Ne pas recommencer l’erreur de 1974 (JJ Karman, CN du PCF)

samedi 26 février 2011.
 

En 1974, la décision de soutenir dès le premier tour un candidat socialiste à la présidentielle fut une méprise aux conséquences tragiques, alors qu’à la présidentielle précédente, le PCF réalisait un score quatre fois plus important que celui des socialistes. Résultat : à partir de 1974, le PS, sur la base de sa campagne trompeuse sur le rééquilibrage à gauche, devient dominant et le reste jusqu’à nos jours. La place du PCF dans le rapport des forces de classes fut laminée. Bien sûr, ce ne fut pas la seule cause, mais être absent à une élection présidentielle est suicidaire, compte tenu du poids de cette élection sur la vie politique française. Et je me souviens, il n’y a pas eu de grande discussion préalable chez les militants. On croyait aller plus vite vers notre but, car beaucoup pensaient qu’il existait de bons et de mauvais socialistes.

Les promesses socialistes étaient à l’image des nationalisations des premiers groupes industriels français, des 39 banques et des 2 compagnies financières réalisées en 1981. La rupture-rectification de 1977 ne fera que renforcer le basculement vers le PS ; les voix perdues à partir de 1974 ne seront jamais rattrapées.

Alors, que faire aujourd’hui ? Surtout ne pas recommencer l’erreur de 1974, sous prétexte qu’un nouveau socialiste tient un nouveau discours « gauche-gauche », comme en 1974. La direction du PCF de 1974, vu son expérience, aurait dû éviter le piège, mais reproduire en 2012 la même erreur serait une pure trahison de la part de la direction actuelle du PCF. Le score, en soi, n’est pas neutre dans les prises de conscience, mais l’élément premier, c’est le contenu du programme communiste de rupture avec le capitalisme et le score réalisé sur cette base. Pour le moment, quatre candidats se sont déclarés :

André Chassaigne, communiste, s’est porté, au moment de la Fête de l’Humanité, candidat au titre du Front de gauche, en accord avec la direction du PCF. Il prône une approche écologique du programme et non un programme communiste. De plus, sa critique principale de Mélenchon est sur sa dénonciation des positions du PS, au nom d’une future alliance, peut-être comme en 1997 ?

Jean-Luc Mélenchon se déclare lui-même socialiste mitterrandiste, ce qui règle la question : nous avons déjà donné, ne nous laissons pas troubler par de beaux discours, par l’orateur et les sondages. Mitterrand faisait au moins pareil et nous connaissons la suite.

André Gerin, lui, est communiste et il défend l’idée d’une candidature communiste sur la base d’un programme communiste. Certains mettent en avant, contre lui, quelques positions controversées, alors que par sa candidature, il a le grand mérite d’empêcher la direction du PCF de mener à bien une manoeuvre en faveur de Jean- Luc Mélenchon.

Maxime Gremetz, lui aussi, est communiste, mais la direction du PCF lui refuse sa carte et prend prétexte de cela pour refuser sa candidature alors qu’elle prend en compte la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Il est pour un candidat communiste sur la base d’un programme communiste. Nous ne sommes pas dans la meilleure situation, si nous restons sur la seule question du candidat. C’est le programme communiste qui doit faire la différence, nous unifier, nous rassembler et enclencher la rupture avec le capitalisme. Portés par un candidat communiste, mettons en avant les revendications sociales immédiates et les mesures de rupture avec le capitalisme.

Pour les revendications sociales immédiates :

• Interdiction de tous les licenciements.

• Retraite à 60 ans pour tous, à taux plein.

• Augmentation générale des salaires, pensions et prestations sociales.

• Construction d’un million de logements sociaux, sans surloyers.

Pour les mesures de rupture immédiates avec le capitalisme :

• Nationalisation/socialisation des banques et grandes entreprises stratégiques…

• Sortie de l’Union européenne et de suite, nouvelles relations internationales.

• Assemblée constituante d’une première république sociale et démocratique française.

• Annulation de l’ensemble de la dette publique.

Ces têtes de pont déterminantes pour sortir de la crise du capitalisme en sortant du capitalisme lui-même enclencheront automatiquement un grand nombre d’autres mesures, comme par exemple les droits nouveaux pour les travailleurs, pour le contrôle de l’économie. Précisons que si l’on ne prend pas ces mesures de base, il n’y aura pas de rupture avec le capitalisme. Et la collaboration de classe l’emportera, les désillusions et les déceptions suivront et ouvriront la porte à cour terme à l’extrême droite.

Jean-Jacques Karman


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