Le pouvoir au bord du vide

mardi 12 octobre 2010.
 

Avant même que les manifestations de l’après-midi ne commencent, la « nouvelle » tourne en boucle chez les journalistes : la mobilisation enregistre un recul. La source, bien sûr fiable et vérifiée, de cette « information » ? Un communiqué de presse de l’Elysée diffusé dans la matinée, annonçant des chiffres de grévistes dans la fonction publique avant même que leur décompte ait matériellement pu avoir lieu.

Dans la journée, la police s’évertue à obéir aux consignes présidentielles.

Cette fois la politique du chiffre recommandait de ne pas trop voir de manifestants. Admirons la vigilance du ministère de l’Intérieur qui a su éviter de compter 3000 manifestants de plus le 23 septembre, ce qui l’aurait empêché d’annoncer triomphalement moins d’un million de manifestants, puisqu’il en a totalisé 997 000 ! On comprend que plus personne n’accorde de crédit à ces truquages. Et chacun là où il était a pu constater que la mobilisation se maintenait voire s’élargissait. Le fait nouveau et décisif, c’est que la grève s’est élargie dans le privé, touchant les raffineries, la métallurgie, le commerce... Ces grévistes ne sont pas pris en compte par la communication élyséenne. Mais le patronat prend très au sérieux ces grèves qui attentent directement à son tiroir-caisse. Du coup ses représentants politiques à droite deviennent nerveux.

Premier résultat : le feu est allumé à l’UMP.

Copé et Devedjian pilonnent Xavier Bertrand. Fillon cultive sa différence, Balladur aussi, sans parler de Juppé. Bref c’est la chienlit à droite, où l’angoisse des retours de boomerang électoraux étreint les futurs candidats aux cantonales et aux législatives. C’est le meilleur baromètre du rapport de forces social !

Les politiques libérales appliquées ailleurs sous la houlette de la Commission Européenne et du FMI ne passent toujours pas en France. En cela c’est un complet échec pour Sarkozy : la révolution culturelle qu’il voulait engager pour effacer le programme du Conseil national de la Résistance et faire un mai 68 à l’envers » a échoué.

Le pays se dresse dans ses profondeurs contre la réforme. Chaque jour qui passe étend le cercle de la contestation. La droite a donc enduré le joug sarkozien pour rien !

Crise sociale et crise politique se rejoignent. Les prochaines semaines vont être longues pour le pouvoir.


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