Le féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques (congrès 7 articles)

mercredi 12 janvier 2011.
 

1) Introduction

2) Où en est le féminisme dans le monde ?

3) Ouverture du congrès par Martine Storti

4) Quarante ans de mutations géopolitiques

5) Femmes du Maghreb  : résister aux différentes versions des codes de la famille

6) Europe  : des mesures régressives

7) Appel

1) Le féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques...

...C’était l’intitulé du Congrès international féministe qui s’est tenu au Palais de la Femme à Paris les 3,4 et 5 décembre dernier. Soutenu par la mairie de Paris, en la personne de Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris chargée de l’égalité femme/homme, le congrès a été préparé par une assemblée collégiale qui nous a été présentée par Martine Storti lors de l’ouverture du congrès.

Faisant suite à une série de manifestations ayant cette année pour but de commémorer les 40 ans du mouvement de lutte des femmes, ce congrès a rassemblé - tant à la tribune que dans la salle - un nombre important de celles qui ont construit la réflexion et les luttes féministes ces 40 dernières années, et de celles qui imagineront celles à venir - du moins nous l’espérons. En tous cas, il y avait beaucoup de jeunes femmes dans le public.

A la tribune, se sont succédées les deux premiers jours plus de 20 femmes issues de différents pays du globe. Sociologues, historiennes, philosophes, anthropologue, économiste, géographe ou responsables associatives, toutes ces intellectuelles nous ont posé des questions cruciales sur les conditions de vie privée et sociale ou professionnelle qui sont faites aux femmes aujourd’hui ici et là-bas, et sur l’état d’avancement de l’émancipation des femmes dans le monde, de la marchandisation de leurs corps...

Fatima Lalem, Martine Storti, Françoise Picq, Barbara Loyer, Sana Ben Ashour, Sophie Bessis, Helena Hirata, Léna Lavinas, Rose-Myrlie Joseph, Michèle Ferrand, Janice Raymond, Sheela Saravanan, Paula Banerjee, Jules Falquet, Malka Marcovich, Monique Dental, Mama Koite Doumbia, Ioanna Cirtocea, Monqiue Sélim, Chala Chafiq, Liliane Kandel et Wassyla Tamzali ont donc pris la parole sur tous ces sujets. Le dimanche matin, Genéviève Fraisse était chargée de conclure en donnant son point de vue de philosophe sur les interventions et d’ouvrir un débat sur "Qu’est-ce qu’une politique féministe aujourd’hui ?"

Source : http://femmesenmouvement.over-blog.com/

2) Où en est le féminisme dans le monde ?

Rappel des faits Le congrès international féministe s’est tenu les 3, 4 et 5 décembre 2010, à Paris.

Un congrès au sens de lieu d’expression, de réflexion, de débat, où tous les continents étaient représentés, où la parole de sociologues, philosophes et autres expertes se mêlait à celle de militantes – et quelques militants – associatives pour interroger « le féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques ».

Le congrès clôturait le quarantième anniversaire du Mouvement des femmes. Une célébration qui, tout au long de l’année, s’est penchée sur le passé, le présent et le futur, à travers une multitude d’initiatives aussi bien culturelles que politiques. Un foisonnement non pour ressasser et énumérer les sempiternelles inégalités subies par les femmes, mais pour dépasser le constat et se « poser les bonnes questions afin de trouver les bonnes stratégies », selon l’expression de Chahla Chafiq, sociologue. D’autant que, selon la sociologue Françoise Picq, les féministes ont « peu pensé les mouvements géopolitiques des années 1980-1990 », peu mesuré « les conséquences du libéralisme » qui avait triomphé sur « le socialisme réel ». Des changements économiques, sociaux, sociétaux, des déplacements idéologiques ont « façonné un « monde mondial » conjuguant paradoxalement uniformisation et quêtes identitaires, ou « usant de la différence des cultures comme d’une arme contre l’universalisme », souligne Martine Storti, professeure de philosophie.

