Sandor Kepiro, l’un des derniers grands procès du nazisme

samedi 14 mai 2011.
 

L’ancien gendarme hongrois de 97 ans est accusé de crimes contre l’humanité. Son procès s’est ouvert à Budapest.

Vêtu d’un costume gris-vert, une canne à la main, celui qui a qualifié son procès de « cirque » entre libre, jeudi matin, au tribunal de Budapest. Il avoue éprouver des difficultés d’audition, mais dit se sentir capable de participer aux débats. Pour s’en assurer, le juge a prévu une pause de dix minutes par heure jusqu’à midi, fin de cette première audience.

Les charges qui pèsent sur le vieil homme ne sont pas minces  : Sandor Kepiro aurait contribué à l’exécution de plus de mille civils juifs et serbes entre les 21 et 23 janvier 1942, lors de la rafle de Novi Sad, territoire aujourd’hui serbe, alors annexé par la Hongrie. L’homme doit également répondre de l’assassinat de 36 personnes qu’il aurait lui-même commis. Il risque la prison à perpétuité. « J’espère qu’enfin il sera condamné et puni », a déclaré Efraim Zuroff, dirigeant du Centre Simon Wiesenthal, spécialisé dans la traque des nazis. Selon lui, il s’agit de « l’un des derniers sinon le dernier des grands procès de criminels de guerre nazis ».

Si l’ancien gendarme a admis avoir été présent lors de la rafle, il nie s’être rendu coupable de meurtre. Il affirme ne rien regretter  : « Je n’ai fait que mon devoir  ! » Pourtant, Sandor Kepiro n’en est pas à sa première comparution pour cette affaire. Déjà condamné à deux reprises en 1944 et 1946 à respectivement dix et quatorze ans de prison, il n’a jamais purgé sa peine. C’est en fuyant en 1944 qu’il y échappe. Il se cache ensuite pendant plus de cinquante ans en Argentine, avant de revenir discrètement en Hongrie, en 1996.

Une trentaine d’étudiants se sont réunis devant le tribunal. L’étoile de David apposée sur la poitrine, ils brandissaient des pancartes réclamant que justice soit faite. Leurs messages  : « Le meurtre n’a pas d’âge » ou encore « Comment dormez-vous, M.Kepiro ? »

Mais le procès qui commence s’avère délicat par d’autres aspects très hongrois. « La Hongrie a profité de son alliance avec l’Allemagne hitlérienne pour récupérer en partie des territoires perdus, mais cette même alliance est responsable de l’extermination de 560 000 juifs », explique Paul Lendvai, expert de la Hongrie. Cette affaire implique donc pour le pays de faire face à ses vieux démons. C’est le début d’une difficile confrontation avec le passé.

Romain Zlatanovic, Dans L’Humanité


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