26 février 1958 : les guerrilleros castristes enlèvent Fangio, plus grand pilote de l’histoire automobile

mardi 27 février 2024.
 

En 1958, les Cubains subissent la main de fer du dictateur pro-américain Fulgencio Batista. Celui-ci veut faire de La Havane une destination chérie des touristes américains (casinos, prostitution...). Pour la même raison, il organise un Grand Prix automobile (Formule 1) de Cuba.

Il soigne aussi sa propagande personnelle. A la veille du grand prix, il se fait photographier en compagnie de l’Argentin Juan Manuel Fangio, coureur automobile argentin, cinq fois champion du monde, recordman inégalé de victoires en Grands prix.

En ce 25 février 1958, Fangio est accueilli dans le luxueux Hôtel Lincoln, comme les riches Américains venus pour assister à l’épreuve sportive. Il traverse le hall d’entrée pour aller dîner lorsqu’il est abordé par un jeune homme, pistolet au poing " Fangio, vous devez me suivre...". Un proche du pilote veut s’interposer mais le guerrillero est clair " Si vous bougez, je tire".

Fangio suit donc l’homme au veston de cuir et monte dans une voiture.

Le dictateur lance les policiers d’élite à la recherche des kidnappeurs. Mais Fangio reste introuvable. En fait, il sympathise avec ses ravisseurs. Cinquième enfant (sur six) d’un couple d’immigrés italiens dont le père trime comme ouvrier maçon, apprenti mécanicien à 11 ans, Juan Manuel vient du peuple et en connaît les souffrances. De plus, âgé de 47 ans, au sein d’une écurie (Maserati) en grande difficulté financière, il ne court pas pour un sixième titre de champion du monde. « J’ai réalisé toutes mes ambitions. La couronne mondiale était mon plus grand rêve. Après mes deux premiers titres, il me semblait logique d’essayer d’en décrocher un troisième. Le cinquième me persuada qu’il était temps de passer la main ».

Dans un bel appartement de La Havane, Fangio discute, mange bien (steack, pommes de terre...) et dort bien.

Les medias du monde entier relatent l’affaire et parlent du Mouvement Révolutionnaire du 26 juillet (castristes).

Batista fulmine.

Il veut réussir quand même "son" grand prix de formule 1. Même si Fangio ne conduit pas sa Maserati. Même si la porsche de Roberto Mieres perd de l’huile qui se répand peu à peu dans tous les virages créant un danger évident. Même si la voiture d’Armando Cifuentes glisse sur l’huile, sort de la piste et fonce sur la foule (7 morts et 40 blessés). Même si la confusion est telle qu’aucun vainqueur n’apparaît logique.

La course finie, Fangio se voit libérer. Il tirera plus tard son bilan de l’affaire : "C’est une aventure de plus. Si les rebelles ont fait ça pour une bonne cause, alors comme Argentin je dois l’accepter".

Jacques Serieys


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