. La manifestation pacifique sera sauvagement réprimée et fera entre 200 et 300 morts. Le FLN en France, c’était aussi l’argent récolté au sein de l’immigration – plus d’un milliard de centimes de l’époque par mois –, autant que l’aide fournie par les pays arabes. Il a su surtout, grâce à une politique intelligente, rallier les artistes et les intellectuels et une majorité de Français à la cause algérienne.

(1) Benjamin Stora, préface au livre de Lakhdar Belaïd, Mon père ce terroriste, Éditions du Seuil.

(2) Voir Paulette Peju Ratonnades à Paris et les Harkis à Paris, réédité par les Éditions la Découverte.

Hassane Zerrouky


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