L’UMP est lancée dans la guerre aux pauvres

lundi 13 juin 2011.
 

Dans cette stratégie abjecte du parti des riches, Wauquiez était un éclaireur. On l’avait présenté comme un électron libre, il était en fait chargé de lancer un ballon d’essai. L’UMP a dû juger l’essai concluant puisque c’est maintenant Copé lui-même qui reprend à son compte l’idée du travail forcé en contrepartie du versement du RSA. La Convention UMP sur la "justice sociale" du 8 juin a bien fait saigner le burnous ! Celle-ci a pour mission de cibler « l’assistanat ». Ce mot affreux, est à lui seul un manifeste de classe ! Une bouche de gauche parlerait ici de solidarité ! Le but est de mettre en scène la fraude aux allocations sociales. Le plan de communication a été savamment préparé. Au ministère du travail Xavier Bertrand a commencé à pilonner, la semaine dernière, avec des chiffres opportunément choisis pour démontrer la soi disant « progression fulgurante » de la fraude. Un sujet sur lequel l’UMP se livre à une grossière manipulation en ne communiquant que sur la fraude aux prestations. Pour mieux se taire sur la fraude aux prélèvements dus par les entreprises.

Car la réalité des chiffres publiés par la Cour des comptes serait très encombrante pour le parti des riches. Les fraudes aux prestations sociales sont estimées à 3 milliards par an, soit à peine 1 % des prestations. Mais la fraude des entreprises aux prélèvements est estimée par la même Cour des comptes entre 8 et 14 milliards par an. C’est-à-dire entre 3 et 5 fois plus ! Si l’on regarde en nombre de fraudeurs, les caisses d’allocations familiales (qui gèrent aussi le RSA et les allocations logement) parlent de 2 % environ de bénéficiaires fraudeurs. A l’inverse, si l’on regarde du côté des plus riches, on apprend de la Cour des comptes que 87 % des contrôles fiscaux sur les grandes entreprises entraînent au moins un redressement au titre d’irrégularités. Cette réalité de la fraude, l’UMP la connait parfaitement. Et c’est délibérément qu’elle a décidé de la maquiller pour pointer du doigt les "assistés".

Nous en avons la preuve tangible, celle qu’a publiée la Cour des comptes. Il s’agit d’une lettre de mission adressée le 1er octobre 2007 par Sarkozy et Fillon au ministre des comptes publics, à l’époque Eric Woerth. Cette lettre explique cyniquement que « même si les enjeux financiers les plus importants sont liés à la lutte contre la fraude aux prélèvements, le chantier de la lutte contre la fraude aux prestations sociales [...] est celui pour lequel les efforts les plus importants sont à mener ». Leur chasse aux pauvres était donc préméditée bien avant le ballon d’essai de Wauquiez contre les allocataires du RSA.

En attendant ils pilonnent tous azimuts. Ce week-end, c’était le Figaro Magazine qui titrait sur la France des assistés. C’est la réplique de l’oligarchie contre les indignés qui se mobilisent dans toute l’Europe contre la misère de masse. Pour cela le « Fig Mag » a sorti la grosse propagande. Lisez, vous n’en reviendrez pas : "Faire travailler gratuitement les allocataires du RSA : l’idée choc de Laurent Wauquiez a enthousiasmé l’opinion, lasse de déverser toujours plus d’argent dans le puits sans fond de la solidarité nationale". Enthousiasmé ? L’opinion ? Quelle opinion ? De qui ? De quel quartier ? Intimider les plus pauvres pour leur faire rentrer la tête dans les épaules, flatter la cruauté de l’égoïsme social des nantis, voila la stratégie.

Il faut dire que Copé lui-même a beaucoup de choses à faire oublier en tant que pillard de l’Etat. Ainsi de sa niche fiscale exonérant d’impôt sur les sociétés les plus values de vente de filiales ou de participations boursières des entreprises. Un jackpot de 22 milliards économisés en 3 ans de 2007 à 2009 par les entreprises qui boursicotent. Copé avait annoncé au départ un coût "extrêmement raisonnable" d’un milliard par an. Un cout « raisonnable » représentant quand même deux fois le montant des économies réalisées en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur deux… Si cela ne s’appelle pas un pillage ! Autre fraude pour justifier le travail forcé et gratuit des allocataires du RSA, Copé invoque "un principe qui fonde notre République : l’équilibre des droits et des devoirs". Voila un grossier travestissement du principe républicain qui proclame au contraire l’universalité et l’inaliénabilité des droits. A l’opposé de toute logique contractuelle ou de marchandage qui conditionnerait un droit au respect de tel ou tel devoir. C’est un sujet que j’ai déjà longuement abordé sur ce blog. Car malheureusement la rhétorique de "l’équilibre des droits et des devoirs" connait aussi ses heures de gloires à gauche.

C’est dans le programme de François Hollande que l’on en trouve désormais la déclinaison. En contrepartie des hausses de bourses proposées par le PS, Hollande propose en effet que les étudiants soient contraints d’effectuer gratuitement des heures de tutorat ou d’accompagnement d’autres jeunes. Même Châtel n’y avait pas pensé. Pourtant il ne manque pas d’imagination pour faire des économies et déqualifier les métiers de l’éducation nationale. Car c’est ça le pire dans cette proposition de Hollande : il fait comme si le tutorat et l’accompagnement universitaires pouvaient être improvisés par les étudiants eux-mêmes. Alors qu’il y faudrait des personnels formés et expérimentés.


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