R.F.F. : « Radioactivité Ferrée de France »

jeudi 30 décembre 2010.
 

Du 14 décembre 2010 après-midi au 16 décembre en soirée, un train plus que discret composé de quatre wagons lourds spécialisés ("castor") transportant des matières hautement radioactives, de trois wagons de voyageurs affectés aux forces de l’ordre, et de trois locomotives, le tout précédé d’un hélicoptère de surveillance, a traversé très discrètement la France puis l’Allemagne, depuis Aix en Provence jusqu’à Lubmin sur la Baltique. Il a traversé Valence où il a été filmé vers minuit 30, après Aix, Avignon, Montélimar, puis Vienne, Lyon Guillotière, Perrache, Vaise, Macon, Chalon, Toul, Metz, Forbach etc... puis l’Allemagne. Si des informations, photos, vidéos, circulent aujourd’hui sur le net et dans quelques journaux régionaux, il n’y a eu aucune information officielle.

Les matières radioactives, 0,5 tonne de MOX contenant du plutonium, ont suivi un chemin remarquable, puisqu’elles proviennent d’Allemagne, pour partie d’un cargo nucléaire, et du réacteur de recherche de Karlsruhe ; de là elles sont passées en France à Marcoule puis à Cadarache où elles ont été reconditionnées avant de prendre le train pour l’Allemagne jusqu’à Lubmin.

Faute de confinement suffisant par les conteneurs des matières à haute température radioactives, la radioactivité du convoi est avérée ; il a traversé des zones peuplées au total de plusieurs millions de personnes. Le personnel des forces de l’ordre a-t-il disposé de la moindre protection, du moindre contrôle, contre l’irradiation ? Même question pour les agents de conduite et autres agents de la SNCF. Même question pour les riverains de la voie ferrée. Quelle est pour ces derniers la dose de radiations subie en une année, car ce train n’est ni le premier, ni le dernier. Que se passe-t-il lorsqu’un tel train radioactif est immobilisé en ville ? Lorsque, circulant à vitesse réduite, il est doublé par un train de voyageurs ? Que peut-il se passer aux passages à niveau, aux passages supérieurs, aux talus surplombants, en cas d’accident ? Sont-ils protégés un par un ?

Pourquoi ce convoi a-t-il emprunté les voies ferrées classiques qui traversent à proximité immédiate des habitants les centres-villes et périphéries très peuplés, plutôt que la Ligne à Grande Vitesse qui ne traverse que des zones agricoles dont la population exposée est infiniment plus faible et plus distante ? LGV qui en dispose en outre de protections continues contre les intrusions.

Enfin, cela pose, une nouvelle fois, les questions de la société du nucléaire et de la façon dont les pouvoirs publics organisent une circulation opaque de matières radioactives à travers l’Europe.

Le Parti de Gauche se pose toutes ces questions au nom de nos concitoyens et pour lesquelles aucune réponse satisfaisante n’a été apportée à ce jour.

Le Parti de Gauche interpelle le gouvernement afin que non seulement toute la lumière soit faite et que toute l’information nous soit fournie. Mais nous demandons l’arrêt complet et définitif de la circulation de convois radioactifs sur le Réseau Ferré de France (R.F.F). Dans l’attente de cette interdiction, nous demandons qu’un bureau d’études indépendant des pouvoirs publics soit autorisé à faire toutes mesures de radioactivité sur tous les parcours encore concernés.

Jean-Pierre MASSON

Secrétaire national aux transports, politique de la ville, aménagement du territoire


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