D’ici et d’ailleurs, les congressistes ont tenté de définir le projet féministe et les perspectives d’actions qui en découlent pour envisager le mouvement des femmes  : « Doit-il entrer dans une nouvelle phase de radicalité, doit-il devenir une alternative politique à l’instar de l’écologie politique, doit-il rester une composante du mouvement social  ? » Questions incessantes posées par les participantes, sans trancher définitivement les réponses.

Depuis combien de temps n’y a-t-il pas eu un tel événement  ? Dix, vingt ans  ? Cela fait en tout cas bien longtemps que le mouvement féministe ne s’était retrouvé, dans toute sa diversité, pour confronter les divers points de vue en son sein. 
Il y a bien longtemps que la génération de la « deuxième vague » et celle d’aujourd’hui n’avaient autant confondu leurs voix. Les clivages qui pouvaient exister au congrès transcendaient les âges. « Nous sommes suffisamment nombreuses pour pouvoir être en désaccord. Nous n’avons plus besoin d’être représentées par des héroïnes », note la philosophe Geneviève Fraisse.

Mina Kaci

Source : http://humanite.fr/10_12_2010-o%C3%...

3) Ouverture du congrès par Martine Storti

Son récent livre "Je suis une femme, pourquoi pas vous ?", reprend les articles qu’elle a publié dans le journal Libération entre 1974 et 1979. Il retrace différents moments des luttes des femmes de cette époque pas si lointaine, et nous rappelle - ou nous apprend pour les plus jeunes - l’historique des grands combats contre le patriarcat à l’oeuvre à tous les niveaux de la vie sociale et privée. La maitrise de la fécondité (contraception, avortement), la lutte contre le viol (malheureusement toujours d’actualité), la reconnaissance et la "déstigmatisation" de l’homosexualité, les droits au travail et l’émancipation conjugale et familiale... tous ces problèmes étaient pris à bras le corps par des jeunes femmes rebelles, pleine d’inventivité et de combativité dans un monde ou le masculin ne laissait que la portion congrue au féminin - et ne manquait pas de contrecarrer ou de railler ses tentatives d’émancipation.. Il ressort de ce très intéressant ouvrage de Martine Storti que les féministes d’alors - pour une grande partie issues de la mouvance de l’extrême gauche, étaient très politisées et assez radicales dans une lutte contre le patriarcat qui n’aurait dû cesser qu’une fois la victoire obtenue... Les jeunes féministes d’aujourd’hui, nombreuses à ce congrès, semblent plus pragmatiques. Bénéficiant des acquis (tousjours susceptibles d’être remis en question) de leurs aînées, elles théorisent peut-être moins, se confrontant aussi à des réalités très différentes sur le terrain...

