"Français un jour, Français toujours..."

samedi 11 septembre 2010.
 

Dans la salle du Lycée professionnel où j’enseigne, en écoutant les consonnances des noms de mes élèves lors de l’appel aujourd’hui, j’ai pensé à nouveau aux déclarations de Nicolas Sarkozy de cet été, à Grenoble. Notre pays est magnifique quand il fait France de tout bois. Les services publics, et particulièrement l’Education nationale, sont le premier outil pour faire de tous ces jeunes des citoyens éclairés. C’est pourquoi nous les accueillons tous, sans distinction. Les bons élèves comme les têtes de mules et les récalcitrants. Tous. Et, il m’est inacceptable d’imaginer mes élèves ayant un statut différent que le mien face à la justice, en raison de leur pays d’origine ou de celui de leurs parents.

« Français un jour, Français toujours ! Pour le meilleur et pour le pire… » disait Jean-Luc Mélenchon en conclusion de notre Remue Méninges. J’aime cette formule. Il a raison. Il faut construire la République et "faire Nation", avec tous ceux qui vivent sur le territoire … C’est une ardente obligation. Sinon, quoi d’autre ? Quel autre modèle de société ? Le froid égoïsme comptable du sarkozysme ? Pouah. Pas pour moi. Ce n’est pas ça ma France.

Je publie ci-après, une tribune que j’ai rédigée pour le Journal municipal du 12e (diffusé à 70 000 exemplaires) au nom du Groupe communiste et élus du Parti de gauche, dans lequel je siège.

Monsieur Sarkozy ! Vous allez casser la France !

Les différents discours et annonces, faites par le Président de la République cet été, ont produit une tension sociale dans le pays, dont nous avons plusieurs fois ressenti ces derniers jours, les conséquences négatives dans notre arrondissement.

C’est pourquoi, comme élus municipaux, nous voulons nous exprimer solennellement.

La nationalité acquise ne doit pas être remise en cause pour des raisons de droit commun sauf à créer une catégorie nouvelle de « sous-français » conditionnels dont personne ne pourra plus empêcher qu’elle s’accroisse au hasard des gouvernements et des effets d’émotion du moment. De plus, ces dernières semaines, les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Par ses discours répétés, le président de la République donne du crédit aux vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.

Tout cela est grave, car ces discours ne s’inscrivent pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

Pour nous, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République, c’est pourquoi nous appelons tous les habitants du 12e à manifester le 4 septembre, pour fêter le 140e anniversaire de la République afin de protester. Nous appelons aussi tous les salariés à faire grève le 7 septembre et à manifester contre la remise en cause de la retraite à 60 ans.

Remise en cause de droits sociaux acquis, remise en cause des principes fondamentaux d’acquisition de la nationalité, etc. ce gouvernement prend le risque de casser ce qui fonde notre pacte républicain.

A Paris aussi, disons non M. Sarkozy, ne cassez pas la République !

Alexis Corbière

Conseiller de Paris

Groupe communiste et élu du Parti de Gauche


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message