Examiné en deuxième lecture à partir de mardi au Sénat, le projet de loi pour la performance et la sécurité intérieure (dit Loppsi 2) généralise la vidéosurveillance de la voie publique.
Promeneurs multirécidivistes, flâneurs forcenés, amateurs de lèche-vitrines effrénés... Avec la Loppsi 2, le peuple de la rue va obéir au doigt et à l’oeil. Mercredi, l’article 17 de la loi d’orientation, de programmation et pour la performance et sécurité intérieure (dite Loppsi 2) sur la vidéosurveillance a très peu été amendé par la commission des Lois du Sénat. Elle a simplement rétabli la possibilité pour la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) de faire des avertissements en cas de manquement d’un responsable d’un système de vidéosurveillance.
Une goutte d’eau face à un tsunami paranoïaque. Avec ce texte, les caméras pourront désormais être installées dans tous les lieux « particulièrement exposés à des risques d’agression » ou aux fins d’assurer « le secours aux personnes et la défense contre l’incendie »...
Bref, partout. Un dispositif encore élargi par la possibilité offerte aux entreprises privées de filmer le domaine public « aux abords de leurs bâtiments », et de transmettre les images à la police. Pour cela, elles n’auront qu’à demander une autorisation au préfet et à en informer le maire. Une manière de contourner la résistance de certaines municipalités contre ces atteintes aux libertés.
Ainsi, la maire (PCF) de Bobigny, Catherine Peyge, fait face, depuis de longs mois, à « une très forte pression du ministre Hortefeux et de l’État » pour imposer des caméras dans sa ville. D’autres cités n’en sont plus là. À Paris, un plan de vidéoprotection a été adopté fin décembre sous l’impulsion de la préfecture de police. Il prévoit l’installation de 1 106 nouvelles caméras dans l’espace public et de relier les 13 000 existantes (privées et publiques) à un système d’enregistrement contrôlé par les commissariats.
Fustigeant leur coût et leur inutilité, le groupe communiste et élus du Parti de gauche au Conseil de Paris a, sur ce point, voté contre la majorité municipale : « Le métro est déjà truffé de caméras, relève Ian Brossat, ce qui n’a pas empêché la hausse de 39 % des vols avec violence dans les transports en 2010. » Si le recours à ces outils ne dérange pas le M. Sécurité du PS, Jean-Jacques Urvoas, il s’oppose toutefois à une loi qui ne prévoit pas « de mesures suffisantes pour encadrer ses dérives ».
Pierre Duquesne
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