Face au durcissement de la droite, on ne gagnera pas avec un opposant en papier mâché comme Strauss-Kahn (éditorial PG)

lundi 6 décembre 2010.
 

A croire la majorité des commentateurs, le remaniement serait un non événement car il n’aurait guère modifié la composition du gouvernement. Mais c’est justement parce qu’il n’a rien changé que ce remaniement est un événement. Après plusieurs mois de mobilisation contre la réforme des retraites, présentée comme emblématique des premiers gouvernements Fillon, Sarkozy a choisi d’envoyer un message clair : je ne bougerai pas.

Ce stupéfiant passage en force est confirmé par l’entrée au gouvernement des porte-flingues les plus violents de l’UMP. Il ne faut pas y voir seulement le goût du président de la République pour la castagne. Ce durcissement prépare politiquement l’austérité réclamée par les marchés financiers, l’Union Européenne et le FMI. Face à de tels maîtres, Sarkozy n’a aucune marge pour une inflexion sociale qui lui permettrait de se présenter à la prochaine présidentielle dans un rapport apaisé au pays. La ligne d’affrontement du peuple et sa radicalisation permanente apparaît même comme la seule manière dont il dispose de maintenir vaille que vaille l’unité de son camp. Il met ainsi en scène une sorte de quitte ou double permanent : « Soit on réussit à leur prendre tout soit pour nous ce sera à l’inverse la nuit du 4 août ». Le leader de la droite pratique une fuite en avant dangereuse. Son isolement dans l’opinion a déjà fait ressurgir des lignes de fracture à droite. Le feuilleton du remaniement a montré à quel point elle était morcelée Certains prennent peur. Ils prennent alors des airs plus ceci ou plus cela en espérant échapper à la sanction populaire. En ce qui concerne le contenu concret de la guerre de classes menée par le pouvoir, ils ne se trompent jamais de camp. N’est-ce pas avec les voix décisives de ces centristes dont on nous rebat les oreilles que la réforme des retraites a été adoptée au Sénat ?

En procédant ainsi le pouvoir contribue à radicaliser politiquement la société. A droite bien sûr, mais à gauche aussi. Dès lors ils finiront par l’avoir cette nuit du 4 août de glorieuse mémoire ! S’il veut se défendre efficacement, le peuple est en effet contraint de hausser la mise. Un affrontement de cette violence ne se gagne pas avec des sabres en carton. Par exemple avec un opposant en papier mâché comme Strauss-Kahn. Il faut l’entendre sur les ondes expliquer que le FMI mène une politique de gauche, suggérer grossièrement que c’est lui qui influence Sarkozy et non l’inverse, puis se réjouir qu’en Grèce le gouvernement ait gagné les élections, peu importe qu’il soit de gauche ou de droite car ce qui compte c’est qu’il avait le programme du FMI. Il est non seulement désarmant de voir un candidat potentiel à la présidentielle expliquer que c’est une politique de gauche qui est le moteur de la gouvernance mondiale. Mais il est aussi frappant de voir l’attention qu’il accorde à un aussi petit pays que la Grèce, qui ne pèse pour rien dans les déséquilibres économiques mondiaux. Sur les marchés financiers, aux Etats-Unis, en Chine, dans l’éclatement de la zone euro se jouent les prochains épisodes de la crise mondiale. Là aucun changement en vue. Les Etats-Unis aggravent leurs déficits. L’échec du G20 est éclatant. La finance continue sa course folle sans que le Parlement européen parvienne seulement à adopter une règlementation sur les hedge funds. Ce qui préoccupe DSK c’est qu’au final les peuples acceptent de payer l’ardoise. Tout le système tient en fait à un fil, l’acceptation de sacrifices par le grand nombre. Ce fil bien ténu finira par lâcher.


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