Woerth-Bettencourt : le tango des révélations se poursuit.

dimanche 12 septembre 2010.
 

Pas un jour ne passe, ou presque, sans une nouvelle révélation dans la tentaculaire affaire Woerth-Bettencourt.

Vendredi 10 septembre, pas moins de trois nouveaux éléments sont révélés dans la presse.

1- Une nouvelle affaire de dégrèvement fiscal

C’est Libération qui ouvre le bal avec une lettre gênante pour le ministre (lien payant). Selon le quotidien, qui ne la reproduit pas, cette missive est adressée au mentor politique du ministre, le député Jean-François Mancel. Celui-ci l’avait sollicité pour un dossier de redressement fiscal, celui de Pascal Pessiot, patron de la Société française des casinos.

M. Woerth explique qu’après examen du dossier, il lui "a paru possible de reconsidérer les redressements litigieux (...) Les dégrèvements correspondants seront très prochainement prononcés".

Libération rappelle par ailleurs les liens ambigus de Sébastien Proto, directeur adjoint de cabinet d’Eric Woerth, avec le monde des jeux d’argent.

Bercy assure que tout a été fait de façon normale dans cette affaire. Mais Eric Woerth, qui avait assuré, notamment le 27 juin au Grand Jury RTL-Le Figaro, n’être "jamais intervenu dans un contrôle fiscal", est une fois de plus pris en flagrant délit d’approximation.

Libération avait déjà révélé dans l’été l’intervention du ministre dans la succession du sculpteur César. Pour le patron de l’UMP, Xavier Bertrand, c’est la preuve d’un "acharnement" du quotidien contre Eric Woerth.

2- Des liens entre Patrice de Maistre et Bernard Madoff ?

Le Parisien, lui, révèle que Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, décoré de la légion d’honneur sur proposition d’Eric Woerth, sera entendu par le juge Renaud Van Ruymbeke dans l’affaire Madoff.

L’escroc américain, auteur d’une fraude pyramidale d’un montant record, aurait des liens avec la famille Bettencourt, selon la justice. Le gestionnaire de fortune des Bettencourt à l’époque, Jean-Paul Delattre, était administrateur de sociétés, propriétés de la famille, qui commercialisaient les produits financiers douteux de l’escroc de Wall Street via une structure créée au Luxembourg.

Selon Le Parisien, Patrice de Maistre aurait rencontré au moins une fois Bernard Madoff.

3- Le musée privé de François-Marie Banier

Le magazine Marianne révèle quant à lui que l’ami de Liliane Bettencourt, François-Marie Banier, s’est constitué, grâce aux générosités de l’héritière de L’Oréal, un "véritable petit musée" de toiles de maitre prélevées dans la collection de la famille ou achetées. Picasso, Léger, Munch, Matisse...

Au total, selon Marianne, pour 19,5 millions d’euros d’œuvres en 2001. Un prix qui serait aujourd’hui multiplié par cinq, estime le magazine. De quoi jeter une nouvelle fois le trouble sur les relations entre la milliardaire et son protégé.

L’ensemble de ces révélations concerne des volets annexes du cœur de l’affaire Bettencourt, les liens supposés entre Eric Woerth, trésorier de l’UMP en même temps que ministre, et la famille Bettencourt, généreuse donatrice du parti présidentiel.

Plusieurs soupçons planent sur le ministre : prise illégale d’intérêt pour l’embauche de son épouse par Patrice de Maistre, financement illicite de parti politique suite aux révélations de la comptable des Bettencourt, Claire Thibout, sur des dons en liquide, et trafic d’influence pour la Légion d’honneur remise à Patrice de Maistre.

Trois affaires sur lesquelles travaille le procureur Courroye, dans le cadre de plusieurs enquêtes préliminaires.

Jeudi 9 septembre, les enquêteurs de la brigade financière se sont rendus au siège de l’UMP pour y consulter des documents. Chargé du dossier des retraites, qu’il défend au Parlement, Eric Woerth continue de clamer son innocence, tandis que l’UMP dénonce toujours une "chasse à l’homme" contre lui dans la presse.


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