C’est désormais sûr. Jean Luc Mélenchon sera le candidat du Front de Gauche à l’élection présidentielle. Ainsi en ont décidé de façon nette, la grande majorité des militants communistes à plus de 60 %. C’est un évènement considérable que nul ne doit sous estimer. Rien n’était écrit d’avance. Ce vote limpide doit beaucoup à l’engagement de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF qui voit sa légitimité renforcée dans son parti, et à Marie George Buffet. Pour ma part, comme tous les militants du PG, je tiens à les remercier, ils ont fait preuve d’un grand courage intellectuel.
Jusqu’au bout, le grand peuple communiste a gardé avec rigueur le contrôle de cette décision. Toutes les options lui ont été clairement proposées. Aucune chausse trappe n’a été placée sur son chemin. Trois choix possible sur le bulletin de vote. Pour ou contre le Front de Gauche (avec le vote pour Dang Tran) ? Si oui, un communiste ( avec Chassaigne) ou un non-communiste pour le représenter ? Ainsi, de congrès en conférence nationale, le PCF a débattu et décidé, l’éventail de différentes propositions étant possible, et le vote d’hier a tranché. Voilà un magnifique exemple de décision démocratique irréprochable.
En conscience, en totale liberté, ils ont choisi Jean-Luc Mélenchon pour être celui qui nous représentera tous. Bravo ! J’en suis personnellement ému, pour bien des raisons et un peu le poids de l’histoire de la gauche française. Sentimentalisme déplacé ?Je ne crois pas. Qui ne connais pas son passé n’a pas d’avenir. Je ne peux m’empêcher de penser que jusque là, seul François Mitterrand en 1965 et en 1974 avait été préféré par le PCF à un candidat communiste directement issu de ses rangs.
Il y a à présent un collectif politique à faire vivre de façon encore plus affirmée : le Front de Gauche. Nous allons y arriver. C’est la condition de notre succès. Et seule une candidature comme celle que viennent décider les communistes permet de faire vivre, réellement, cette diversité, cette richesse, cette force.
La semaine dernière, c’était la FASE animée notamment par Clémentine Autain qui avait apporté son soutien au Front de Gauche et à la candidature de Jean-Luc. Après le PG, la Gauche Unitaire de Christian Piquet, le FASE était la troisième organisation à l’annoncer. Le PCF, force majeure et indispensable (soyons clair, incomparable aux précédentes) prend donc la même décision. Et puis, d’autres suivront (Convergences et Alternatives, République et Socialisme…), j’en suis convaincu. Le Front de Gauche a vocation à s’élargir et en écrivant cela, je pense particulièrement aux camarades du NPA. Ensemble, écrivons l’histoire. Quels désaccords sérieux nous l’interdisent ?
Et moi, à l’instant où j’apprends cette nouvelle, je pense avec émotion, à mon camarade Jean-Luc Mélenchon, à l’homme, mon maître en politique depuis plus de 15 ans. Je repense à tout ce qu’il m’a apporté. A sa façon de me faire aimer la France, la belle et la rebelle, de me faire découvrir une République stylée Jules Michelet avec le mots de Léon Trotsky. Il m’a fait comprendre l’importance du combat laïque, l’internationalisme authentique et la valeur fondamentale du respect de la souveraineté nationale arrachée si difficilement à l’ancien régime. Du jeune révolutionnaire brouillon que j’étais, il a fait de moi un républicain de gauche. Mais, il est aussi en plus du dirigeant politique, de l’orateur qui emporte les coeurs et les têtes, un théoricien, un agitateur d’idées, qui a compris l’importance du combat écologique en le liant à celui de la gauche sociale. A présent, il me revient des moments de joies collectives et des moments de doutes personnels. Il me revient quelques défaites cinglantes et des réussites, fondatrices et instructives. Il me revient sa fierté d’être Ministre de l’Enseignement professionnel (Mon Ministre) , et sa tristesse de voir la gauche battue dès le premier tour le 21 avril 2002. Il me revient la détermination qui en est sortie pour que plus jamais une telle catastrophe ne se reproduise. Il me revient son refus farouche de s’aligner sur l’évolution politique mortifère de la direction du PS. Il me revient en mémoire notamment son visage lumineux au soir du 29 mai 2005 apprenant la victoire du "Non au TCE" pour lequel il s’était tant battu. Il me revient son discours en novembre 2008 lors de la fondation du Parti de Gauche à Saint Ouen, citant Jean Ferrat "Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche". Ou l’an dernier, lors du congrès du PG se présentant comme "le bruit et la fureur"... Et beaucoup d’autres images encore qui tourbillonnent dans ma tête.
A 10 mois du premier tour de l’élection présidentielle, c’est maintenant que les choses commencent. Tout est à faire.
Mais, d’ores et déjà, quelle histoire ! Marche ton chemin Jean-Luc, marche…
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