Le vrai défaut de DSK, ce n’est pas son silence, c’est la politique qu’il mène au FMI !

mercredi 2 février 2011.
 

Sacha Tognolli, responsable du Réseau Jeunes du Parti de Gauche, s’insurge contre l’éditorial de Laurent Joffrin, paru mercredi dans Libération. Le directeur chute son article en expliquant que « voter Mélenchon, ce sera bientôt voter Sarkozy ». Une petite phrase qui a eu le don d’agacer l’auteur de cette tribune, pour qui, au contraire, « voter Strauss-Kahn, ce sera bientôt enterrer la gauche ».

Mercredi, en ouvrant Libé, les lecteurs ont pu découvrir un édito de Laurent Joffrin pour le moins surprenant. Enfin, surprenant pour ceux qui n’avaient plus l’habitude de lire Libération depuis le 29 mai 2005 et l’édito de Serge July contre le peuple ayant voté NON à l’Europe du libre-échange. Que disait donc Joffrin ? Tout simplement que « voter Mélenchon, ce sera bientôt voter Sarkozy ». Et Joffrin de s’en prendre au représentant du Front de Gauche qui, selon lui, accuse Dominique Strauss-Kahn avant même que celui-ci n’ait prononcé un seul discours sur la politique française. En bref, selon Joffrin, Jean-Luc accuserait sans preuve, sans savoir et le vrai défaut de DSK serait dès lors son silence. Vous avez bien entendu. Les peuples ayant eu affaire au FMI apprécieront... Certes, il concède qu’« on peut critiquer l’action du patron du FMI ». Mais, en quoi la critique de Mélenchon contre DSK repose sur autre chose que son action au FMI justement ?

C’est le cœur du problème pour nous, militants du Front de Gauche, qui proposons une sortie de crise positive aux Français. Tout d’abord, le fait même qu’un socialiste dirige le FMI est difficile à avaler. Le FMI est une organisation internationale vouée à organiser le démantèlement de l’État et à prescrire des traitements de chocs aux pays qui refusent le culte de la main invisible du marché !

Mais venons-en plus particulièrement à l’action du FMI depuis que DSK en est le directeur. Si on se rappelle de son action récente et désastreuse pour le peuple grec, les médias se font peu l’écho des ravages du FMI en Europe de l’Est. Serait-ce la faute du « silence » de DSK ? En 2008 et 2009, celui-ci est intervenu dans 5 pays européens : la Hongrie, la Lettonie, l’Ukraine, la Roumanie et la Serbie. Bafouant la souveraineté populaire, le FMI est seul maître à bord. C’est lui qui propose les mesures d’austérité et qui en contrôle l’application. Avec toujours les mêmes remèdes libéraux : réduction des dépenses publiques, baisses drastiques des salaires des fonctionnaires, suppression de postes de fonctionnaires, augmentation de la TVA, privatisation des services publics, hausse des loyers…et la liste est loin d’être exhaustive !

Et le résultat ? Toujours le même ! Cette politique de contraction économique provoque des crises sans précédent dans tous ces pays. Ainsi, en Lettonie, l’ampleur de la dépression dépasse celle des États-Unis en 1929 ! Avec l’appui des gouvernements socio-démocrates et conservateurs, le FMI a donc décidé de faire payer aux peuples la crise que le capitalisme financiarisé a provoquée. L’exemple de la politique de Sarkozy est édifiant : bouclier fiscal, aucun coup de pouce pour le SMIC, fin de la retraite à 60 ans, suppression d’un poste de fonctionnaire sur deux, privatisations d’EDF-GDF et de La Poste et prochainement suppression de l’ISF. Voyez-vous une différence entre la politique menée par le FMI de DSK et celle de Sarkozy sur le plan économique et social ? Aucune bien entendu, si ce n’est que ce qu’orchestre le maître de la finance internationale est bien plus brutal que ce que fait notre Président. Imaginez un instant la scène en 2012 : lorsque le Front de Gauche s’attaquera au bilan de Sarkozy, ce dernier pourra toujours répondre « Mais c’est moins pire que le bilan de Strauss-Kahn ». On entend déjà la parade de ses soutiens à l’instar de Monsieur Joffrin : « Ce qu’a fait DSK partout en Europe hier, ce n’est pas ce qu’il fera en France demain. » On est donc averti du double-jeu auquel vont se livrer les deux candidats. D’une part, Nicolas Sarkozy promet sur la scène internationale de « moraliser le capitalisme » et s’attaque aux droits des travailleurs une fois revenu sur le territoire national. D’autre part, DSK affame les peuples de toute l’Europe mais promettrait l’inverse pour la France.

Mais Joffrin d’oublier un petit détail : DSK a déjà parlé de ce qu’il proposait pour la France. Une seule fois, c’était le 20 mai sur France 2. Et que nous a-t-il promis ? De mettre fin au « dogme » de la retraite à 60 ans. Décidément, Joffrin a la mémoire qui flanche. Alors paraphrasons l’éditorialiste de Libé : voter Strauss-Kahn, ce sera bientôt enterrer la gauche en France !

Sacha Tognolli, responsable du Réseau Jeunes du parti de gauche, membre du Bureau national


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