30 décembre 1920 2010 90ème anniversaire du PCF (Laurent, Bouchez, Karman, Quiniou, Lazar)

jeudi 30 décembre 2010.
 

1) 2010 : Le PCF en chiffres

2) Vers un nouveau siècle d’émancipation (par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF)

3) Acteur majeur de la vie politique française au XXe siècle, le Parti communiste fête ses 90 ans YANN BOUCHEZ

4) Et si le Parti Communiste n’était pas né, il y a 90 ans à Tours ? par Jean Jacques Karman

5) 90 ans après la naissance du PCF au Congrès de Tours, les communistes ont-ils besoin d’un parti ? ( Yvon Quiniou)

6) Entretien avec Marc LAZAR, historien spécialiste des gauches européennes

7) PCF Une histoire mouvementée

1) 2010 : Le PCF en chiffres

Nombre d’adhérents : 134 000

Nombre de parlementaires : 37 dont 14 députés PCF et apparentés, 21 sénateurs communistes et apparentés, 2 eurodéputés

Nombre de conseillers généraux : 232

Nombre de conseillers régionaux : 94

Nombre de maires : 753 dont 87 de villes de plus de 9000 habitants

2) Vers un nouveau siècle d’émancipation (par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF)

« Il y a 90 ans, pratiquement jour pour jour, dans la nuit du 29 au 30 décembre 1920, les 370 délégués du Congrès socialiste de Tours enregistrèrent 3252 mandats sur 4671 favorables à l’adhésion à l’Internationale Communiste créée l’année précédente. Ils décidèrent, ce jour là, de faire entrer dans l’histoire ce qui allait devenir le Parti Communiste Français.

Quatre vingt dix ans plus tard, et ce n’est pas rien, tant furent grands les tourments du XXe siècle, l’histoire du PCF, continue. Elle continue, parce qu’en entrant dans le XXIe siècle, autant dire dans un autre monde, elle se met au défi de recommencer d’une autre manière.

Parler de l’histoire du Parti Communiste, c’est parler de générations de militants dont les engagements, les motivations n’ont cessé de se renouveler.

L’espoir suscité par la Révolution d’octobre 1917 a cristallisé la genèse du Parti Communiste. Mais la naissance du PCF n’a jamais été une greffe. Ses racines sont multiples et profondes dans l’histoire nationale. Le choix de Tours s’est voulu le prolongement du cri de Jaurès qui avait alerté contre la boucherie de 1914 – 1918 dans laquelle les puissances européennes et les puissances d’argent entrainèrent les peuples d’Europe. Qui peut sérieusement comprendre la place occupée par le PCF dans l’histoire de notre pays, et la persistance de son implantation nationale, après les crimes staliniens, la glaciation soviétique et la chute du mur de Berlin, hors de ses racines entremêlées ?

C’est pour continuer à démêler les fils de cette histoire multiple, avec lucidité mais sans complexe, que nous resterons des combattants de la mémoire, fiers de l’apport de notre parti à son peuple et à son pays, conscient des crimes qui l’on entaché et entravent, jusqu’à nos jours, le renouveau de notre combat émancipateur.

Tout cela me convainc, nous convainc, nous, communistes, que ce qui ouvre la voie aux changements, à des transformations progressistes de la société, à des dépassements et des ruptures avec les logiques capitalistes, ce sera, et pour longtemps, des processus de rassemblement, de coopération, de convergences, partielles ou totales, des forces de changement dans la diversité réelle qui les anime en ce début de XXIe siècle. Oui nous croyons aux rassemblements populaires, à la construction de fronts de luttes et de riposte, à la Co-élaboration de projets politiques de changement.

C’est donc un Parti Communiste Français en plein renouvellement, en pleine confiance, déterminé et combatif, qui aborde la prochaine décennie. »

Extraits de l’intervention de Pierre LAURENT

3) Acteur majeur de la vie politique française au XXe siècle, le Parti communiste fête ses 90 ans

YANN BOUCHEZ

La section française de l’Internationale communiste (SFIC) - l’appelation PCF apparait en 1943 - est née le 30 décembre 1920, à l’issue du Congrès de Tours. Une époque où l’on ne connaissait pas encore les congés payés. Un anniversaire décalé en forme de « clin d’oeil », selon l’historien et ancien membre de la direction du parti Roger Martelli, qui souligne le changement d’époque.

