27 avril 1994 : De l’apartheid aux premières élections multiraciales en Afrique du Sud.

jeudi 27 avril 2006.
 

1) Une longue et violente histoire coloniale

Après la conquête des terres américaines, les explorateurs européens, poussés par une irrésistible quête de richesses et de découvertes géographiques, s’établissent le long des côtes africaines. En effet, l’Afrique apparaît tel un continent mystérieux et réputé hostile. En 1652, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales souhaite fonder une station de ravitaillement des navires à destination de l’empire colonial oriental car la route des Indes demeure une priorité. La pointe de l’Afrique, à mi-chemin entre Amsterdam et Batavia (actuelle Jakarta en Indonésie), semble idéale. A l’aide d’une petite garnison, naît le Cap de Bonne-Espérance, porteur de beaucoup d’espoir comme son nom l’indique. L’installation appartient à la Compagnie et non aux autorités néerlandaises. Mais les capacités d’alimentation en bétail et en produits frais de la station du Cap s’avèrent insuffisantes. Cependant, l’établissement du Cap amorce la colonisation de l’Afrique du Sud.

Très vite, les premiers colons prennent le relais des employés de la Compagnie des Indes orientales. Dès 1657, des centaines d’hommes et de femmes, essentiellement néerlandais, sont gratuitement lotis jusqu’à l’arrêt de la politique d’immigration en 1717. Des Européens issus de Suisse, des pays scandinaves et des Etats de langue allemande se joignent aux Hollandais. De plus, des Français, protestants fuyant la révocation de l’édit de Nantes et la suprématie catholique, s’installent également au Cap à la fin du XVIIème siècle. Cette communauté de colons, éloignée géographiquement et culturellement du berceau européen, constitue sa propre identité sous le signe d’une religion commune, le protestantisme, et d’une langue fédératrice, l’afrikaans, dérivée du néerlandais.

Les Afrikaners développent alors, tout au long du XVIIIème siècle, leur emprise qui dépasse les limites du Cap. Les « Trek-boers » ou paysans itinérants, souvent marqués par la pauvreté, s’approprient les terres situées au nord et à l’est du Cap. La Bible et le fusil symbolisent le caractère rude et rustique des colons, révélateur de l’évolution politique du pays. L’expansion des Afrikaners se fait dans la violence. Ils massacrent les populations africaines et s’accaparent leurs terres. « Païens contre Chrétiens », cette situation n’est pas isolée en Afrique. Mais, en Afrique du Sud, les Afrikaners s’imposent très vite comme un « peuple élu ». Légalement, les colons ne peuvent réduire en esclavage la main d’œuvre soumise par la force. Ils amènent des esclaves d’autres régions africaines, notamment d’Afrique de l’Est et de Madagascar.

A la fin du XVIIIème siècle, l’impact de la Révolution française ne bouleverse pas que l’échiquier européen. Les armées révolutionnaires françaises parviennent à conquérir les Pays-Bas. Après occupation britannique en 1795, la colonie du Cap est finalement conquise par la Grande-Bretagne en 1806. En 1807, la traite est interdite. En 1833, l’esclavage est officiellement aboli. Parallèlement à ces deux lois significatives, des milliers de colons britanniques s’établissent dans la colonie du Cap. Des conflits d’intérêts ne tardent pas à émerger. Face à une main d’œuvre désormais en quête de meilleurs salaires, les fermiers des districts ruraux subissent lourdement les conséquences de l’abolition. A partir de 1834, des milliers d’Afrikaners quittent la colonie du Cap, sous domination britannique, pour des terres libres mais éloignées dans l’intérieur méconnu africain. C’est le « Grand Trek » (migration en afrikaans). Les colons blancs s’opposent brutalement aux chefferies africaines en place.

