Portugal : Le Bloc de gauche est prêt à gouverner avec toute l’autre gauche pour "changer de futur"

vendredi 13 mai 2011.
 

Le Bloco de Esquerda (Bloc de Gauche) tenait ce week-end sa VIIème Convention nationale. Le moment est particulier dans la vie politique portugaise et dans celle du Bloco.

Un mois à peine nous sépare des élections législatives du 5 Juin. Le gouvernement démissionnaire du social démocrate Socrates a accepté un programme d’austérité drastique de l’UE et du FMI quatre jours avant la Convention.

Par ailleurs l’autre gauche portugaise a vécu deux événements de grande importance : la manifestation monstre des précaires le 12 Mars dernier et la rencontre officielle avec le Parti Communiste Portugais débouchant sur un accord gouvernemental il y a un mois.

Fait marquant, les 548 délégué-e-s de la Convention ont répété à l’envie les chiffres du soi disant "plan de sauvetage"* de la troika (Commission européenne, la BCE et le FMI). Toujours le même effarement à les dire et à les entendre. Ce "plan de banqueroute de la troïka" comme l’appelle Francisco Louçã, est un prêt de 78 milliards d’euros conditionné par un plan d’austérité. En tout, sur les 78 milliards

- 12 Milliards sont destinés à la recapitalisation des banque

- 54 Milliards aux taux d’intérêts de la dette

Soit 66 Milliards pour les banques !

- seuls les 12 Milliards restant pourront être utilisés dans des dépenses utiles mais nécessairement conformes aux vues du FMI...

Prenant exemple sur l’Islande, Luis Fazenda, dirigeant historique du Bloco, a appelé à un référendum : "le peuple a le droit de voter sur le plan de la troika". Il a rappelé qu’un gouvernement devait des comptes au peuple qui l’a élu, pas au FMI, à la Commission européenne et à la BCE que personne n’a élus et qui ne représentent qu’eux mêmes.

Autre point saillant : le mouvement des précaires du 12 Mars était sur toutes les lèvres ce samedi. Ce mouvement a en effet signé l’émergence du peuple sur la scène politique d’un pays qui compte deux millions de jeunes précaires, deux millions de chômeurs et 100 000 personnes en dessous du seuil de pauvreté. Le Bloco fait siennes les revendications des précaires qu’il soutient depuis la première heure. "Les mots d’ordre du 12 Mars doivent se transformer en vote le 5 Juin", "Pour nous c’est tolérance zéro avec la précarité !", "Tu as aimé le 12 mars ? Fais ton 5 juin !" sont quelques uns des slogans qui ont résonné dans la salle de convention.

Un sujet a fait positivement débat : la façon de faire l’union avec le PCP. Inspiré par le Front de Gauche, les minoritaires souhaitent que le Bloco, le PCP, les mouvements sociaux et le mouvement des précaire se présentent en "front large" aux élections .

La majorité (80%) préfère des listes séparées mais convergentes dans lesquelles les représentants des mouvement sociaux et de précaires auraient leur place.

Il y a une raison à ce choix. Contrairement au cas français où l’union du Front de Gauche est la base et la condition de son dynamisme, les deux partis de l’autre gauche portugaise n’ont pas le même électorat. Or parmi les électeurs-rices du PCP, certain-e-s ne voteront jamais pour une liste sur laquelle il y a le Bloco et inversement. Ils auraient donc intérêt à se présenter séparément.

Le rejet total du PS est, lui, unanime et sans nuance. Les délégué-e-s n’ont d’ailleurs fait aucun mystère sur leur déception au sujet de l’aile gauche du PS portugais. Si personne au Bloco ne se résigne à l’idée que ses militan-e-s ne sortent pas du PS, beaucoup regrettent d’avoir soutenu le PS et son candidat Manuel Alegre dans ce but.

"Ça nuit à notre lisibilité : un coup on est avec le PS, l’autre coup avec le PCP. Ça ne doit plus se reproduire !" s’est ainsi emporté un militant très applaudi. La motion adoptée ce dimanche par le Bloco ne laisse pas la place au doute sur le sujet.

Dans ce contexte, Bloco annonce haut et fort "être prêt à gouverner" et enjoint tou-te-s les potugais-e-s à voter. "Le 5 Juin personne ne doit manquer. Tous au urnes !" s’est ainsi exclamé le jeune député José Soeiro.

Le Parti de Gauche salue la Convention nationale du Bloco de Esquerda et sa nouvelle direction élue. Nous nous tenons prêts pour l’appuyer dans toutes les batailles que le Bloco mènera pour enfin "changer de futur" ("Mudar de futuro").


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