En 1945, les Etats Unis ont protégé et accueilli des milliers de bourreaux nazis

lundi 6 décembre 2010.
 

Le rapport secret sur les visas de la honte

Un document officiel publié par le New York Times confirme l’accueil de bourreaux nazis par l’administration américaine dans les années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale.

U n document officiel du ministère de la Justice des États-Unis, publié par le New York Times, vient de confirmer « la collaboration du gouvernement avec les bourreaux » nazis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans un long rapport de 600  pages.

Ce texte établi après deux années de recherche par un « bureau d’enquêtes spéciales » (OSI) était maintenu au secret depuis quatre ans. C’est à la suite de la menace d’un procès pour entrave à la loi sur l’accès aux archives classées que le New York Times a pu en obtenir une version entière.

« Un asile pour les persécuteurs »

Des milliers de tortionnaires nazis, certaines sources parlent de 10 000, ont trouvé un refuge complaisant aux États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que rien n’était ignoré de leur passé. « L’Amérique qui était fière d’être un asile sûr pour les persécutés, souligne le rapport, est devenue aussi dans une faible mesure un asile sûr pour les persécuteurs. »

Parmi la foule des noms cités, on trouve Otto von Bolschwing, proche d’Adolf Eichmann, qui coopéra à la loi sur la « solution finale » et l’accompagna à Auschwitz. Il fut accueilli en 1954 par la CIA, qui s’efforcera de forger des documents lui permettant de nier son passé, au cas où il viendrait à être découvert.

Un autre, Arthur L. Rudolph, qui dirigeait l’usine de fabrication de missiles de Dora, qui bombardaient la Grande-Bretagne, y faisait travailler jusqu’à la mort de véritables esclaves. Il a été recruté par la Nasa pour travailler sur les fusées américaines. Il est considéré comme le père de la fusée Saturne V qui permit la conquête de la Lune. Il fut honoré de la plus haute distinction de la Nasa. Quand son passé refit surface, il eut pour défenseur Patrick Buchanan, célèbre ultraconservateur (toujours sur la brèche), ex-conseiller des présidents Nixon, Ford et Reagan, qui avait pris parti pour son droit de rester aux États-Unis en raison des services rendus.

John Demjanjuk sur la liste des bourreaux

« Ivan le Terrible », qui acquit ce surnom pour services rendus à Treblinka, Sodibor et autres camps d’extermination, John Demjanjuk, figure aussi sur la liste des bourreaux qui reçurent de l’aide des services secrets américains, cités dans les documents.

Autre confirmation de l’horreur enfin, celle de l’achat par le gouvernement suisse de l’or récupéré par les nazis sur leurs victimes, dont les preuves sont restées secrètes.

Le document, selon ses auteurs, est loin d’être exhaustif sur ces visas de la honte. Il témoigne de l’hypocrisie qui marque la politique d’États (les États-Unis ne furent par les seuls à pratiquer cette récupération) qui se voulaient des modèles de moralité aux yeux d’un monde dont ils revendiquaient le leadership.

(1) Lire aux éditions sociales 
les Gens de la CIA et Qu’est-ce que 
la CIA (années soixante), 
d’Alain Guérin, ancien journaliste 
à l’Humanité.

Jacques Coubard


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