Indexer les hausses de salaires sur les résultats des entreprises

mardi 21 juin 2011.
 

À un an de l’échéance de 2012, l’inflation pourrait s’accélérer et le pouvoir d’achat se détériorer.

Aujourd’hui, avec la même quantité de monnaie, les ménages ont le sentiment bien réel de ne plus pouvoir acheter la même quantité de biens et services, en raison de la hausse des prix des produits alimentaires, du prix du carburant, de ceux de l’énergie et de ceux des loyers.

Et pourtant, cette baisse du pouvoir d’achat ressentie par les ménages n’est pas perçue par les statistiques de l’Insee qui mesurent une stagnation du pouvoir d’achat en moyenne malgré un taux d’inflation qui pourrait dépasser les 2 % en 2011.

L’écart entre l’inflation mesurée et l’inflation perçue repose la question de la mesure de l’indice des prix  : les ménages seraient-ils victimes d’une illusion  ?

La sensation de vie chère s’est fortement accentuée en 2002 lors du passage à l’euro. Depuis, elle s’est amplifiée dans un contexte où de nouveaux modes de consommation, couplés à des besoins toujours plus nombreux, font face à des salaires qui ne progressent que très faiblement ou stagnent le plus souvent.

Les fins de mois difficiles touchent aujourd’hui la plupart des ménages aux revenus moyens.

Rien d’étonnant, dans ces conditions, que les ménages s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat.

Mais dans un tel contexte est-il possible d’augmenter le pouvoir d’achat sans pour autant réduire la compétitivité des entreprises  ?

Le pouvoir d’achat dépend de deux variables  : celle des prix et celle des revenus.

Dès lors, pour distribuer davantage de pouvoir d’achat aux ménages deux types de mesures sont possibles.

Le premier consiste à accroître le pouvoir d’achat par la baisse des prix, et ce, au moyen d’une pression concurrentielle plus forte entre les unités commerciales, conjuguée à une baisse du taux normal de la TVA.

Une concurrence plus libre, conduit à faire baisser les prix selon la loi du marché, et profite aux consommateurs sous forme de gain de pouvoir d’achat. Cette mesure reste toutefois limitée, car une concurrence accrue incite les entreprises à réduire leurs coûts salariaux et par voie de conséquence à précariser davantage le travail et à modérer la progression des salaires. Le gain de pouvoir d’achat n’est dans ce cas qu’une illusion.

La baisse de la TVA, quant à elle, permettrait effectivement de réduire le niveau des prix, et de relancer ainsi la consommation, à condition qu’elle soit entièrement répercutée sur les prix des biens et services, mais l’exemple du secteur de la restauration en 2010, tend à prouver l’inefficacité d’une telle mesure.

Le second type de mesure consiste en l’augmentation des salaires dans toutes les branches professionnelles. À ce titre, la prime accordée aux salariés des entreprises de plus de 50 salariés distribuant des dividendes reste une mesure ponctuelle, qui, si elle favorise le pouvoir d’achat, ne concerne, en revanche, qu’une partie des salariés.

Pour accroître durablement le pouvoir d’achat, il faut en réalité augmenter la part des salaires dans la répartition de la valeur ajoutée.

Dès lors ne faudrait-il pas conditionner les allégements des charges sociales à une augmentation du niveau des salaires afin d’inciter les entreprises à modifier le partage de leur valeur ajoutée en faveur des salariés  ?

L’État pourrait parfaitement encourager ces augmentations salariales et orienter ce partage en faveur des salariés.

Il pourrait réduire les charges sociales proportionnellement aux augmentations des salaires accordées par les entreprises. Et même, il pourrait aller plus loin structurellement, en indexant les hausses de salaires sur celles des résultats des entreprises. Ce qui lui permettrait d’inciter les entreprises à augmenter les salaires sans amoindrir leur compétitivité.

Ces dernières pourraient ainsi augmenter les salaires sans en supporter le coût. Le niveau de vie des salariés s’améliorerait très nettement, ils seraient ainsi plus motivés, plus productifs dans leur travail, et en feraient profiter l’entreprise et ses parties prenantes.

Stimulée par la baisse des charges sociales ou par l’indexation sur les résultats, cette hausse généralisée des salaires relancerait l’activité économique par son effet multiplicateur sur la demande des ménages.

L’État maintiendrait, quant à lui, ses recettes fiscales malgré la baisse de ses prélèvements, du fait d’une consommation et d’une croissance plus fortes.

Ainsi, la demande globale serait plus soutenue, créerait un climat de confiance qui favoriserait l’essor de l’investissement nécessaire à la croissance du PIB, et réduirait considérablement le chômage. C’est là une mesure à explorer pour garantir durablement une hausse réelle du pouvoir d’achat  !

Gérard Fonouni


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message