Législatives Portugal : Les socialistes balayés à cause de leur plan d’austérité Abstention massive à gauche

vendredi 24 juin 2011.
 

Ces élections législatives du 5 juin 2011 représentent une véritable leçon d’action politique pour la gauche européenne.

Le gouvernement socialiste de José Socrates servait depuis plusieurs mois de relais pour imposer des plans d’austérité aux salariés portugais. Ceux-ci n’ont pas dit Merci mais Non.

Le résultat est terrible pour la gauche :

- La droite (PSD et CDS) a joué de façon politicienne en mars 2011 vis à vis du fameux "plan d’aide" de 78 milliards d’euros. Elle l’a refusé au parlement (comme le PCP et Bloco de Esquerda) provoquant une crise politique et la nécessité de nouvelles législatives. Aussitôt élue ce 5 juin, elle a claironné sur toutes les antennes de télé et de radio qu’il fallait totalement respecter le "plan d’aide" pour "regagner la confiance des marchés". Avec 129 sièges (105 au PSD et 24 au CDS), elle est à présent majoritaire au Parlement pour 4 ans, sauf accident.

- La progression électorale de la droite n’est pas due à des gains de voix mais à la plus forte abstention (40%) connue par le pays pour des législatives. L’étude réalisée par divers observateurs indique que, de façon massive, l’électorat ouvrier et populaire ne s’est pas rendu aux urnes . Il est tout à fait logique de voir les gens qui faisaient les frais du Plan d’austérité imposé par le PS ne votent pas pour lui ; il est tout aussi logique qu’ils ne votent pas non plus pour la droite, ou très peu. Conséquence : ils restent à la maison le jour du vote. Cette logique poussant les milieux populaires hors du champ électoral constitue de toute façon une constante du capitalisme financier transnational depuis une trentaine d’années.

- Cette abstention de l’électorat de gauche est catastrophique pour le PS qui tombe à 73 parlementaires et revient dans l’opposition. Elle l’est encore plus pour tous ceux qui vont à présent payer le plan de réduction des salaires (environ 10 à 15%) et pensions négocié par les socialistes et appliqué par la droite. L’incapacité du PS a jouer un rôle de protection des milieux ouvriers et populaires s’est déjà traduite ce dimanche par une phénomène déjà vécu en Italie, en Irlande et ailleurs : des centaines de milliers de citoyens qui ne croient plus en rien et surtout plus dans la politique.

- Les deux forces politiques à gauche du PS (alliance PCP verts et Bloco de Esquerda) paraissent bien fragiles et bien divisées pour porter une alternative.

Jacques Serieys

2) Portugal : la lutte continue ! (article national PG)

3) Portugal : la droite remplace la gauche pour gérer l’austérité (article Rue 89)

L’abstention -40%- aura été le principal vainqueur des élections législatives de dimanche au Portugal, marquées, selon les premières estimations, par le succès de la droite face à la majorité sortante socialiste, sur fond d’austérité liée au plan européen d’aide à une économie sinistrée.Ces élections ont été provoquées par la démission du premier ministre socialiste, José Socrates, en mars dernier, après le rejet, par le parlement, des mesures d’austérité rendues nécessaires par l’obtention d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros.

Selon les estimations sortie des urnes, dimanche soir, le Parti social-démocrate (centre-droite) devrait remporter une majorité absolue au parlement avec ses alliés chrétiens-démocrates (PP, conservateur et nationaliste), avec 52 à 53% des suffrages, tandis que le PS du premier ministre sortant ne recueille que 30% des voix. Pedro Passoes Coelhos, le président du PSD, devrait devenir le prochain premier ministre.

Après l’Irlande en février, c’est donc un deuxième gouvernement frappé par la crise et contraint d’imposer des mesures impopulaires d’austérité, qui tombe sous les coups des électeurs. En Espagne ou en Grèce, les partis au pouvoir ne peuvent guère espérer mieux lors des prochaines échéances électorales.