Deux états indépendants, l’Etat libre d’Orange et la république du Transvaal, émergent de cet exode. L’avancée des Afrikaners traduit la course aux territoires des Européens en Afrique. Le continent noir devient, au XIXème siècle, un enjeu majeur que se disputent principalement les puissances britannique, française, allemande et portugaise. L’Afrique australe est d’ailleurs un formidable théâtre des rivalités internationales. Cependant, la Grande-Bretagne cherche avant tout à trouver un équilibre entre les revendications des Afrikaners restés au Cap et la mise en place de la mainmise britannique. En effet, la mise en valeur des terres est assurée depuis deux siècles par les fermiers afrikaners. La Couronne entre alors dans une politique de compromis caractérisée par des mesures destinées à enrayer la mobilité de la main d’œuvre. Un laissez-passer ou « pass » n’autorise un Africain à circuler que s’il détient un document mentionnant le nom de son employeur.

Fruit du double pouvoir afrikaner et britannique, le terme « Coloured » désigne, dès le XIXème siècle, un Africain, Métis ou descendant d’esclave. La vocation du « Coloured » se résume à sa fonction d’ouvrier agricole, puis de mineur. En 1867, un événement considérable bouleverse l’Afrique australe. Un gisement de diamants est découvert à Kimberley, dans le Griqualand Ouest.

Des milliers de prospecteurs affluent dans cette riche zone, rapidement annexée par les Britanniques et creusent le « Big Hole » ou Grand Trou, le plus profond du monde. Mais sous la pression de la multinationale du diamant, la compagnie De Beers et des associations de prospecteurs blancs, les mineurs africains se voient dénier tout droit de propriété sur la mine. En 1885, ils sont astreints à résidence, durant la durée de leur contrat de travail, dans des complexes fermés, directement reliés à la mine. En 1887, le plus riche filon aurifère du monde est découvert à Johannesburg, dans le Transvaal. Cette soudaine mise en valeur des richesses souterraines accentue les tensions existantes entre le pouvoir britannique et les représentants afrikaners. Dans un contexte d’exacerbation des visées impérialistes, le conflit est inévitable. La guerre anglo-boer oppose, de 1899 à 1902, la Couronne britannique aux états afrikaners. Victorieuse, la Grande-Bretagne annexe l’Etat libre d’Orange et la république sud-africaine du Transvaal. Les puissances coloniales, qui possèdent 11% du territoire africain en 1875, en contrôlent plus de 90% en 1902.

La victoire britannique entraine la création, en 1910, de l’Union sud-africaine. Elle rassemble les colonies du Cap et du Natal, l’Etat libre d’Orange et le Transvaal. Son souverain demeure le roi d’Angleterre mais son administration est autonome. Cependant, la condition fondamentale de l’entente entre Anglais et Afrikaners reste la mise à l’écart systématique des Africains, pourtant majoritaires. La question épineuse du droit de vote se solde par un droit de vote accordé aux Africains, uniquement dans la province du Cap, sous des conditions drastiques : par le Cens, dépôt d’une certaine somme d’argent, les Africains « gagnent » le droit de vote. En 1913, le « Natives Land Act », la loi sur les terres indigènes, instaure des « terres indigènes », environ 7% du territoire, destinées à la majorité africaine. La loi interdit aux Blancs d’acheter des terres dans ces réserves. D’un autre côté, les Noirs ne peuvent ni acheter ni louer des terres dans les zones réservées aux Blancs. On assiste à la mise en place d’une ségrégation institutionnalisée au cœur de l’Union sud-africaine.

A l’image des Etats-Unis, la ségrégation instaurée dans la jeune Union sud-africaine dessine les contours de l’évolution du pays. Cependant, le durcissement de la politique discriminatoire raciale atteint son paroxysme en Afrique du Sud dans la seconde moitié du XXème siècle.

2)L’Afrique du Sud : laboratoire de l’Apartheid

Expropriation, exploitation, discrimination : la jeune Union sud-africaine porte les stigmates de la colonisation. Si les Historiens s’accordent généralement pour situer les racines du mal dans la période coloniale, la responsabilité des Afrikaners dans la naissance de l’Apartheid reste controversée.

