La dynamique du Front de gauche s’amplifie

jeudi 7 avril 2011.
 

En obtenant 50,2% des voix au second tour des cantonales, la gauche est en mesure de diriger 60 départements contre 58 jusqu’à présent. Les départements du Jura, des Pyrénées-Atlantiques et de Mayotte basculent à gauche. Une dynamique nationale à laquelle le Front de gauche contribue très largement.

+11% d’élus

Le Front de gauche amplifie ses bons résultats du 1er tour. Fort de ses 10,5% des voix dans les quelque 1600 cantons où il se présentait au 1er tour, le Front de Gauche avait alors obtenu 300 000 voix de plus dans ces cantons que lors des élections européennes de 2009, qui avaient suivi sa fondation et 250000 de plus qu’au moment des régionales.

Dans les 131 cantons où il était encore en lice au second tour dimanche, le Front de gauche obtient 60,6% des voix. Il l’emporte dans 103 cantons, c’est à dire dans 77% des cas. Ajoutés à ses 18 élus du 1er tour, le Front de gauche obtient ainsi 121 élus au total. Comparés aux 108 élus de 2004, cela représente une progression du nombre de sièges de 11%. Le Front de gauche conforte ainsi largement sa place de 2ème force à gauche, avec 4 fois plus d’élus qu’Europe Ecologie (27 élus dimanche sur 84 candidats). Des bons résultats du Front de gauche qui vont permettre au PCF de conserver les présidences des départements de l’Allier et du Val de Marne qui leur étaient vivement disputées par le PS et Europe Ecologie.

Une force rassembleuse

Comme nous l’avions noté au 1er tour, le rééquilibrage de la gauche se poursuit. Le Front de gauche bénéficie d’une forte dynamique unitaire au sein de la gauche. L’ampleur des reports de voix dont ont bénéficié ses candidats illustre la capacité du Front de gauche à représenter largement toute la gauche et à porter une alternative majoritaire. En effet dans les 131 cantons où il était en lice au second tour, le Front de gauche passe de 36% des voix en moyenne au 1er tour à 60% au second.

Cette dynamique est particulièrement forte dans le Limousin mais aussi dans le Nord où le Front de gauche gagne 2 élus. En Haute Vienne, fief du PS, l’alliance du Front de gauche et du NPA prend 2 sièges au PS. Le Front de gauche gagne la plupart de ses duels avec le PS ou/et Europe Ecologie. C’est particulièrement édifiant face à Europe Ecologie dont la stratégie opportuniste de maintien au second tour face à des candidats Front de gauche a été laminée par les électeurs.

Un PS en demi-teinte

Même s’il va encore améliorer son nombre de présidences de départements, le PS obtient des résultats en demi-teinte. Il perd le département du Val-d’Oise, fief de Dominique Strauss-Kahn, où le Conseil général était dirigé par des socialistes de sa sensibilité. Au sein de la gauche, le PS ne connait pas de progression particulière et recule même légèrement par rapport aux précédentes cantonales en passant de 38% à 35%. Compte tenu d’une abstention beaucoup plus forte, ce résultat traduit un important recul du PS en voix puisqu’il passe de 4 millions de voix en 2004 à 2,8 millions aujourd’hui. Pas de quoi manifester une dynamique en vue de 2012 comme certains leaders socialistes le prétendent pourtant.

Le PS profite surtout de l’effondrement de la droite, et, comme aux présidentielles, d’un vote par défaut. Par exemple, dans les Bouches-du-Rhône, où la direction socialiste avait renouvelé sa confiance à Jean-Noël Guérini, le PS conserve certains cantons marseillais dans des conditions acrobatiques, avec à peine quelques dizaines de voix d’avance face au FN. Le vote PS s’étant écroulé au 1er tour dans ces cantons, ils n’ont été sauvés que grâce à un sursaut de mobilisation d’électeurs voulant barrer la route du FN au second tour.

C’est encore là, dans des cantons réputés socialistes qu’ont été enregistrées les quelques rares progressions du FN en voix par rapport à 2004. Ainsi c’est dans le canton d’Allauch, ville PS depuis 30 ans, qui compte une des plus importantes sections socialistes de France avec prés de 800 adhérents, que le FN a réalisé au 1er tour sa plus forte progression en voix des Bouches-du-Rhône (+482 voix par rapport à 2004, soit +17%, alors que l’abstention a augmenté de 20 points). Et c’est aussi là que Jean-Noël Guérini avait pourtant organisé son grand meeting départemental de fin de campagne avant le 1er tour !

Le FdG résiste au FN

Le Front de gauche affrontait quant à lui le Front National dans 38 cantons. Il résiste y compris dans des bastions du FN, dans le Vaucluse ou les Alpes-Maritimes. Le Front de gauche conserve ainsi ses cantons d’Avignon Est et de Nice 3. La seule exception, le canton de Brignoles dans le Var est perdu par le sortant communiste à 5 voix près. En 2004 il avait été remporté dans une triangulaire, rendue cette fois impossible par la réforme votée par la droite. Plus largement, les résultats de ces duels Front de gauche / FN démontent complètement la thèse médiatique selon laquelle le Front national progresserait dans les milieux populaires, en prenant d’anciennes voix communistes. Dans les bassins miniers et industriels du Nord, du Pas-de-Calais ou du Gard à Alès, le Front de gauche gagne tous ses duels avec le FN, en remportant le plus souvent de larges majorités qui montrent que le cœur de la classe ouvrière n’est pas capté par le FN.

De nouveaux élus PG

Après l’élection de Jean-Pierre Poirot à Gérardmer dans les Vosges dés le premier tour, le PG obtient 4 élus supplémentaires dimanche 27 mars. Présent dans 10 cantons au second tour, les candidats PG du Front de gauche ont partout amélioré nettement leurs scores du 1er tour, avec des progressions comprises entre 14 et 31 points. Présents dans plusieurs cantons difficiles et n’étant pas pour la plupart sortants, les candidats PG ont remporté une moyenne de 49,7% des voix, ce qui les place devant les 46,5% obtenus par les candidats d’Europe Ecologie.

Dans le Jura, département qui bascule à gauche, le candidat PG Patrick Viverge passe de 26% au 1er tour (face à un candidat PS et un PCF) à 57,6% au second tour, après avoir été soutenu par Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg entre les deux tours. En Savoie, Jean-Louis Portaz est élu à La Chambre. Dans le Puy-de-Dôme sont élus Annie Chevaldonné à Thiers et Jean-Pierre Buche à Billom, ce dernier dans un duel face à un candidat PS.


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