Avant le vote, notre partenaire MyEurope.info analysait ainsi le climat déprimé qui entourait ce scrutin :

Entre le PS sortant ou le PSD de centre-droit et entre indignation et résignation alors que l’aide internationale de 78 milliards d’euros va dicter les règles pendant les quatre prochaines années, ces élections se déroulent dans un climat particulièrement morose.

Fernanda rencontrée sur la place de Graça dans quartier historique de Lisbonne, a du mal à maitriser sa colère :

« Pourquoi j’irai voter ? Tout le monde sait bien que rien n’aura changé lundi. L’austérité, l’austérité…on nous en rabat les oreilles. C’est déjà difficile, et cela ne va pas s’arranger ! »

Son mari, fonctionnaire, a déjà fait les frais des politiques d’austérité qui se succèdent depuis près de deux ans :

« Une coupe brutale de 200 euros par mois, parce qu’il gagne plus de 1500 euros mensuels. Moi je ne travaille pas, à cause des enfants, alors ça fait une sacrée différence ».

Comme Fernanda, une grande partie de la population, qui commence seulement à vraiment prendre conscience de l’importance des nouveaux sacrifices qui seront demandés pour faire face à l’endettement du pays, n’est pas motivée pour aller voter.

Luis Carvalho, professeur d’économie politique à l’ISCTE, l’Institut des sciences du travail à l’Université de Lisbonne, commente :

« Les politiques de droite comme de gauche sont à la merci de ceux qui vont accorder les crédits internationaux qui seront distribuée par tranches au Portugal.

Le sentiment assez général est que les jeux sont faits. Je m’étonne que dans ce contexte mes concitoyens ne soient pas indignés par le fait que ce sont des technocrates venus de l’extérieur, sans aucune légitimité démocratique, qui vont prendre les rênes du pays pour trois ou quatre ans ».

http://www.rue89.com/2011/06/05/por...

4) Portugal : Sanction électorale des soutiens aux programmes de rigueur de l’Union Européenne et du FMI

Par Christian Berthier, dans Respublica

Ce dimanche 5 juin, les électeurs portugais étaient appelés aux urnes pour des élections législatives anticipées après la démission du gouvernement socialiste de Socrates en mars dernier. Le gouvernement avait alors été mis en minorité par les députés communistes, du Bloc de gauche et d’une partie de la droite sur le vote d’un quatrième plan d’austérité.

Le gouvernement minoritaire du socialiste Socrates, appuyé par la droite avait fait voter les trois plans d’austérité précédents.

Un quatrième plan d’austérité, dicté par et l’UE, prévoyait des privatisations la baisse des salaires et des retraites, l’augmentation de la TVA et des prix de l’électricité, n’avait pu être mis en œuvre par le gouvernement faute du soutien du PCP et d’une partie de la droite.

Le niveau d’abstention continue d’augmenter à plus de 41% (40,32% en 2009).

Comme en Espagne aux dernières élections locales, les champions socialistes de l’austérité paient chers leur politique de soumission aux diktats de l’Union européenne, du FMI.. En deux ans, le PS et ses alliés chutent de 8,5% à 28 % des suffrages exprimés.

La droite a regroupé exigence du changement, refus du double langage socialiste et de la soumission à Bruxelles. Elle prône l’austérité pour les autres en gagnant 9,5% à 38,6%, alors que l’extrême droite reste autour de 12%, ce qui donne aux deux partis une majorité parlementaire de 129 députés sur 230..

A la gauche du PS, le « Bloc de gauche » recule de 9,8 à 5.2 et de 16 députés à 8 en perdant 300 000 voix après leur soutien critique au PS. Par contre, la coalition autour du PCP se maintient à 8% et 15 députés.

Il n’y a pas d’autre interprétation possible qu’une mobilisation accrue de l’électorat de droite masquant une abstention accrue de l’électorat socialiste et « du bloc de gauche » désorientés par le soutien et l’absence de riposte aux mesures anti-sociales dictées par l’Union Européenne… Le soutien à de telles mesures de la part de leaders importants de l’internationale socialiste étant largement médiatisées au Portugal comme dans d’autres pays.


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