8 janvier 1996 2011 Anniversaire du décès de François Mitterrand

samedi 15 janvier 2011.
 

À la fin de la récré, Rémy est venu dans ma classe. Il avait entendu les infos à la radio. Ça m’a fait comme un truc bizarre dans la tête. Comme quand on t’apprend un départ proche. À partir du lendemain, on a acheté tous les journaux qui sont parus, je les retrouve aujourd’hui. Quelle drôle d’idée, quand même, cette accumulation de souvenirs en papier… Ce qui reste aussi, c’est cet hommage que le recteur avait décidé, deux minutes de recueillement avec les élèves. J’ai désobéi. A la place, on a écouté des chansons, dans toutes les classes, de celles qu’on aurait pu appeler « les Années Mitterrand » : Saïd et Mohamed, Né quelque part, l’Aziza, Tu touches pas à mon pote, Noir et Blanc, et d’autres encore. C’était trop bête ce silence artificiel, les gamins, c’était plus important de leur raconter qu’il avait aimé les chanteurs, que le rock était entré à l’Elysée pendant qu’il y habitait, que tous ces mots n’étaient pas innocents, qu’il y avait là-derrière autre chose que des rythmes et des guitares. Ça a plutôt bien marché ce petit hit-parade en forme de déférence. Ce qui reste aussi, c’est que le Parti, en Moselle, avait choisi la cérémonie religieuse. Étrange, tous ces laïques dans une église. On n’a pas bien compris… Ce qui reste aujourd’hui c’est une certaine idée de la liberté, ce sont aussi des témoignages de cette année-là, plus que jamais d’actualité, à l’heure où, décidément, la politique change de dimension. Rappelons-nous.

Oskar Lafontaine : « …Plus qu’un grand marché, l’Europe était pour lui l’union de pays ayant une politique commune, dans le domaine social et extérieur. Elle était surtout l’Europe des citoyens… »

Laurent Fabius : « … François Mitterrand s’est identifié au combat de la gauche. Il a fait renaître le Parti Socialiste. Il a incarné l’espérance pour des millions de femmes et d’hommes. Il aura déployé d’exceptionnels talents de volonté, d’intelligence, de rebond, de ténacité, les talents d’un esprit totalement libre que l’injustice révoltait et qui a montré qu’on peut peser sur l’Histoire… »

Jean Poperen : « … François Mitterrand, c’est d’abord l’homme du rassemblement. Il a toujours considéré que le mouvement socialiste avait besoin de tous, qu’il devait assumer les différences… Démentant ceux qui ne croyaient pas à l’union de la gauche –souvent parce qu’ils n’en voulaient pas- il a fait triompher ces deux exigences inséparables : ne jamais renoncer à s’unir, surmonter les intransigeances et les sectarismes, mais ne rien céder sur l’exigence démocratique… »

Marie-Noëlle Lienemann : « Merci pour tout ce que vous avez fait pour la France, pour la gauche, et pour tant d’entre nous… Mais l’essentiel n’est-il pas qu’avec vous, les plus petits, les salariés, le peuple se savent entendus, représentés, défendus ? Je n’oublierai jamais les mains tendues des enfants de ma banlieue qui, en vous rencontrant, se plaisaient à aimer d’un même élan la France, la République et la gauche. Il faudra aujourd’hui, hélas sans vous, poursuivre les combats que vous avez engagés contre l’ordre établi, les privilèges, les injustices… »

Danielle Mitterrand : « … Il pleut sur Latche, il me semble regarder tomber la pluie pour deux… François abandonne la vie, parce que trop fatigué, elle l’insupporte. Nous respectons sa façon de sortir de la scène, sa façon de mettre un terme à son œuvre, à s’éloigner de sa famille qui le fera vivre parmi les vivants, parce que François ne meurt pas… »

C’était un lundi… C’était il y a 15 ans, déjà… Et il manque encore, ô combien…

brigitte blang


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