18 octobre 1685 Révocation de l’Édit de Nantes

jeudi 19 octobre 2023.
 

La révocation de l’édit de Nantes et la persécution des protestants qu’elle induit font partie des plus infâmes moments de l’histoire de France avec la répression de la Commune de Paris (1871) et l’occupation nazie de 1940 à 1944.

1) Contexte et importance de la Révocation de l’édit de Nantes

L’édit de Nantes promulgué par le roi Henri IV le 30 avril 1598 avait conclu les guerres de religion sur une note optimiste dans le sens d’un respect de la liberté de conscience et de culte. Négocié entre le roi, les représentants des catholiques et ceux des protestants, cette ordonnance laissait espérer des lendemains plus sereins après un demi-siècle de tueries.

Cet accord pouvait paraître équilibré tant que Henri IV vivait.

Après son assassinat, les gros avantages acquis par les catholiques allaient réapparaître.

En effet, le règne d’Henri IV ne toucha pas à la puissance du courant catholique intégriste, par exemple :

- en décrétant dans cet édit de Nantes l’amnistie pour tous les actes commis durant les guerres de religion

- en laissant de larges portions du royaume aux mains des anciens extrémistes de la Sainte Ligue

- en se mariant avec Marie de Médicis, il place une femme très dévote et d’une largeur d’esprit limitée à ses côtés sur le trône.

Tant que le roi est vivant, il empêche la persécution des protestants mais son assassinat laisse place au retour de leurs épreuves.

2) Le champion du catholicisme

Après un début de règne glorieux, le roi Louis XIV veut apparaître en France et en Europe comme le champion du catholicisme. Sous l’influence de l’ignoble courant totalitaire des dévots, de prélats intégristes et sur les conseils de son entourage absolutiste, il décide d’extirper l’hérésie protestante de son royaume. Il reproche aux « huguenots » leur sympathie pour l’Angleterre et les Provinces-Unies des Pays-Bas. Et surtout, comme la grande majorité des Français et des Européens de son temps, il admet mal que deux religions puissent cohabiter dans un même État.

Dès 1661, Louis XIV applique l’édit de Nantes mais de manière restrictive, dans l’attente de la conversion des protestants, dits « les réformés ». Supportant mal que deux cultes religieux cohabitent dans son pays, le roi veut la réunification religieuse du royaume. Il mène alors la « Politique anti-réformée », qui tente d’étouffer « l’hérésie protestante ». Mais ces mesures répressives n’étant pas suffisantes et jugées trop modérées, le monarque prend nombre de mesures très sévères pour exclure les protestants de la vie civile et professionnelle.

3) La conversion au catholicisme par la répression

En 1681, Louis XIV décide d’employer la force pour obliger les protestants à abjurer leur foi. Il fait détruire les temples protestants et les écoles. Les réformés doivent se soumettre au baptême et au mariage catholiques. Il condamne à l’exil les pasteurs et interdit aux protestants, dits les huguenots, d’émigrer sous peine d’être enrôlés dans les galères. Il ordonne de faire baptiser tous les enfants à naître.

En mars 1681, il autorise les Dragons, un corps d’armée particulièrement féroce, à faire des Dragonnades : les soldats logent chez les réformés, qu’ils maltraitent, dépouillent de leurs biens, pillent et parfois, tuent. Sous l’effet de la peur et de ces violentes répressions, les conversions forcées s’accélèrent.

Mal informé, Louis XIV est persuadé, à l’été 1685, qu’avec la méthode forte, la pratique du culte a diminué. À ses yeux, l’édit de Nantes n’a plus raison d’être. Sous l’influence de l’Église catholique et de son entourage, Louis XIV promulgue alors la Révocation définitive de l’édit de Nantes. Le 18 octobre 1685, il signe l’Édit de Fontainebleau.

Une Caisse des conversions tente sans grand succès de convertir les calvinistes les plus pauvres contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Dans les provinces, les intendants recourent à des manières plus brutales comme d’enlever des enfants pour les baptiser en dépit de leurs parents. Certains imaginent aussi de loger des dragons de l’armée chez les adeptes de la RPR (« Religion Prétendue Réformée »). Ces « missionnaires bottés » se comportent comme en pays conquis, n’ayant pas scrupule à piller, violer et parfois tuer leurs hôtes. Par le fait de ces « dragonnades », les conversions forcées se multiplient.