Au début des années 70, malgré le premier choc pétrolier, on vivait encore dans l’effervescence intellectuelle et politique créée par mai 68, un marché du travail encore assez fluide et une relative confiance devant l’avenir. Cet élan a connu un second souffle au début des années 80 avec l’élection de la gauche au pouvoir qui, pour beaucoup, signifiait l’entrée dans une ère de changements sociaux bénéfiques aux femmes et aux plus démunis. Il a fallu déchanter assez vite, et constater comment l’intégration et l’émancipation de la nouvelle classe de prolétaires des banlieues de grandes villes n’avaient pas été pensées, à peine accompagnées pour ne pas dire oubliées. Et quand le chômage a touché les masses, la "paix sociale" a été achetée à vil prix, nous ne finissons pas d’en payer les conséquences. Certaines banlieues ont pris des airs de lieux de relégation, peu accessibles, ignorées ou oubliées des pouvoirs publics. Avec leurs habitats dégradés et leurs services publics de moins en moins performants, le quotidien de leurs habitants était de moins en moins en accord avec les valeurs de la république qui n’y respectait plus son contrat social. De trop nombreuses injustices à répétition ont engendré de la misère, de la haine, des replis communautaristes et aussi parfois des intégrismes religieux que les femmes ont dû subir faute d’avoir eu les moyens de les endiguer... Qui s’est sérieusement soucié d’alphabétiser et d’émanciper les femmes (et parfois leurs enfants) arrivés lors du regroupement familial et dans les années suivantes ? Avec quels outils ont-elles dû faire face à la vie dans les grands ensembles, à l’éducation et à la scolarisation de leurs enfants, elles qui pour la plupart n’avaient jamais - ou bien peu - été à l’école et ne connaissaient souvent pas la langue française... Qui a fait respecter leur droit à la liberté, à l’égalité et à la fraternité ? Trop nombreuses à subir la violence physique ou psychologique des hommes - pères, maris, fils ou même employeur - elles furent bien rares à pouvoir l’exprimer ou à obtenir réparation devant la justice de la république laïque dans laquelle elles vivaient. N’ayant pas toujours conscience ou connaissance de leurs droits, elles n’avaient pas les moyens de les faire appliquer. Et les réponses n’étaient pas toujours appropriées à leur situation. La longue chaîne de la soumission s’est répercutée dans la génération suivante qui a intégré ou subi une domination masculine conquérante. L’énorme travail accompli dans les quartiers ces trente dernières années par les associations leur a sans doute permis de ne pas se désintégrer complètement malgré des taux de chômage exorbitants et une paupérisation grandissante. Après la marche des Beurs, l’association "Ni putes ni soumises" a pris la défense et l’émancipation des femmes à bras le corps dans les quartiers, avec des moyens toujours insuffisants. D’autres associations ont vu le jour, les Femmes relais y sont aussi très actives, mais leurs efforts continuent à se heurter au fléau du chômage qui handicape les familles et leur barre gravement les chemins de l’avenir. Mais cet accompagnement des plus démunis et des plus fragiles est sans cesse remis en cause par la politique actuelle de diminution des subventions aux associations - quand ce n’est pas leur suppression pure et simple. Pourtant leur présence et leur travail de terrain seront indispensables tant que l’Etat ne saura garantir à tous ses citoyens et à leurs enfants filles & garçons une égalité des chances devant l’éducation et l’emploi, une fraternité active et une liberté sans condition... Le chantier y est immense pour améliorer l’égalité femme/homme et relancer l’émancipation féminine. Mais aujourd’hui c’est dans toute la société française qu’il faudrait relancer le débat sur l’émancipation des femmes tant la publicité et les médias continuent à véhiculer des stéréotypes sexistes.

4) Quarante ans de mutations géopolitiques

Par Barbara Loyer, directrice de l’institut français 
de géopolitique de l’Université Paris-VIII

La question de l’égalité des femmes fait maintenant partie des débats au sujet de la nature des gouvernements et des formes du pouvoir. Pour brosser une image des quarante ans de mutations géopolitiques, j’ai choisi trois thèmes, des événements qui sont aussi trois lieux, et trois époques.

1) L’apparition d’un foyer d’influence géopolitique majeur  : le « golfe Arabo-Persique islamiste. L’augmentation brusque des prix du pétrole, en décembre 1973, a donné à la dynastie saoudienne le pouvoir de diffuser sa doctrine religieuse ultraorthodoxe dans le monde entier. À cela s’est ajoutée la puissance idéologique de la révolution réactionnaire iranienne, victorieuse en 1979, qui a donné à l’islamisme la légitimité d’un mouvement populaire, ce qui a contribué à son expansion au-delà des frontières de l’Iran. Ces régimes religieux très riches sont divisés par des rivalités si fortes qu’on peut se demander dans quelle mesure la fonction attribuée à la femme dans la représentation de l’islam n’a pas pour objectif de créer l’image illusoire d’une unité sacrée, à défaut d’être politique. Elle fait apparaître l’Umma sur les écrans télévisuels de la communication de masse, là où il y a de meurtrières tensions géopolitiques. La fonction centrale accordée au statut de la femme dans l’ordre musulman permet également de sacraliser des relations de pouvoirs internes à ces sociétés.

