Il y a urgence : il faut relever la gauche (CN de Gauche Unitaire)

lundi 13 juin 2011.
 

Déclaration politique de la conférence nationale de Gauche Unitaire

Adoptée les 28 et 29 mai 2011

IL Y A URGENCE : IL FAUT RELEVER LA GAUCHE

La France, l’Europe, le monde sont entrés dans une période riche de potentialités pour l’essor d’un nouveau mouvement d’émancipation humaine, mais aussi lourde de menaces pour les droits du plus grand nombre et la démocratie.

En dépit de l’autosatisfaction affichée par les classes dirigeantes, la crise du capitalisme continue, affectant la croissance mondiale autant que les mécanismes de la globalisation marchande et financière. Les politiques de libéralisation des économies, de déréglementation et d’austérité, mises en œuvre partout sous la pression des marchés financiers et des agences de notation à leur service, se traduisent par d’immenses désastres sociaux et environnementaux, sans pour autant permettre au système de sortir du marasme. Tous les gouvernements européens, sous prétexte de lutte contre l’endettement et les déficits publics, mènent de brutales politiques d’austérité, qui font payer aux peuples une crise dont-ils ne sont pas responsables, une austérité qui nous enfonce encore plus gravement dans cette crise.

Confrontées à un désordre porteur de tels dangers et de telles régressions, ces peuples se dressent au nom de la justice et de la démocratie, leurs processus révolutionnaires secouent le monde arabe, grèves générales et mobilisations sociales s’enchaînent en Europe où, à l’exemple de l’Espagne et de la Grèce, une jeunesse frappée de plein fouet par le chômage et la précarité cherche à s’affirmer dans le mouvement des « indignés ». La question est plus que jamais posée de perspectives politiques portées par des gauches à la hauteur d’un authentique enjeu de civilisation.

À un an des élections présidentielle et législatives, la France se retrouve à l’heure de choix décisifs. Le pouvoir de Nicolas Sarkozy subit un discrédit sans précédent, son action est massivement rejetée par le pays. Il n’en est pas moins prêt à toutes les provocations libérales, à toutes les surenchères réactionnaires, à toutes les aventures militaires impérialistes pour l’emporter en 2012. Sa force lui vient de l’inexistence d’un espoir à gauche.

Si une très large majorité de la population aspire à se débarrasser d’une droite honnie pour ses accointances avec le monde de l’argent et de l’affairisme, elle ne trouve pour l’heure aucun répondant véritable à ses angoisses et à ses attentes. Battre Nicolas Sarkozy, se porter au niveau des défis historiques du moment présent, susciter l’élan populaire indispensable au changement nécessaire, cela exige à gauche une politique volontariste et déterminée visant à mettre au pas les banques, les spéculateurs et les actionnaires, à leur reprendre le pouvoir. Certainement pas la poursuite d’une démarche d’accommodement avec un ordre capitaliste en faillite, démarche ayant systématiquement mené à des défaites retentissantes ces dernières années. Certainement pas la persistance des dérobades devant les prétendues « contraintes internationales » édictées par les libéraux européens, qui interdit de prendre la moindre mesure favorable aux classes populaires. Certainement pas, non plus, la connivence avec les élites financières, que d’aucuns ont affiché avec ostentation au FMI ou à l’OMC, au prix d’un discrédit calamiteux pour la gauche et pour la politique.

L’enjeu de l’année qui s’ouvre est clair et des plus décisifs : persister dans la voie des errements sociaux-libéraux du passé menacerait toute la gauche d’un authentique désastre. Au seul bénéfice d’une extrême droite qui a toujours excellé à dévoyer la colère populaire et se nourrit de l’absence d’alternative au service du monde du travail.

Par la dynamique de rassemblement dont il est porteur, fort de sa progression électorale de ces deux dernières années, porté par l’intérêt qu’il suscite chez des millions d’hommes et de femmes, le Front de gauche a désormais pour mission de proposer une nouvelle voie afin de relever la gauche. Une voie qui puisse prémunir la gauche de l’échec qui la guette si elle ne retrouve pas le chemin du peuple. Une voie qui lui permette d’incarner le débouché politique dont toutes les mobilisations sociales ont jusqu’alors été orphelines. Une voie qui réveille l’espérance du changement, ose se confronter aux intérêts dominants, réconcilie la question sociale et la question écologique, redonne à la politique ses lettres de noblesse en affichant l’objectif d’une nouvelle République affranchie du présidentialisme, refuse de se soumettre aux dispositions prétendant rendre immuable la tutelle de la finance sur l’Europe.

Tout reste ouvert. La donne politique peut en quelques mois se transformer et l’initiative changer de camp. Nicolas Sarkozy et la droite peuvent et doivent être battus. Mais les urgences de l’heure appellent non un vote du « moindre mal », non une alternance molle et impuissante à susciter l’enthousiasme, mais un nouveau Front populaire enraciné dans la mobilisation permanente des travailleurs et de la jeunesse.

Il revient dès lors au Front de gauche de tout mettre en œuvre pour faire bouger les lignes au sein de la gauche. Pour ouvrir, immédiatement et dans tout le pays, le débat avec toutes les composantes de la gauche et du mouvement social sur les solutions à mettre en œuvre pour faire face à une situation exceptionnelle. Pour chercher, de cette manière, à rassembler les forces vives de la gauche autour des éléments clés du programme de rupture social, écologique et démocratique qu’attend le monde du travail. Pour créer, ce faisant, les conditions d’une majorité et d’un gouvernement orientés vers la satisfaction des besoins du peuple. Pour favoriser partout, sur les lieux de travail et dans les quartiers, grâce à la tenue d’assemblées pluralistes, l’implication du peuple de gauche dans toutes ses composantes, des acteurs du monde syndical et associatif, des citoyens dans le processus qui peut mener à une victoire politique pouvant changer le cours des choses en France et dans toute l’Europe.

Tel est l’appel que lance la conférence nationale de Gauche unitaire.


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