Dès la fondation de l’Union sud-africaine, les élus politiques sont tous afrikaners, ultranationalistes et racistes : Louis Botha (de 1910 à 1919), Jan Smuts (de 1919 à 1924), James Hertzog (de 1924 à 1938), puis à nouveau Jan Smuts (de 1938 à 1948). L’arrivée au pouvoir des Afrikaners n’est pas une surprise. Dans les faits, seuls les Blancs peuvent voter (les Noirs de la province du Cap peuvent voter jusqu’en 1936). L’électorat afrikaner, le plus fort, tient à conserver et même à renforcer ses intérêts. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’accession au pouvoir du parti « purifié » de Daniel Malan marque un véritable tournant. La physionomie de l’Afrique du Sud moderne sera irrémédiablement bouleversée. Plus qu’un programme politique, l’« Apartheid » réunit les électeurs blancs extrémistes autour du parti national symbolisé par un homme fort, Daniel Malan. Dans les années 50, des mesures emblématiques scellent l’intégration de l’Apartheid dans le système étatique. Contrôle et répression s’affirment peu à peu comme les mots d’ordre du régime.

En 1950, le « Population Registration Act » ou loi d’enregistrement de la population définit les différents groupes raciaux, selon des critères biologiques. Désormais, le système de réglementation et de répression de l’Apartheid régit le quotidien. En 1949, les mariages interraciaux sont interdits. En 1950, les personnes de races différentes ne peuvent avoir de relations sexuelles. La même année, selon « l’Immorality Act » (loi sur l’immoralité), les relations sexuelles entre groupes raciaux constituent un crime plus grave que les relations adultères entre personnes d’un même groupe racial. De plus, la loi permet aux policiers de pénétrer dans les maisons des particuliers sur simple présomption.

Mais la loi-phare du régime reste le « Reservation Of Separate Amenities Act » de 1953. La loi sur la séparation des équipements s’inscrit durablement dans la vie quotidienne sud-africaine. A l’origine de cette loi fondamentale, un arrêt de la Cour Suprême a jugé la séparation illégale si les aménagements destinés distinctement aux Blancs et aux Noirs n’étaient pas égaux. Le texte prévoit alors des installations équivalentes mais séparées dans les lieux publics. Jardins publics, hôtels, restaurants, piscines, bancs, ascenseurs, bureaux de poste, cimetières etc...deviennent officiellement séparés, les Blancs d’un côté, les Noirs et Coloureds de l’autre. En 1960, les plages sont également divisées.

La dérive totalitaire du régime s’inscrit également dans le contexte de la guerre froide. La politique répressive vise à supprimer le communisme et toute activité d’opposition, incitant « à l’agitation ou au désordre », en Afrique du Sud. Des réunions sont interdites. Des « suspects » sont assignés à résidence. La loi sur le terrorisme de 1967 autorise les officiers de police, de rang au moins égal à celui de lieutenant-colonel, à détenir et à interroger toute personne suspecte. Le pouvoir utilise fréquemment des mesures d’urgence qui multiplient les détentions arbitraires et la pratique avérée de la torture.

A la suite de l’apartheid rural, suit inexorablement l’apartheid urbain. A chacun son « township » (cité-dortoir en anglais), selon sa race. Dès les premières décennies du XXème siècle, les Noirs sont repoussés par la force de la loi ou celle des coups dans des petites agglomérations, à l’écart des villes. Ils sont d’abord expulsés, souvent par bulldozers avec l’aide de la police, avant d’être relogés dans des « townships ». L’exemple le plus tristement célèbre est Soweto, dans la banlieue de Johannesburg. Au centre de Johannesburg, le quartier de Sophiatown est d’abord connu pour ses musiciens et ses gangsters.

En 1950, conformément au système législatif en vigueur, Sophiatown est rasé. Ses habitants sont amenés, en camions, à une trentaine de kilomètres de Johannesburg. Ainsi, naît l’immense Soweto (South West Townships). Des petites maisons préfabriquées, à perte de vue, sont soigneusement alignées, tristes, austères et désespérément pauvres. Seul lien avec le poumon urbain : une ligne de chemin de fer et des taxis collectifs afin de permettre aux habitants de travailler en ville. Comble de la discrimination, à la place de Sophiatown, le nouveau quartier de Triomf rassemble des Blancs défavorisés. Cependant, ils reçoivent des aides et des avantages de la part du pouvoir. Le chômage touche particulièrement les Africains, surtout les Bantou. Dans les années 1950, les Noirs sont de plus en plus refoulés vers des régions rurales spécifiques, les « homelands » (patrie en anglais) ou « bantoustans ». Ces dix réserves indigènes sont créées pour les Noirs qui ne trouvent pas de travail dans les villes.