« L’histoire du PCF est aussi un pan de l’histoire politique et sociale de notre pays, observe Olivier Dartigolles, le porte-parole du parti. Nous sommes associés au Front populaire, à la Résistance, aux luttes contre le colonialisme, etc. » Pour autant, il ne veut pas que l’anniversaire soit simplement l’occasion de « regarder dans le rétroviseur ». « On ne le vit pas sur un aspect mémoriel. »

Si certains échanges, ce week-end, seront tournés vers l’avenir, à l’image de ce débat intitulé « 

Quelle visée communiste pour le XXIe siècle ? », on parlera surtout des figures du parti - Maurice Thorez, Charles Tillon, etc. - ou des périodes marquantes. « Aux yeux de beaucoup, le PCF, c’est le XXe siècle, c’est une organisation tournée vers le passé », observe l’historien Dominique Andolfatto, spécialiste du commu nisme.

Après avoir connu son apogée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le PCF a, de fait, vu ses résultats électoraux décliner inéluctablement. Aux législatives d’octobre 1946, le parti de Maurice Thorez recueillait 28 % des voix, avant de se stabiliser autour de 20 % jusqu’à la fin des années 1970. Depuis, alors que la chute du mur de Berlin a symbolisé l’effondrement du modèle soviétique, les résultats aux différentes élections présidentielles ont marqué une érosion continue, jusqu’aux faméliques 1,9 % de Marie-George Buffet en 2007.

À ceux qui annoncent la mort du PCF, les élus communistes avancent « l’actualité des idées » qu’ils défendent. Jean-Claude Sandrier, député du Cher, évoque ainsi « le combat contre les inégalités sociales et la dictature des marchés financiers ». « Il y a une ambition, un espoir de transformer la réalité sociale qui restent d’actualité », renchérit Gilles Poux, maire de La Courneuve (Seine-Saint- Denis). Le parti s’appuie toujours sur un réseau d’élus locaux, avec 800 maires environ. Mais le contexte de crise économique n’a pas provoqué de sursaut dans les urnes. « Le PCF n’a pas réussi à "rencontrer" les nouvelles catégories de travailleurs, les nouveaux immigrés, analyse Dominique Andolfatto. Or sa réussite, il la devait à sa "rencontre" avec le monde ouvrier - souvent des populations déracinées - des années 1920 aux années 1960. »

« Le PCF reste malgré tout l’organisation la plus dense à gauche du PS, mais c’est une organisation affaiblie », complète Roger Martelli, avec un nombre d’adhérents passé de 560 000 à la fin des années 1970 à 130 000 aujourd’hui. Le PCF, qui n’est plus un parti de masse, devrait s’ouvrir pour faire passer ses idées, estiment certains élus. « Il a besoin de sortir de ses frilosités par rapport à sa vie interne, explique Gilles Poux. Il ne faut pas avoir peur de travailler au rassemblement de façon dynamique. Dans nos pratiques, nous restons trop marqués par une histoire et des réflexes de repli parfois identitaires. Cela peut être un frein à l’image que l’on donne. »

L’alliance du Front de gauche, avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, témoigne de cette volonté de changement. Mais elle « signifie aussi - pour certains - renoncer à une certaine identité communiste, la fondre dans une sorte de néogauchisme, ce que les "orthodoxes" du parti, notamment, rejettent », décrypte Dominique Andolfatto. À 90 ans, les interrogations sur l’avenir de la formation restent entières.

4) Et si le Parti Communiste n’était pas né, il y a 90 ans à Tours ? par Jean Jacques Karman

Et si au cours de la 6ème journée du 18ème congrès du Parti Socialiste, la Section Française de l’Internationale Ouvrière, le jeudi 30 décembre 1920, la résolution (rédigée par Fernand Loriot et Boris Souvarine) présentée par le Comité de la 3ème Internationale et par la fraction Cachin-Frossard, n’avait pas été votée par 3208 mandats sur les 4334 mandats au congrès, le Parti Communiste de France, Section Française de l’Internationale Communiste ne serait pas né.