2) La dislocation de l’URSS, dans les années 1980, que j’associe à la croissance des revendications démocratiques et à l’émergence de sociétés civiles, malgré des crises terriblement meurtrières concomitantes à cette évolution. Le combat des femmes, au plan mondial, est étroitement lié au développement des canaux d’expression démocratiques durant ces vingt dernières années, même s’il reste beaucoup de pays où la liberté est encore à conquérir. Le terme «  démocratie  » n’est pas un synonyme du mot «  progrès  ». Il signifie que, dès lors qu’il y a débats, rivalités et alliances géopolitiques, les analyses des situations dans lesquelles se trouvent les féministes de chaque pays doivent prendre en compte des pratiques du pouvoir plus complexes que lorsque la population vit dans l’isolement de la peur dictatoriale ou de l’illettrisme. On voit notamment apparaître de plus en plus de femmes en situation de pouvoir, ce qui situe les débats féministes moins entre femmes et hommes qu’entre différentes conceptions de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes.

3) L’émergence d’un monde multipolaire et un changement des rapports de forces au sein des institutions internationales, notamment l’ONU. Ces institutions sont le lieu de production de représentations géopolitiques planétaires, qui visent à détourner les débats des responsables politiques vers des ensembles abstraits dont on fait des acteurs  : les civilisations qui devraient faire alliance, les non-alignés qui se rebelleraient, l’Umma qui défendrait une part de l’humanité, etc. Les vrais acteurs sont les gouvernements des États qui agissent en fonction d’intérêts et de projets concrets. Pour mener les combats féministes, il faut donc à la fois prendre en compte leur insertion dans des rapports de pouvoirs sur des territoires concrets et comprendre les stratégies mises en œuvre dans les forums internationaux.

On ne parlait pas de géopolitique dans les années 1970. Son usage traduit le sentiment d’une complexité grandissante et d’une menace face à des évolutions difficiles à prévoir. Les combats des années 1970, dans le contexte économique des Trente Glorieuses, étaient pleins d’espoir. Les perspectives du XXIe siècle sont plus sombres, du fait de la crise économique et des conflits meurtriers dans le monde. Mais l’enjeu démocratique ouvre aussi des perspectives passionnantes pour les combats des femmes.

Barbara Loyer

5) Femmes du Maghreb  : résister aux différentes versions des codes de la famille

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6) Europe  : des mesures régressives

Par Monique Dental, Animatrice du Réseau Féministe « Ruptures »

Même si les politiques publiques de la Communauté européenne ont parfois oscillé, dans la première période de son développement, entre égalité et égalisation, elles ont permis néanmoins de réelles avancées pour les femmes. C’est à partir de 1997 que les nouvelles orientations de l’Union européenne ont fait place à des mesures régressives. Elles se concentrent en particulier dans quatre domaines.

La déqualification de la notion d’égalité  : l’égalité entre les hommes et les femmes qui faisait partie des valeurs fondatrices de l’Union européenne devient seulement un objectif à atteindre  ; elle ne fait donc plus partie des critères d’adhésion pour les nouveaux pays entrants dans l’élargissement. Face aux situations très diverses des femmes vivant en Europe, il fallait faire sauter le verrou de l’égalité entre les hommes et les femmes pour ne pas compromettre les négociations aboutissant à l’élargissement aux pays candidats.

L’article 13 du traité d’Amsterdam  : l’accent est mis désormais sur la lutte contre toutes les discriminations au détriment de l’égalité entre les hommes et les femmes traitée de façon identique à toutes les autres discriminations. Il se traduit aussi par l’émergence du thème de la « diversité », que la Communauté européenne impose comme thème dominant du débat public. Dans les faits, le thème de la diversité relègue le « thème de l’égalité » au second plan.

La domination politique des religions dans les traités européens  : en donnant aux Églises et aux associations religieuses un statut qui les reconnaît comme interlocutrices régulières, on institutionnalise l’ingérence des Églises dans les affaires publiques. C’est le principe de laïcité qui est exclu du cadre juridique européen dans un contexte où, partout dans le monde, la montée des intégrismes religieux, tous misogynes, correspond à une menace croissante contre les droits acquis pour les femmes.

