L’idiot utile du sarkozysme, c’est le PS (éditorial PG)

dimanche 12 décembre 2010.
 

« Que feriez-vous au second tour si celui-ci devait opposer Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Sarkozy ? » « Je ne répondrai pas à votre question. » L’échange a lieu lundi 6 décembre sur le plateau de Mots Croisés entre le journaliste Yves Calvi et le dirigeant socialiste Michel Sapin. Ce dernier ne découvre sûrement pas cette interpellation. Elle est adressée sans relâche aux dirigeants du PS depuis de nombreuses semaines par un Jean-Luc Mélenchon qui se trouve invité sur le même plateau. Pourtant Sapin bredouille. Il proteste ne pas vouloir « être désagréable avec Jean-Luc » et déclare que tout le monde voit bien l’astuce de la question sans prendre la peine, très mollement relancé par Calvi, d’indiquer en quoi au juste celle-ci peut bien consister. Sa gêne est palpable mais il assume. Il n’appelle pas à voter pour Jean-Luc Mélenchon si celui-ci était le candidat de gauche présent au second tour.

Certes en Amérique du Sud, les partis sociaux-démocrates appellent systématiquement à voter à droite contre les candidats de l’autre gauche arrivés en tête. Et récemment la candidate des Verts au Brésil a fait de même contre Dilma Rousseff. Mais jusqu’ici le PS appelait sans hésiter à voter pour le candidat de gauche arrivé en tête. Cette stratégie dite de discipline républicaine remonte aux temps lointains où les Républicains faisaient front commun au second tour contre les monarchistes. Les propos de Sapin constituent donc un tournant brutal dans une longue histoire. Celui-ci répercute au plan de la stratégie politique les changements déjà opérés au niveau des programmes, où la ligne de clivage gauche-droite est déjà enfoncée.

Loin de susciter des désaccords, la crise, événement majeur de la période, a renforcé la convergence entre la droite et la social-démocratie. Partout les politiques d’austérité comme l’allongement de la durée de cotisation pour partir en retraite sont mises en œuvre avec le soutien concordant de la droite et des sociaux-démocrates. Les Français n’échappent pas à ce mouvement d’ensemble. Après les « oui compatibles » au traité constitutionnel européen, députés PS et UMP votent de nombreuses directives européennes en commun. Jusqu’au point où les députés PS ont voté avec l’UMP à l’Assemblée Nationale contre la proposition de loi Billard refusant toute remise en cause de la souveraineté budgétaire des Parlements après être intervenus en séance pour justifier le dispositif antidémocratique mis en place par la Commission.

Sur le terrain localo-local, cette attitude produit ses premiers effets. Après le premier tour de la municipale partielle de Noisy-le-Sec dimanche dernier, la maire PS sortante, largement distancée au premier tour, a maintenu sa liste au second tour contre l’Union Front de Gauche-Verts arrivée en tête, jusqu’à ce qu’une majorité de ses colistiers se retirent, l’obligeant à la fusion. Huchon, menacé par un recours devant le Conseil d’Etat, composé de magistrats indépendants qu’il serait bien populiste de mettre en cause, répond au Parisien sur l’éventualité de son invalidation que notamment sur le Grand Paris, le gouvernement perdrait alors un « interlocuteur coriace mais ouvert et de confiance » ajoutant que « l’ouverture (sic) que j’ai faite pour y parvenir ne survivrait pas à mon élimination ». Heureusement le Parisien ne publiera pas cette partie de la réponse... Hier opposant en peau de lapin, le PS deviendrait-il quoi qu’il en ait le meilleur allié du sarkozysme ?


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