L’histoire de notre pays, la situation du peuple de France, sa culture sociale et politique, son avenir ne seraient pas du tout identique à ce qu’ils sont actuellement.

Il suffit d’évoquer l’action des communistes pour un syndicalisme révolutionnaire dans les années 20, pour la satisfaction des revendications ouvrières en 1936, 1945, 1950, 1968, 1995… La lutte contre les guerres coloniales du Maroc, du Viet Nam, d’Algérie… La résistance glorieuse au fascisme, au nazisme, à l’extrême droite… La gestion démocratique de nombreuses villes et villages pour le logement social, les colonies de vacances, l’éducation, la culture… pour comprendre l’importance de l’existence du PCF.

L’esprit révolutionnaire de 1789, 1830, 1848 et de 1871 n’aurait pas été maintenu. La perspective d’un autre régime que le capitalisme serait complètement bouchée. En restant dans le Parti Socialiste nous serions aujourd’hui dans un parti qui a abandonné toutes perspectives socialistes.

Heureusement que l’idée communiste a triomphé à Tours le 30 décembre 1920. Cet acquis pour le peuple de France n’est pas définitif, il faut le défendre car les forces révisionnistes et réformistes ont été présentes tout au long de notre histoire et le sont encore aujourd’hui. Ils peuvent mettre en cause l’existence du Parti Communiste si nous les laissons faire.

L’existence du Parti Communiste est liée à celle du capitalisme et non au rapport des forces du moment. Par exemple, le rapport des forces en 1940 était loin d’être en faveur du Parti Communiste, qui ne comptait plus qu’un millier de militants actifs. 5 ans plus tard, vainqueur en 1945 avec 28,8 % aux élections la preuve est que l’important c’est l’existence du Parti Communiste. Les 1,9% de Marie-George Buffet en 2007 étaient liés à une ligne politique réformiste, le retour à une ligne réellement communiste du PCF clouera le bec à tous ses détracteurs de droite ou de gauche.

90 ans après, vive le Parti Communiste de France de luttes de classes !

Jean Jacques Karman

Membre du Comité National du PCF

Gauche Communiste du PCF

5) 90 ans après la naissance du PCF au Congrès de Tours, les communistes ont-ils besoin d’un parti ? ( Yvon Quiniou)

Au congrès de Tours, en décembre 1920, naissait le parti qui allait prendre le nom de PCF. L’ouverture d’une parenthèse politique qui peine à se refermer après l’écroulement du système soviétique, comme certains l’affirment ? Ou le lancement d’une lutte politique à laquelle l’évolution du monde ne cesse de donner son sens ? dans ce cas, quelle forme doit-elle prendre aujourd’hui ?

Après l’écroulement du système soviétique beaucoup se sont interrogés sur la nécessité d’un parti continuant de se référer au communisme puisque l’histoire prétendait-on, en aurait démontré définitivement l’inanité. Et ne vaudrait-il pas mieux, ajoutaient certains, qu’il se dissolve dans un mouvement plus large se contentant d’aménager le capitalisme à la manière de la social-démocratie triomphant en Europe ?

Le problème est que ce propos repose sur un contresens dont auront été victimes aussi bien les partisans que les adversaires du système soviétique. Ils y ont vu une incarnation du communisme, alors qu’il s’agissait de sa caricature : une société issue du sous-développement et contredisant à beaucoup d’égards cette démocratie intégrale qui définissait le communisme selon Marx. Celui-ci n’est donc pas mort avec la chute du mur de Berlin puisqu’il n’a existé nulle part, et il reste à inventer dans nos sociétés développées qui en accumulent aujourd’hui les présupposés objectifs (la richesse matérielle), en respectant la liberté politique hérité de 1789.