Sur la foi de rapports optimistes, le Roi-Soleil en vient à croire que la religion réformée n’est plus pratiquée dans le royaume. Il considère donc que la tolérance instituée par Henri IV n’a plus lieu d’être.

Avec l’Édit de Fontainebleau, le roi interdit la pratique du culte protestant, ordonne la démolition des temples et des écoles, oblige à baptiser dans la foi catholique tous les enfants à naître, ordonne aux pasteurs de quitter la France mais interdit cependant aux simples fidèles d’en faire autant, sous peine de galères.

L’opinion catholique, y compris les plus illustres écrivains de l’époque (La Fontaine, La Bruyère, Mme de Sévigné...) applaudit à la mesure. Dans l’entourage du roi, il n’y a guère que Vauban qui s’y oppose avec une honnête et courageuse lucidité.

4) Un désastre politique, moral et économique

Très vite, le roi peut mesurer l’étendue de son erreur. Des foyers de résistance se forment. Les dragonnades doivent reprendre. Dans les Cévennes (Lozère et nord du Gard), la révolte des Camisards éclate en 1702.

Sans attendre la publication de l’édit de Fontainebleau et malgré l’interdiction qui leur est faite de s’enfuir, près de 300.000 « religionnaires » quittent la France pour des refuges tels que Berlin, Londres, Genève, Amsterdam ou même Le Cap, en Afrique du sud.

Ces exilés issus de la bourgeoisie laborieuse vont faire la fortune de leur pays d’accueil et leur départ va appauvrir la France en la privant de nombreux talents. Ils vont aussi nourrir à l’extérieur les ressentiments contre la France et son monarque.

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Le 18 ocotbre 1685 Édit de Fontainebleau

Signé le 18 octobre 1685, l’édit de Fontainebleau révoque l’édit de Nantes signé en 1598. En mettant fin à une période de relative entente religieuse, il aura des conséquences fâcheuses pour tout le royaume.

Née 1517, la Réforme souhaite revenir à une pratique plus rigoureuse de la foi chrétienne et permettre à tous l’accès à la Bible. À partir de 1562 les dissensions en France dégénèrent en guerre ouverte. L’édit de Nantes promulgué par Henri IV met fin à trente ans de guerre civile. À la paix civile qui permet la prospérité, s’ajoute la réduction des tensions avec les princes protestants voisins. Richelieu peut donc poursuivre les ambitions européennes du royaume contre les Habsbourg. A l’intérieur du Royaume, l’édit permet aussi de faire front à la Sainte Ligue qui commençait à contester sérieusement le pouvoir royal au nom de la lutte contre le protestantisme.

Au cours du XVIIe siècle la situation s’inverse. La pluralité des confessions est vue comme une faiblesse de l’Etat, et la tolérance envers les huguenots comme une complaisance pour les ennemis de la foi catholique. La paix d’Alès, en 1629, et d’autres dispositions du pouvoir grignotent progressivement les protections et privilèges qui leur étaient accordés. De nombreux nobles et bourgeois se convertissent au catholicisme par intérêt, soit pour garder leur rang, soit pour préserver leurs activités. A partir de 1681 les dragonnades permettent des dizaines de milliers de conversion par la terreur.

Louis XIV veut affirmer son pouvoir sur le pays, se poser en champion européen de la chrétienté, et se concilier les bonnes grâces du pape au moment où le pouvoir de celui-ci est contesté par le clergé français. L’édit de Fontainebleau décide donc de la révocation de celui de 1598, l’interdiction du culte de la "Religion Prétendument Réformée", l’exil des pasteurs et l’interdiction de quitter le territoire pour leurs ouailles, ainsi que la destruction de leurs temples.

On estime aujourd’hui qu’entre 200 et 300 000 Français fuient alors le royaume. Parmi eux, de nombreuses mains laborieuses, une partie de l’élite industrielle, et des milliers de soldats. La révolte des camisards, dans les Cévennes, trouble l’unité désirée. Enfin, les relations avec les autres puissances européennes se tendent fortement, et même le pape Innocent XII se montre moins enthousiaste que prévu. C’est tout le pays qui pâtit.

Le rapport de force complexe et instable entre les églises menaçait à la fois les croyants, la sécurité civile et l’économie. Il faut attendre les constitutions de 1789 et 1791 pour que le pouvoir s’en souvienne. Le peuple pour assurer sa sécurité pose alors les bases de la laïcité.


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