Congrès du Mans du PG : nous sommes en progression et en plein développement

mardi 26 novembre 2019.
 

19 novembre 2010

Que de chemin déjà parcouru en deux ans d’existence pour le Parti de Gauche… Cela m’étonne moi-même. Jusque là, quand je constatais les difficultés internes qui naissent de notre construction j’avais souvent tendance à reprendre la plaisanterie : « Quand je me regarde, je m’inquiète. Mais quand je me compare, je me rassure ». Et bien, je dois dire que lors de ce Congrès au Mans, ce ne fut pas le cas, et quand je nous ai regardé, je me suis rassuré. Bravo donc à tous les 700 congressistes du PG, représentant 7000 adhérents à jour de cotisations, notre week-end fut une belle réussite collective politique (et organisationnelle). Oh certes, des petits soucis il y en eu, et j’en ai moi-même fait les frais vendredi soir, avec ma camarade Danielle Simonnet, lors d’une séance que je présidais, et où nous avons inutilement perdu du temps pour recompter des votes et organiser notre débat. Il s’agissait ce soir là de nos statuts, et notamment le débat sensible sur le cumul des mandats pour les élus. Mais, après tout, tout cela est bien la preuve qu’au PG il n’y a aucun monolithisme. Ici, on discute, on se confronte, on vote… et on se rassemble.

Pour le reste, tous les observateurs l’ont constaté : nous sommes en progression et en plein développement. C’est l’essentiel. Nous avons pris toute notre place dans la bataille pour la défense de la retraite à 60 ans qui hélas s’achève. Beaucoup de nouveaux adhérents nous ont découvert dans cette bagarre. C’est dire combien des camarades qui étaient à ce congrès étaient nouveaux et peu expérimentés. Après tout, tant mieux. A tous ceux qui me liraient et qui hésitent encore, je leur dis, rejoignez nous, c’est maintenant et ici que cela se passe.

Je ne résumerai pas les trois jours de débats. Tâche harassante, impossible. Ils furent trop riches et trop divers. Je préciserai juste que nous avions une très belle délégation d’invités internationaux composée d’une trentaine de personnes représentant 20 pays différents. (Bravo notamment à Christophe Ventura et Raquel Garrido ou encore à Céline Méneces pour le travail international, et voir plus bas la photo de Jean-Luc Mélenchon et Raquel avec nos amis les députés argentins Ariel Basteiro et Vilma Ibarra). Et que toutes les formations (et je remercie particulièrement pour sa présence, mon ami Ian Brossat pour le PCF) de la gauche française avaient envoyé une délégation significative. Oui, toutes. Je ne suis pas dupe, ce n’aurait pas été le cas si nous n’avions pas occupé une place centrale dans la vie politique à gauche aujourd’hui. A quoi je dois ajouter la présence de 57 journalistes ayant demandé une accréditation pour assister à notre congrès. A quoi il faut ajouter une quinzaine de personnalités du monde associatif ou syndical (Bernard Cassen, Louis Weber, Raymond Chevreau..) qui sont intervenues durant nos travaux. Oui, oui, c’est à la lumière de tout cela que je dis bien que le PG occupe une place centrale. Sans nous, c’est-à-dire le courant politique que nous représentons avec nos amis du Front de Gauche, il n’y aura aucune victoire possible de la gauche en 2012. Que ceux qui nous ont insulté de façon infecte ravalent donc au plus vite leurs injures et leurs crachats, et les mâchent doucement… et qu’ils se rassurent à notre sujet, nous avons de la mémoire. A bon entendeur…