La tentative de légitimation de la prostitution comme un « travail »  : la distinction entre « prostitution libre » et « prostitution forcée », introduite dès 1995 pour justifier les mesures prises contre le « trafic des femmes » et non la « prostitution » en tant que telle, permettra à l’Allemagne et aux Pays-Bas de faire reconnaître la prostitution comme « un travail ». En éliminant les instruments juridiques qui rendent illégale l’exploitation du corps des femmes, celui-ci devient une marchandise au même titre que n’importe quelle autre marchandise. Cette position revient à nier l’existence d’un système prostitutionnel. C’est une remise en cause de la position abolitionniste adoptée par la France à l’occasion de la convention de 1949.

Les femmes en Europe subissent donc les conséquences directes de ces politiques qui remettent en cause leurs droits et les fragilisent en les rabaissant à une position d’objet et non de sujet, situation d’autant plus aggravée par un statut juridique des femmes très inégal dans les 27 pays de l’Union. Si nous avons un rôle à jouer sur l’avenir de la construction européenne, pour nous, sa finalité ne doit être ni monétaire, ni économique, mais sociale. C’est pourquoi la place qui sera faite aux femmes et à leurs droits déterminera l’avenir de l’Europe.

Monique Dental

7) Appel

Les 3. 4. 5. DÉCEMBRE prochains aura lieu un congrès international féministe dont le thème sera « Le féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques

PALAIS DE LA FEMME

94, RUE DE CHARONNE, PARIS, 11E

M° CHARONNE, FAIDHERBE CHALIGNY, LEDRU-ROLLIN

« Dans la décennie soixante-dix du vingtième siècle, les mouvements féministes dits “de la deuxième vague”, bousculèrent un univers patriarcal qui assignait les femmes à résidence, assignation des corps et des esprits.

Par centaines de milliers, ici et là-bas, ici et ailleurs, donc partout, des femmes courageuses, insolentes, imaginatives, mettaient à nu de multiples territoires d’oppression, démontaient les mille et un visages de la domination masculine, défaisaient les outils d’analyse censés dire le réel en oubliant “le deuxième sexe”, inventaient de nouveaux espaces d’égalité et de liberté, redécouvraient – héritières ignorantes de leur héritage – une histoire qui ne leur avait pas été transmise, une longue histoire d’émancipation et même de libération, une interminable histoire de victoires et de défaites, d’avancées et de reculs. 40 ans plus tard, le monde n’est plus le même.

Des mutations géopolitiques, des changements économiques, sociaux, sociétaux, des déplacements idéologiques ont façonné un “monde mondial” qui conjugue paradoxalement uniformisation et quêtes identitaires, ou qui use de la différence des cultures comme d’une arme contre l’universalisme.

Sur cette scène mondiale, comment ne pas constater que les femmes sont au coeur de questions de société et même de conflits géopolitiques ? Leur “cause” – oui, reprenons cette belle expression de la “cause des femmes”, notre cause – alors qu’elle a été et est de plus en plus reconnue, est aussi instrumentalisée pour servir d’argument à toutes sortes de politiques. Dominer les femmes, ou les protéger, ou les libérer… en parlant à leur place, en leur nom.

Ce congrès – un congrès, c’est-à-dire un lieu d’expressions, de réflexions, de débats, peut-être aussi de différences, voire de divergences – se propose d’envisager quelques-uns des problèmes politiques et sociaux du monde tel qu’il est devenu à partir de la question des femmes et avec leurs analyses : que veut dire à l’heure de la mondialisation “égalité des sexes” et “liberté des femmes” ? Quelle traduction de mots d’ordre anciens – exemple : “notre corps nous appartient” – dans une division internationale et sexuée du travail, travail de production et de reproduction ? Que sont devenues nos conquêtes entre marchandisation triomphante et retour du religieux ? A quoi servent les institutions, nationales et internationales, chargées des politiques d’égalité ? A l’heure du post – post communisme, post colonialisme, post modernisme – qu’est-ce qu’une politique féministe ?

Autant de questions qui seront abordées lors de ce congrès à plusieurs voix, voix du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest, réunies durant presque trois jours dans un dépassement des positionnements géographiques. »


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