Nicolas Sarkozy, G20, traders, taxe Tobin et rôle du dollar : ambiguités, embrouilles et entourloupes

jeudi 3 février 2011.
 

Ces lignes portent sur ce regard international de Nicolas Sarkozy lors de sa la conférence de presse le 24 janvier dernier. Je dis mon étonnement que son propos concernant les prochains G8 et G20 n’ait pas été davantage commenté. Il est vrai que dans la mesure où il implique le candidat surnaturel des socialistes, du fait de son FMI, la réserve est de mise. Pourtant je crois que c’est un moment très parlant d’aveuglement au plus haut niveau qui a été donné. Une fois de plus face à des problèmes qui menacent de tous côtés, un flot de paroles ambigües, d’entourloupes à peine maquillées et d’obstinations dans l’erreur. Etrange entrée en matière du raisonnement, d’abord ! Pour Sarkozy, puisqu’il y a eu un changement d’équilibre entre les puissances mondiales, les institutions mises en place en 1945 ne conviennent plus et que de ce fait le G20 qui représente 85 % du PIB mondial doit être l’instance prédominante. Il souhaite donc le renforcer. Donc contre l’autorité et la représentativité de l’ONU. Notamment en dotant le G20 d’un "secrétariat" "pour suivre en permanence la mise en œuvre des décisions prises et instruire les dossiers". Qu’il y ait déjà un comité de l’ONU pour le commerce et le développement et un organisme pour la lutte contre la faim et pour l’agriculture au sein de l’ONU n’est même pas mentionné. La position traditionnelle de la diplomatie française passe ainsi sur un autre plan sans qu’il en ait été discuté nulle part et sans que personne ne s’en émeuve.

Comme d’habitude ont été prises pour argent comptant des dizaines de phrases toutes faites sans aucune vérification de ce que les faits montrent à l’inverse. Ainsi quand il s’est émerveillé sur les mesures déjà prises par le G20. Par exemple à propos des prétendues « nouvelles règles sur les réserves en capital des banques ». Non seulement il s’agit d’un ratio riquiqui de 8 % mais aucune de ces règles n’empêchent les banques de spéculer avec l’argent déposé par les personnes individuellement contrairement à ce qui avait été immédiatement mis en place après la crise de 1929. Ou bien son enthousiasme pour « la régulation des hedge funds ». J’ai longuement abordé ce sujet ici même à propos des dispositions prises par notre chère « Europe qui protège » dans ce domaine. L’activité des hedge funds n’est nullement régulée. Ils sont simplement enregistrés par les institutions européennes et reçoivent de ce seul fait l’autorisation de circuler librement sur tout le territoire de l’Union….Le morceau le plus consternant du discours de Sarkozy concerne son appréciation très positive de l’encadrement des bonus des traders dont il prétend qu’il est un résultat des précédente réunions. D’où vient cette certitude ? Mystère. Les traders ont encore reçu d’énormes bonus en 2010. Les 400 traders disposant des plus hauts bonus ont reçu en moyenne 1,65 million d’euros. Le record individuel a dépassé 10 millions d’euros. Cette embrouille en a appelé une autre. Celle sur la taxation des capitaux. Nicolas Sarkozy est, dit-il, partisan d’une "taxation sur les transactions financières". Elle est selon lui "morale". Pas moins. Elle est aussi "utile pour dissuader la spéculation" et "efficace pour disposer de nouvelles ressources". La suite elle est immorale compte tenu du niveau du bobard ! Car le même affirme :"la France n’est pas […] favorable au contrôle des capitaux". Alors comment ca marche sa taxe Tobin à lui ? Car pour taxer les transactions financières il serait nécessaire de contrôler avec précision les mouvements de capitaux. Non ?

Le pire est pour à présent. Face à la déferlante de papier dollar bidon qui déstabilisent la planète économique et la mettent en péril de basculer que dit notre grand leader ? "La France ne souhaite pas revenir à un système de changes fixes". Et pour que l’on comprenne mieux qui est ainsi épargné et remis au pinacle des nations : "La France ne souhaite pas remettre en cause le dollar […] qui joue un rôle éminent et doit être une monnaie forte". Et même "Le dollar est et restera la devise prépondérante". Fermez le ban. La monnaie commune mondiale de référence ? Motus. L’évaluation du risque d’effondrement ? Motus. Les parades à ce risque ? Motus. Par conséquent tout le monde comprend que tout ce qui se dira et fera à l’occasion de ces deux sommets illégitimes des pays qui possèdent tout délibérant pour tous les autres ne sera que phrases. Les problèmes trouveront un autre chemin pour se régler.


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