Mais, tout autant, ce scepticisme engageait un diagnostic sur la viabilité et les bienfait d’un capitalisme réformé que sa crise récente a invalidé. Car il s’agit d’une crise systémique, qui ne cesse de s’approfondir et fait le malheur des peuples à un degré qu’on n’aurait jamais imaginé au siècle dernier : paupérisation absolue de pans entiers de la population, non seulement en Europe mais dans les ex-pays de l’Est (sans qu’ils aient beaucoup gagné sur le plan de la démocratie) ; poids insoutenable de la finance internationale contraignant les Etats à renoncer, qui avait obtenus par la lutte de classes syndicale et politique, et avaient imposé au capital un compromis substantiels avec le monde du travail, etc. Or tout cela non seulement se développe sans le consentement des peuples mais encouragé par la social-démocratie européenne, qui renonce à son identité originelle et s’enfonce dans un projet social-libéral qui tend à n’en faire qu’un appendice de la droite.

C’est bien pourquoi, face à ce désastre global, nous avons besoin de maintenir haut et fort, mais avec intelligence aussi, l’exigence communiste d’une société largement différente, entièrement consacrée au service de l’humain. Mais cela ne se fera pas tout seul, à partir du mouvement social abandonné à sa spontanéité, comme si l’idéologie dominante n’existait pas, menaçant de biaiser la conscience des injustice sociale et du coup, la formulation des enjeu et des objectifs de la lutte proprement politique pour y mettre fin.

Il y faut un parti communiste, qu’il faut certes démocratiser et ouvrir au maximum sur l’extérieur, mais un parti, à savoir une organisation dotée d’une théorie révolutionnaire, capable de faire des propositions nourries de connaissances économiques et sociologiques pointues et ayant pour fonction d’éclairer le chemin de la lutte anticapitaliste dans tous les domaines. Ne cédons pas à la mode qui critique la « forme parti » : ce serait fuir notre responsabilité, nous mettre à la remorque de l’opinion et risquer de voir se diluer l’exigence communiste elle-même. La politique a besoin de ces médiations que sont les partis, c’est encore plus vrai pour un parti qui lutte contre l’ordre dominant : refuser la nécessité de cette médiation, c’est contribuer au discrédit de la politique elle-même alors que nous, communiste, entendons lui redonner toute sa place.

(1) Auteur de « l’Ambition morale de la politique. Changer l’homme ? » Edition l’Harmattan. Il vient de rédiger des « Thèses pour un communisme futur à partir du moment présent » que l’on trouvera sur le site La Faute à Diderot (lafauteadiderot.net)

6) Entretien avec Marc LAZAR, historien spécialiste des gauches européennes

A l’occasion du XVIIIe congrès de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), du 25 au 30 décembre 1920, à Tours, une majorité de congressistes votent pour sa transformation en Section française de l’Internationale communiste. La révolution russe s’est déroulée trois ans avant. Né le 29 décembre 1920, le Parti communiste français (PCF) célèbre son quatre-vingt dixième anniversaire en 2010. Il n’est plus, aujourd’hui, que l’ombre du grand parti politique qu’il fut au lendemain de la Libération (28,6 % aux élections législatives d’octobre 1946) mais "une forme de culture communiste dégradée perdure", comme l’explique l’historien Marc Lazar, spécialiste des gauches européennes.

Il y a quatre-vingt dix ans naissait le Parti communiste français à Tours. Qu’a apporté le PCF à la société française ?

Marc Lazar : Incontestablement, il est à l’origine ou l’inspirateur d’une série de conquête sociales. C’est l’apport essentiel du Parti communiste. Cette appréciation, toutefois, doit être nuancée par deux éléments.

Le premier est que cela n’était pas son but initial, ce n’était pas son objectif. Sa vocation, si l’on peut dire, était de faire la révolution. Mais à cause de son insertion dans la société politique, avec ses élus, il a, au fil du temps, changé son fusil d’épaule.

Le second élément de nuance est qu’il n’a pas été le seul à contribuer aux transformations sociales. En quelque sorte, pour reprendre une formule devenue célèbre, il n’a pas le monopole du coeur. D’autres forces politiques que le PCF s’y sont attelées avec succès.