Un beau congrès donc. J’invite chacun à aller sur le site du Parti de gauche pour y retrouver de façon exhaustive le déroulement, minute après minute. Ils y verront une force laïque, sociale, républicaine, écologiste et féministe. A ce dernier sujet, nous avons désigné deux coprésidents Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard. Je crois que cela est inédit. Pour ma part, dans le débat, je suis intervenu à propos du Front national. Dans une telle période de tumultes et de crises, il faut prendre la mesure de la situation. Avec ses 13 à 14 % d ‘intentions de votes à 18 mois de l’élection de 2012, le Fn fait peser sur la vie politique une réelle menace. Il peut faire éclater la droite et être demain au cœur d’une nouvelle recomposition de la droite, prête à tout pour empêcher une victoire de la gauche, surtout si c’est le Front de gauche qui en est la composante la plus forte et la plus dynamique. Vous souriez ? Vous avez tort. Ne soyez pas dupes. L’histoire nous enseigne que pour défendre ses intérêts, une partie de la bourgeoisie (et donc de la droite) est prête à tout pour défendre ses privilèges. Dans ce contexte de crise, il y a donc une course de vitesse engagée. Mais, attention, pas de fausse analyse non plus. Tout d’abord, lors des dernières élections régionales, le Fn en obtenant 2,2 millions de voix et 11,6 % est en recul par rapport à 2004 où il avait obtenu 3,3 millions des voix et 14,7 %. Il n’y a donc une progression irrésistible de l’extrême droite qui devrait modifier notre stratégie du Front de Gauche et nous amener tous à nous ranger derrière « un seul vote utile pour stopper l’extrême droite ». Non. Au contraire, tout ce bla-bla sans contenu politique et social ne profitera qu’à l’extrême droite. Car, nous devons d’abord et avant tout nous adresser au peuple de gauche et particulièrement à tous ceux qui s’abstiennent. Ils sont une composante essentielle de la gauche populaire. Et là, je reviens à mon analyse sur le Fn. Non, il n’est pas une force populaire, « premier vote ouvrier » ou je ne sais trop quelles bêtises j’ai pu lire ici ou là. Gare à l’erreur d’analyse. Quelques chiffres, ils sont importants pour comprendre. En 2002, lors de l’élection présidentielle (et un des pics électoraux du Fn) il avait obtenu 18 % du vote des ouvriers, mais ces derniers avaient voté pour 29 % à gauche et pour 31 % s’étaient abstenus ! Si l’on observe la structure du vote Fn, on constate que 22 % des commerçants et 26 % des professions libérales avaient aussi voté Fn. Sociologiquement, c’est là que se situe le cœur de ce vote. Si j’ai fait cette courte démonstration, c’est pour montrer que le Fn n’est pas le principal émetteur du vote populaire, c’est même tout l’inverse, il n’en représente qu’une fraction très minoritaire, qui d’ailleurs a longtemps voté à droite, puis s’est radicalisée. Il n’est donc pas vrai, je dis de manière générale car il existe toujours des trajectoires individuelles, que le score Fn est celui d’un électorat populaire qui avant votait à gauche puis désormais vote pour l’extrême droite. Il n’est pas vrai que pour reconquérir l’électorat populaire, il faut lui parler de sécurité et d’immigration du soir au matin et du matin au soir. Non, il faut d’abord et avant tout lui parler de social, d’emploi, d’une autre répartition des richesses…

C’est pourquoi nous pensons que le qualificatif de « populiste » est erroné pour désigner l’extrême droite. Un mot ayant pour racine le mot « peuple », sonnant comme « populaire » ne doit pas être utilisé pour qualifier les ennemis de la République. Le Fn c’est d’abord et avant tout des petits boutiquiers, commerçants et notables. Il n’y a qu’à regarder la catégorie socioprofessionnelle des candidats présentés par le Fn. Ce qualificatif de « populiste » est dangereux car il est utilisé comme une injure sitôt que vous entendez représenter le peuple dans sa majorité la plus modeste. On vous répond alors : « Les catégories populaires ? Mais elles sont racistes, conservatrices, elles votent Fn ! Donc, ce que vous défendez est suspect, vous faites du Le Pen… » Etc. Ce raisonnement absurde fut appliqué contre nous en 2005 lors du débat contre le TCE. Il se fait entendre à nouveau contre nous. Je répète : un mot ayant pour racine le mot « peuple », sonnant comme « populaire » ne doit pas être utilisé pour qualifier l’extrême droite. C’est un contre-sens. Voilà pourquoi, par bravade, Jean-Luc Mélenchon répond à cette insulte en disant qu’elle ne nous touche pas, car elle vise d’abord à injurier grossièrement les nôtres. Est-ce clair ? Et je souligne pour ceux qui en auraient besoin : personne au PG ou dans le FdG ne veut mener campagne sur le thème du « Populisme ». De même, quelles que soient nos critiques contre certains, peu scrupuleux, , nous sommes des défenseurs irréductibles de la liberté de la presse . Entendu ?