Johannes Strijdom succède à Daniel Malan en 1954. Mais la répression atteint son paroxysme sous l’ordre établi par Hendrik Verwoerd. De 1958 à 1966, la terreur règne sous l’impulsion du nouveau premier ministre. Massacres et procès à répétition caractérisent la période la plus sombre de l’Afrique du Sud. En 1960, à Sharpeville, des dizaines de manifestants sont tués par les forces de l’ordre. Les organisations africaines, dont l’African National Congress (ANC) né en 1912, sont dissolues. De grands procès condamnent les leaders de l’opposition. Nelson Mandela, figure emblématique de « l’Umkhonto We Sizwe » (fer de lance de la nation en Xhosa), est arrêté et emprisonné en 1962. Il est condamné à la prison à vie.

Hendrik Verwoerd assassiné, John Vorster devient premier ministre en 1966. Il présente l’Afrique du Sud contre le rempart le plus solide du monde libre contre le communisme en Afrique. Mais les valeurs démocratiques ne sont pas respectées dans un pays déchiré de plus en plus par la violence. Des émeutes tristement célèbres se déroulent à Soweto en 1976. Le bilan s’élève à près de 600 morts et des centaines d’arrestations, sans compter les nombreuses disparitions suspectes à ce jour non élucidées (par exemple la disparition de l’opposant Steve Biko). Après un scandale, John Vorster démissionne. Pieter Botha le remplace en 1978. Après les émeutes de Soweto, le monde entier découvre avec horreur les crimes de l’Apartheid. Les sanctions décrétées par les Nations Unies isolent progressivement l’Afrique du Sud sur la scène internationale. La domination de la minorité blanche suscite une opposition de plus en plus vive des groupes noirs, métis et indiens exclus du pouvoir. L’avenir parait incertain pour le pays de l’Apartheid.

3)Un pays meurtri, tourné vers l’avenir

Malgré l’embargo économique, l’Afrique du Sud dispose de moyens, notamment énergétiques, relativement suffisants pour une survie en autarcie. Mais la révolte se radicalise dans les années 1980. En quête de compromis, Pieter Botha fait approuver, en 1983, par un électorat exclusivement blanc et par référendum, une réforme de la constitution qui permet d’associer les Indiens et les Métis au pouvoir. Mais les violences persistent dans les townships. De septembre 1984 à mars 1985, on dénombre plus de 200 morts. En 1986, l’état d’urgence est proclamé dans tout le pays. Le régime poursuit une politique de répression féroce caractérisée par l’assassinat ciblé de leaders ou simples sympathisants de l’opposition.

De plus, les principaux dirigeants, comme Nelson Mandela, sont emprisonnés. Cependant, la crise économique et l’image désastreuse du pays dans le monde amenèrent progressivement à de timides concessions du régime. La fin de la guerre froide favorise ce climat de négociations. Un puissant syndicat de travailleurs noirs, la COSATU, organisent de grandes grèves. Dès 1985, des discussions secrètes sont menées par Nelson Mandela et Oliver Tambo, président de l’ANC en exil en Zambie. Monseigneur Desmond Tutu, secrétaire général anglican du Conseil des Eglises d’Afrique du Sud, reçoit à la même époque un symbole emblématique aux yeux du monde : le prix Nobel de la Paix. Après un important bouleversement constitutionnel, Pieter Botha devient le premier président de la République sud-africaine en 1984. La réforme instaure un parlement tricaméral, avec des chambres séparées pour les Blancs, les Indiens et les Coloureds. Pieter Botha déclare alors le concept d’apartheid dépassé. Il reconnaît la pleine citoyenneté des Noirs et autorise leur présence dans les villes. De plus, le Président supprime l’obligation des passeports pour les Africains et semble accepter l’idée d’une évolution vers un pouvoir partagé par les différents groupes raciaux du pays. En 1989, Pieter Botha est victime d’une attaque cérébrale.