La domination que le PCF a exercé sur la gauche française, des années 1930 à la fin des années 1970, a-t-elle été une chance ou un handicap ?

M.L. ::La première constatation est, d’abord, que cela a été une réalité. C’est vrai que Parti communiste a exercé un magistère intellectuel et politique pendant plusieurs décennies.

Cette donnée a contribué à la radicalisation de la gauche française. Cette forme de domination a rendu la gauche, dans toutes ses composantes, totalement hostile à l’économie de marché et elle a déligitimé le réformisme.

Par voie de conséquence, la gauche française a du mal, maintenant, à analyser les mutations du capitalisme. La gauche non-communiste a le réformisme honteux en raison de la détestation de celui-ci que le PCF a su faire naître et entretenir.

Enfin, ce magistère a empêché la gauche de dresser un bilan politique et historique du communisme au pouvoir ou dans l’opposition. Ce magistère s’exerce encore aujourd’hui.

Comment expliquer son effondrement en moins de vingt ans ?

M.L. :La première raison – qui a une part de vérité – est l’habileté politique de François Mitterrand. Dès 1971 [dix ans avant sa victoire à l’élection présidentielle], il a opéré un renversement tactique : il a placé l’alliance électorale des socialistes avec les communistes avant leur controntation idéologique. Il était ainsi en mesure de répondre, électoralement parlant, aux aspirations de nouvelles catégories sociales.

La deuxième raison est l’écroulement de ce monde industriel et ouvrier sur lequel s’appuyait et s’incarnait le Parti communiste. En un rien de temps, une partie de l’insdustrie lourde – les mines, la sidérurgie entre autres – a été rayé de la carte.

La troisième raison, ce sont les erreurs de la direction à partir des années 1970. Celle-ci s’est obstinément refusée à écouter les voix de l’intérieur qui appelaient au changement. Cela s’est traduit par l’enterrement de l’eurocommunisme, l’alignement sur l’Union soviétique avec un seul objectif : sauver, avant tout, l’appareil.

Par ses choix délibérés, le groupe Marchais, au-delà même de la seule personne du secrétaire général de l’époque, a une responsabilité considérable dans cet effacement. Cela trouve une traduction lors de l’élection présidentielle de 1981 avec l’échec de Georges Marchais qui obtient moins de 15,5 % des suffrages exprimés. Le reste va suivre.

Il s’agit d’un véritable "divorce avec la société française". Le PCF est un colosse aux pieds d’argile et la rapidité de son déclin va être spéctaculaire. Aujourd’hui, le Parti communiste est marginalisé mais une forme de culture communiste dégradée perdure.

Son salut est-il du côté du Parti socialiste ou dans une alliance avec la gauche de la gauche ?

M.L.On est là au coeur du dilemne qui le terrasse littéralement. Soit il se range du côté du PS et il risque d’en mourrir, soit il s’allie avec la gauche de la gauche et il perd ce qui lui reste d’identité. Ajoutons que dans ce second cas, il mécontente tous ses élus.

De ce point de vue, le PCF est dans une impasse totale. Pour dire le vrai, ce quatre-vingt dixième anniversaire est d’une tristesse absolue.

7) PCF Une histoire mouvementée

Source : http://www.humanite.fr/29_12_2010-l...

1914. La Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) ne fait rien pour empêcher la guerre et se rallie au gouvernement d’union sacrée. La conférence des pacifistes européens à Zimmervald (1915), les mutineries dans les tranchées d’avril 1917 et la révolution bolchevique en Russie feront évoluer les socialistes.

1920. La CGT lance une grève générale au printemps, qui échoue. 19 000 cheminots sont révoqués. Du 25 au 29 décembre 1920 se tient le Congrès de Tours de la SFIO, qui signe la naissance du PCF. Une majorité décide l’adhésion au communisme.

1924. Comme les autres partis communistes, le PCF poursuit une politique dite «  classe contre classe  », qui l’isole du reste de la gauche. En 1932, le PC enregistre un net recul. Dans la même période, le PC s’engage dans les luttes anti-impérialistes (par exemple contre la guerre du Rif au Maroc en 1925-1926).

