Alassane Ouattara, « ADO » l’homme des institutions financières et de Sarkozy

dimanche 24 avril 2011.
 

Né en janvier 1942, ADO se présente volontiers comme un lointain descendant de Sékou Omar Ouattara, fondateur de l’empire Kong au début du XVIIIe siècle. Cela, c’est pour l’image locale ; au niveau international, il met plutôt l’accent sur sa formation d’économiste au Drexel Institute of Techology et à l’Université de Pennsylvanie ainsi que sur son poste de directeur du département Afrique du FMI de 1984 à 1988, puis de gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de 1988 à 1990.

Courant de cette dernière année, ADO épouse Dominique Novion, femme d’affaires chargée de la gestion des propriétés immobilières du président ivoirien Houphouët-Boigny et de son homologue gabonais Omar Bongo. Le mariage est célébré à Neuilly-sur-Seine par Nicolas Sarkozy, maire de la ville.

Toujours en 1990, il est appelé par Houphouët-Boigny pour s’attaquer à la crise économique sans précédent frappant la Côte d’Ivoire. D’abord comme « président du comité interministériel de la coordination du programme de relance », puis comme premier ministre. Il applique à son pays les règles d’austérité et ultra-libérales en vigueur dans les plans d’ajustement structurels multipliés par le FMI à travers le continent. Au passage, il n’hésite pas à faire réprimer tout ce qui s’apparente à des manifestations de mécontentement populaire ; c’est ainsi que le député opposant Laurent Gbagbo est condamné à deux ans de prison en compagnie de son épouse Simone et de son fils aîné Michel.

Après la mort d’Houphouët, Henri Konan Bédié le met hors de la course politique par son discours sur « l’ivoirité » forgé pour mettre en doute sa nationalité. Lors des élections de 1995, son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), se rapproche du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo pour impulser une stratégie de boycott  ! Les deux formations se rejoignent temporairement au sein d’un Front républicain qui déclenche la fureur du président Bédié.

Noël 1999, ce dernier est renversé par le coup d’État portant le général Gueï au pouvoir. ADO rentre de Paris pour saluer une « une révolution des œillets à l’ivoirienne ». Dans un premier temps, il se taille la part du lion dans le gouvernement « de transition » installé par Gueï. Au point que le FPI menace de refuser d’y participer jugeant qu’il s’agit d’un « gouvernement RDR ». Gueï fait alors machine arrière et met en place une commission consultative réunissant militaires et représentants de tous les partis afin de rédiger une nouvelle Constitution devant être soumise à référendum. Adoptée par 86% des voix (environ 50% de participation), cette Constitution ne levant pas les ambiguïtés relatives aux conditions de nationalité, Alassane Ouattara verra sa candidature à nouveau écartée par la Cour suprême. La victoire électorale de Gbagbo sur le général Gueï sera suivie de la tentative de coup d’État du 19 novembre 2002 à laquelle le nom de Ouattara est mêlé par de nombreux Ivoiriens. Un nouveau dispositif infernal se met alors en place.

Jean Chatain, L’Humanité


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