Frederik De Klerk, présenté comme le « faucon » du Parti national arrive au pouvoir. Prudemment, il engage le pays vers la voie des réformes. Les Sud-Africains ont désormais cinq ans pour sortir d’un régime vieux de quarante ans. L’Apartheid est condamné, à terme, à disparaître. Premier geste fort, l’ANC, le Parti communiste et l’United Democratic Front (le front anti-apartheid) sont légalisés. Par la célèbre déclaration de Harare, l’ANC proclame ses conditions pour négocier avec le pouvoir : la levée de l’état d’urgence, la libération des prisonniers politiques, la suspension de la peine de mort et la légalisation des organisations dissoutes.

Le 11 février 1990, Nelson Mandela, le plus célèbre prisonnier politique de la planète, est libéré après vingt-huit ans de détention. La liesse populaire est retransmise en direct par les caméras du monde entier. Le leader charismatique rencontre alors Frederik De Klerk pour définir le processus politique en vue d’une sortie pacifique de l’Apartheid. Les négociations sont approuvées, le 17 mars 1992, par 68% de l’électorat blanc. Dans un climat de confiance mutuelle, une Constitution intérimaire est adoptée par le Parlement le 18 novembre 1993. Elle reste en vigueur jusqu’aux première élections libres et multiraciales du pays, le 27 avril 1994. L’ANC remporte une large majorité (63%) et Nelson Mandela est porté à la présidence. Après avoir prêté serment le 10 mai 1994, Nelson Mandela devient le premier président noir du pays. La constitution définitive est finalement adoptée en décembre 1996.

Frederik De Klerk et Nelson Mandela, les deux artisans de la réconciliation nationale, reçoivent le prix Nobel de la Paix. Les deux hommes, l’un en abrogeant les lois d’Apartheid, l’autre en préservant l’unité du pays, ont permis à l’Afrique du Sud de sortir de l’Apartheid.

Si, sur le plan politique, le pays est sorti de l’Apartheid, les traces du régime demeurent vivaces, notamment dans la vie quotidienne. Les panneaux « Blancs uniquement », des bars et restaurants, ont cédé la place au politiquement correct « droit d’admission réservé ». Le nouveau régime doit désormais satisfaire les aspirations de la nation sud-africaine dans son ensemble, en majorité noire, tout en respectant la sensibilité d’une population blanche qui fut longtemps dominante. Deux vice-présidents, l’ancien président Frederik De Klerk et Thabo M’Beki, aident Nelson Mandela à accomplir cette lourde tâche. La cohabitation s’avère difficile entre des groupes que l’Apartheid a longtemps opposés. La Commission « Vérité et Réconciliation » (Truth and Reconciliation Commission), présidée par l’archevêque Desmond Tutu, est chargée de gérer cette situation délicate. Entre 1996 et 1997, la commission auditionne des victimes et leurs bourreaux, accompagnés des forces de l’ordre, des Eglises et des média. Ils souhaitent ainsi faire la lumière sur les crimes de l’Apartheid.

Nelson Mandela, héros de la lutte des Noirs contre l’Apartheid, sut se rendre populaire aux yeux des Blancs grâce à un discours consensuel et une personnalité hors du commun. En 1994, il clôt son discours face à la nouvelle nation sud-africaine, symboliquement, par des mots en afrikaans : « Wat is verby, verby » qui signifie « ce qui est passé, est passé ». Il parvient ainsi à fédérer le peuple sud-africain autour de leur équipe de rugby. Les Springboks remportent en 1995 la Coupe du monde organisée par l’Afrique du Sud. Le pays retrouve sa place sur la scène internationale, notamment au niveau sportif, artistique et surtout économique. Juste mais bienveillant, le père de la nation fait figure d’icône chez les siens. En 1999, il laisse sa place à son dauphin, Thabo M’Beki. Après la fin de l’apartheid, les profondes disparités socio-économiques, aggravées par les ravages de l’épidémie du SIDA, ravivent des plaies qui peinent à cicatriser. Mais le miracle sud-africain peut enfin se réaliser.


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