La droite met la France au régime grec et irlandais

mercredi 15 décembre 2010.
 

Après les députés, les sénateurs de droite et du centre ont adopté le projet de budget pour 2011, qualifié d’« historique » par le gouvernement en raison du tour de vis sans précédent « depuis cinquante ans » imposé aux dépenses publiques. Les ménages seront les premiers frappés.

Sarkozy Fillon : Un budget 2011 d’austérité, d’asphyxie et d’injustice (par Jean-Luc Mélenchon)

Pas besoin du FMI pour imposer au pays une cure d’austérité jamais vue  : le gouvernement s’en occupe. Adopté hier par les sénateurs de droite et du centre, après leurs collègues de l’Assemblée nationale, le projet de budget de l’État pour 2011, de l’aveu de François Baroin, « marquera l’histoire de nos finances publiques ». Pour une fois, le gouvernement ne se paie pas de mots  : le projet de loi de finances (PLF) prévoit une réduction du solde budgétaire « jamais vue dans les cinquante dernières années ». Rien de moins. Soit une diminution du déficit de l’État de l’ordre de 60 milliards d’euros, c’est-à-dire de près de 40 %. Selon les prévisions du gouvernement, le déficit public (qui intègre aussi le déficit des caisses de Sécurité sociale) devrait ainsi être ramené de 7,7 % du PIB cette année, à 6 % l’an prochain. Et le traitement de choc devrait se poursuivre jusqu’en 2014, selon les prévisions du gouvernement, pour contenir le déficit à 2 % à cet horizon en vertu « des engagements européens de la France ».

À ce niveau, le choc devrait être rude dans les foyers, en particulier chez les plus modestes pour qui les prestations des services publics et les dispositifs de solidarité agissent comme des « amortisseurs » de la crise, selon la terminologie employée par le gouvernement. François Baroin ne nie pas l’ampleur du choc qui attend les Français, le ministre du Budget les appelant par avance à « un véritable changement des mentalités et des habitudes à l’égard de la dépense publique ».

Réduction de 5% dans tous les domaines

La « dépense publique »  : pour le gouvernement, voilà l’ennemie. En clair, la crise et « l’effondrement des recettes fiscales » qui l’a accompagnée ne laisseraient pas d’autre choix « responsable » que d’ajuster à la baisse le nombre de fonctionnaires et les politiques publiques. La cure d’amaigrissement des services publics, déjà soumis à rude épreuve ces dernières années, devrait se poursuivre au rythme de 32 000 postes supprimés cette année. L’objectif étant de réduire de 5 % d’un coup les dépenses de fonctionnement et d’intervention de l’État dans tous les domaines, pour une économie escomptée de 7 milliards d’euros. Les collectivités territoriales, principal investisseur public en France (73 % des investissements sont de leur fait), seront aussi mises à contribution, le gel annoncé de leurs dotations cachant une diminution des moyens, puisque l’enveloppe budgétaire ne prendra même plus en compte l’inflation. Enfin, derrière le débat sur la traque aux « niches fiscales » se cache en réalité une hausse déguisée des impôts, même si le gouvernement jure le contraire. En particulier, les jeunes mariés seront plus lourdement imposés avec la suppression de la possibilité de faire des déclarations de revenus séparées l’année du mariage. Du côté du logement social, les organismes HLM seront ponctionnés d’un montant compris entre 150 et 340 millions d’euros.

100 milliards de recettes perdues depuis 2000

Mais pas question de tenir le même discours de rigueur aux plus aisés et au patronat. Si la plus haute tranche de l’impôt sur le revenu est relevée de 40 % à 41 %, le bouclier fiscal est non seulement maintenu, mais une « niche » par excellence comme la réduction d’impôt sur la fortune (ISF) accordée pour les investissements dans les PME est à peine écornée, passant de 75 % à 50 %. Reste qu’en focalisant le débat sur la baisse soi-disant incontournable des dépenses publiques, le gouvernement évacue à peu de frais la question de sa responsabilité dans l’état des finances du pays. Pourtant, c’est le rapporteur général au Budget, l’UMP Gilles Carrez, qui l’écrit dans son rapport sur le PLF 2011 (tome I, page 9)  : « Entre 2000 et 2009, le budget général de l’État a perdu 100 milliards d’euros de recettes fiscales, deux tiers étant dus aux baisses d’impôts et un tiers aux transferts de ressources à la Sécurité sociale en guise de compensation d’allégements de charges. » En clair, c’est bien la multiplication des cadeaux aux plus riches et aux employeurs qui est coupable de creuser un trou sans fond dans le budget de l’État.

Sébastien Crépel, L’Humanité


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