Front de gauche : nouveaux chantiers après les cantonales (article L’Humanité)

dimanche 3 avril 2011.
 

Sourire aux lèvres, Pierre Laurent (PCF), Jean-Luc Mélenchon (PG) et Christian Picquet (GU) se félicitaient, dès dimanche soir, de la poussée du Front de gauche. Hier matin, ils pouvaient d’autant plus s’en réjouir que les résultats ont été scrutés, département par département.

Alors qu’en 2004, les communistes comptabilisaient 103 sortants, à l’issue du second tour des cantonales 2011, ils en comptent plus. L’alliance du PCF, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire obtient 118 élus, dont 17 nouveaux. Lesquels se trouvent sur l’ensemble du territoire, principalement dans la Haute-Vienne (3 de plus), la Seine-Saint-Denis (2), le Nord (2) ou encore en Corrèze (1), le Cher (1), l’Indre-et-Loire (1), le Puy-de-Dôme (1), les Hautes-Pyrénées (1). Les communistes non seulement continuent à présider les conseils généraux de l’Allier et du Val-de- Marne, mais ils s’y renforcent d’un élu dans les deux cas, démentant ainsi les prédictions médiatiques.

Une configuration qui confirme que le Front de gauche commence, deux ans après son existence, à s’enraciner dans le pays. Il a pris, selon ses leaders, « une part décisive dans la victoire de la gauche  » et devient « la deuxième force à gauche », derrière le Parti socialiste et devant Europe Écologieles Verts (EELV), « avec, pour ordre de grandeur, cinq fois plus de conseillers généraux qu’EELV en France », indique Olivier Dartigolles (PCF). Les écologistes ont perdu leurs sept duels face à la coalition, alors qu’ils en gagnent une dizaine face aux socialistes. Pour son troisième rendez-vous avec le suffrage universel, le Front de gauche monte en pourcentage et il est « la seule force de gauche au premier tour à progresser en voix par rapport aux régionales » de mars 2010, souligne la déclaration commune au PCF, au PG et à la GU. Il « gagne 250 000 électeurs », précise Éric Coquerel (PG).

Mais, tout en estimant que « la stratégie du Front de gauche est couronnée de succès », selon ce dernier, tout en soulignant que ses résultats « nous encouragent à amplifier la démarche de transformation sociale et de rassemblement déjà engagée », selon Pierre Laurent (PCF), les responsables, d’une même voix, mesurent l’immense chantier qui s’ouvre à eux, le regard tourné vers le fort taux d’abstention et la percée de l’extrême droite.

D’autant que le FN semble quasiment gagner autant de voix sur la gauche que sur la droite. « On voyait déjà des transferts de gauche vers le FN dans les cantonales de 2004, mais il s’agissait de cantons particuliers, comme dans le Pas-de-Calais », note le politologue Jérôme Fourquet. Lequel précise : « Aujourd’hui, le spectre est beaucoup plus large. Le FN est un parti attrape-tout. » Le FN, écrivent les responsables du Front de gauche dans une déclaration commune, « est essentiellement fort des faiblesses des partis traditionnels à répondre à cette crise » démocratique, sociale et donc politique. Le score de l’extrême droite « reflète à sa manière cette crise », soulignent-ils. Le PCF, le Parti de gauche et la Gauche unitaire affirment vouloir s’attaquer aux causes de la poussée du parti de Le Pen et reconquérir les couches populaires, particulièrement abstentionnistes.

Une rencontre au sommet aura lieu le 31 mars pour analyser les résultats des élections et, surtout, faire le point sur le « programme partagé » du Front de gauche dans le cadre des scrutins présidentiel et législatif de 2012. Une dizaine de forums nationaux décentralisés, sur des thématiques aussi importantes que les retraites, la VIe République, l’éducation nationale ou encore les finances, avaient rassemblé des citoyens de gauche particulièrement intéressés par la question d’une « alternative crédible à gauche ». Encore insuffisamment « partagé », ce programme se veut une étape importante pour entrer de plain-pied dans la campagne électorale. Il restera au Parti communiste à se prononcer sur le candidat qui portera les couleurs du Front de gauche, le Parti de gauche et la Gauche unitaire ayant déjà choisi Jean-Luc Mélenchon, le coprésident du PG. Les 8 et 9 avril, le Conseil national du PCF se penchera, entre autres, sur ce sujet, avant que la conférence nationale, début juin, n’avance sa proposition.

Mina Kaci


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