Alors, précisément, la conclusion de Jean-Luc Mélenchon de dimanche (retransmise en direct sur les chaines TV LCI et LCP durant une heure et trente minutes) fut l’occasion de quelques mises au point sur les polémiques, bien petites finalement de ces dernières semaines. Il faisait suite aux interventions au nom de la Gauche Unitaire de Christian Piquet (pour lui : "A l’arrivée, il n’y aura qu’une seule candidature nous rassemblant"), puis pour la FASE de Clémentine Autain (qui a déclaré : « Jean-Luc peut être candidat, il en a la volonté et la capacité. Je n’aurai pas d’états d’âme, et même de l’enthousiasme, à faire sa campagne ! » ) et enfin de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, toujours précis dans son propos, assurant : "Tout dans la situation actuelle nous invite à poursuivre ensemble, le chemin entrepris". C’est donc net et franc. Tous ont affirmé une claire volonté d’avancer, d’élargir le Front de Gauche et de se présenter ensemble lors des prochains rendez-vous électoraux. Bien sûr, il reste encore une question importante à régler. Je ne la sous-estime pas. Malgré son enthousiasme communicatif, Jean-Luc n’est pas encore officiellement notre candidat commun à l’élection présidentielle de 2012. Mais, j’observe aussi que personne n’a annoncé que sa candidature était un obstacle à notre union. Ce n’est pas un détail. Contrairement à ce qui fut écrit par certains, la candidature potentielle de Jean-Luc Mélenchon ne divise pas le Front de gauche. Il faut d’ailleurs vivre dans un drôle de monde pour voir les choses ainsi. Non. J’affirme même que cette candidature le rassemblerait. Ce fut limpide dimanche. Que l’on se rassure, je ne joue pas le faux naïf. Tout reste encore ouvert entre nous, j’ai compris. Je ne suis arrogant avec personne. De toutes façons, il faudra constuire un collectif pour la campagne, autour du candidat. Voilà où nous en sommes à ce jour. Peut être pourrait-il y en avoir une autre ou un autre. Pourquoi pas ? Finalement, nous le déciderons tous ensemble. Comment ? Par l’intelligence collective. Les seuls critères qui doivent nous guider sont ceux de l’efficacité. Il faudra un ou une candidat(e), disposant d’une expérience de campagne électorale et d’une notoriété antérieure significative, capable de mener une campagne de dimension nationale, de nous représenter tous. Le rassemblement que nous voulons ne peut se faire autour d’une seule formation, présentant le plus de candidat aux élections cantonales, législatives et donc…présidentielles. Faire cela reviendrait à dire que le Front de gauche n’est qu’un grand Parti et ses satellites. C’est du déjà vu. Ce serait la mort électorale assurée. Ouvrons donc les yeux et ne nous laissons pas abuser par les vieilles habitudes. Ne perdons pas de temps pour prendre une décision. D’autres forces vont se mettre en mouvement ; La politique est aussi un art d’exécution. Un mauvais calendrier peut nous coûter cher. Mon point de vue est connu : je pense que Jean-Luc Mélenchon est le plus capable d’incarner ce grand rassemblement. Je soutiens sa candidature. Qui en sera étonné ? Je suis prêt à être convaincu par d’autres solutions, mais pas trop tard.

Pour juger, soyons concrêt. Observons le réel. Ceux qui s’interrogent sur quel type de campagne le candidat-Mélenchon pourrait mener, auront un début (certes très très parcellaire) en écoutant son discours de conclusion du Congrès. On peut (re)voir en cliquant ici . Il fut une fresque émouvante de la période politique que nous traversons et il traça les pistes que nous proposons au peuple de France pour écrire une nouvelle page de notre histoire. J’insiste, allez écouter ce discours si vous ne l’avez pas encore fait. Il ouvre une page nouvelle dans l’histoire du PG et du Front de Gauche. L’année 2010 s’achève. 2011 sera l’année de la grande course pour la présidentielle de 2012. Ne ratons pas cette échéance, elle est majeure. Il n’y aura pas de grandes luttes sociales arrachant des victoires si aucune représentation politique à vocation majoritaire ne se construit pour battre la droite. Pour exister, pour être entendu par ceux qui s’abstiennent, qui doutent, qui enragent, cette force doit parler fort et parler vrai. La terre politique va trembler, elle tremble déjà, la crise sociale, nationale, politique, institutionnelle est là… nous y sommes. Qui peut prévoir l’effet des annonces de « l’affaire Karachi » ? Sous les coups de boutoirs de mobilisations sociales et rongée par sa crise interne, le pouvoir UMP peut imploser et s’effondrer. Nous sommes prêt à prendre nos responsabilités. Nous voulons être utile à la gauche et à la République. Aucun grand changement ne s’opérera dans la morne somnolence auquel on reconnaît certains repus qui profitent du système. « Je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas… » a prévenu Jean-Luc en conclusion de son émouvant discours.

J’aime la phrase. Elle fait écho à une autre. « La vie est une fable racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien » faisait dire William Shakespeare à son personnage principal à la fin de MacBeth. Homme de gauche, je ne partage pas ce lugubre pessimisme. La vie peut et doit être pleine de calme et de douceur. Cela dépend de nous, de nous tous. Le Congrès du PG apporte sa contribution à la longue recherche de cet idéal. En cela, il est une réussite. Mais, le chemin est encore long et bien difficile.

Oui, le PG veut incarner le bruit et la fureur de ceux qui sont révoltés par la violence de notre société. Nous voulons autre chose comme vie qu’une fable racontée par des idiots qui ne s’indignent plus des injustices de notre temps. Nous voulons bâtir ce nouveau monde de calme et de douceur, œuvre collective de femmes et d’hommes éclairés et égaux..


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