1934. Le 6 février, l’extrême droite organise une manifestation contre le Parlement. Socialistes et communistes voient là le signe d’un danger fasciste. Sous l’impulsion de son secrétaire, Maurice Thorez, le PC s’engage dans la stratégie de front populaire.

1936. Les communistes, socialistes et radicaux obtiennent 
la majorité à la Chambre. Léon Blum devient président du Conseil. Les communistes n’entrent pas au gouvernement. Un mouvement social d’ampleur permet l’adoption de mesures sociales telles que les congés payés ou la semaine de quarante heures. Le PCF participe aux Brigades internationales pour aider les républicains espagnols en lutte contre les putschistes du général Franco.

1939. À la suite du pacte de non-agression signé entre l’Allemagne et l’URSS, le PCF est mis hors la loi.

1940. Les nazis envahissent puis occupent la France. Le PC 
est une force motrice de la Résistance pour la libération du pays.

1944. Les communistes entrent – une première – dans le gouvernement provisoire du général de Gaulle. Lors des élections législatives de 1946, le PCF s’affirme comme premier parti de France, en remportant 28,6 % des suffrages, un score inégalé depuis. Les ministres communistes travaillent à la mise en œuvre du programme du Conseil national de la Résistance. Le ministre Ambroise Croizat est chargé de créer la Sécurité sociale.

1947. Les ministres sont mis hors du gouvernement du fait de l’engagement du PC contre la guerre d’Indochine, des désaccords sur la politique économique et du début de la guerre froide.

1956. Le déni face au rapport Khrouchtchev qui remet en cause le stalinisme, la non-condamnation de la répression à Budapest par les Soviétiques entraînent des départs.

1958. Les communistes sont presque seuls à refuser l’instauration de la Ve République. Recul aux législatives.

1965. Le PCF soutient François Mitterrand, candidat de l’union de la gauche, à l’élection présidentielle.

1968. Le PCF critique la répression du printemps de Prague. Lors de mai 1968, le PCF tente, en vain, de proposer un gouvernement d’union populaire. L’année suivante, son candidat Jacques Duclos obtient 21,3 % au premier tour de la présidentielle.

1972. En juin, PCF, PS et radicaux de gauche signent le programme commun et soutiennent en 1974 François Mitterrand à la présidentielle. Fin 1972, Georges Marchais prend la tête du Parti et entreprend la poursuite de sa transformation, déjà amorcée par son prédécesseur Waldeck Rochet.

1976. Le 22e congrès décide de l’abandon de la notion de «  dictature du prolétariat  ».

1978. Le PCF obtient 20,7 % aux législatives, mais est devancé, pour la première fois de l’après-guerre, par les socialistes. En 1977, l’union de la gauche remporte de nombreuses municipalités.

1981. Georges Marchais obtient 15,3 % à la présidentielle. Mitterrand est élu. Quatre communistes entrent au gouvernement, et le quittent en 1984 après le tournant de la rigueur.

1994. Robert Hue devient secrétaire et lance la mutation.

1997. À la suite des élections législatives anticipées, trois communistes entrent au gouvernement Jospin. Lors de la présidentielle de 2002, Robert Hue n’obtient que 3,37 %. Depuis 2001, Marie-George Buffet est secrétaire du PCF, jusqu’à ce que Pierre Laurent ne prenne la relève en juin de cette année.

2005. Les communistes sont déterminants dans la bataille contre le traité constitutionnel européen, refusé par 55 % des votants.

2007. La candidature de Marie-George Buffet soutenue par le PCF ne recueille que 1,93 % des voix à l’élection présidentielle.

2008. Le PCF engage la construction d’un Front de gauche avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui fait scission avec le Parti socialiste, et avec la Gauche unitaire de Christian Picquet issu du nouveau Parti anticapitaliste. Aux élections européennes de juin 2009, le Front de gauche obtient 6,45 % des voix, et 6,95 % aux régionales de mars 2010.

G. D. S.


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