Jean-Luc Mélenchon, "la rupture tranquille" (article Le Point)

samedi 23 juillet 2011.
 

Le président du Parti de gauche a tenu son premier meeting de candidat du Front de gauche à la présidentielle 2012.

Il monte sur la scène installée place Stalingrad, métro Jaurès, sous un tonnerre d’applaudissements. Les drapeaux rouges flottent au-dessus de la foule. Jean-Luc Mélenchon se lance. C’est son premier meeting de candidat du Front de gauche à la présidentielle 2012. Il adopte une voix grave, un ton travaillé, une posture présidentielle, gaullienne, qui surprend les observateurs. Le trublion prend de la hauteur.

Depuis qu’il a quitté le PS en 2008, il rêve de cet instant. Il a fallu avant d’y arriver créer son Parti de gauche - 8 000 adhérents -, mais surtout séduire le Parti communiste.

Cela s’est fait dans la douleur, et sur scène, Mélenchon ne manque pas de leur rendre hommage mercredi soir : "Je salue les militants communistes", lance-t-il sous les applaudissements. "Résistance" C’est le secrétaire général du PCF Pierre Laurent qui l’a précédé au micro, et la dernière candidate PCF à la présidentielle Marie-George Buffet le soutient. Alors, Mélenchon n’use pas du "je" : "Nous ne sommes pas réunis ici pour célébrer un candidat, mais notre force collective."

L’auteur de l’essai à succès Qu’ils s’en aillent tous déroule un discours rodé, fait scander "résistance !" à la foule, fustige "le capitalisme fou", l’attitude des banques, la Commission européenne. Dans le détail, il ne dévoilera son programme que lors de la Fête de l’Humanité en septembre, mais il livre quelques mesures-phares, comme l’interdiction pour les entreprises d’avoir plus de 5 à 10 % d’emplois précaires, "et des CDI pour tous les autres", ou l’interdiction d’avoir des salaires maximums plus de vingt fois supérieurs aux plus bas.

"La gauche anticapitaliste, elle est là ce soir"

Mercredi soir, Mélenchon, qui a choisi pour slogan "Place au peuple", appelle surtout les Français à "l’insurrection civique", à une "révolution citoyenne, pacifique, démocratique, avec des bulletins de vote dont nous n’avons jamais eu peur, nous". Allusion à Olivier Besancenot, qui a abandonné son rôle de porte-parole du NPA, laissant sa formation dans un état critique.

Et le leader du Parti de gauche de dédier son meeting aux Grecs, qui manifestent par milliers dans les rues d’Athènes pour protester contre l’austérité. "La France vous soutient !" leur lance-t-il. "Désormais, l’autre gauche, c’est le Front de gauche. La gauche anticapitaliste, elle est là ce soir", assure donc le secrétaire national du Parti de gauche, Éric Coquerel, au pied de la scène.

Ému du succès du meeting -6 500 personnes officiellement, sans doute moins, selon la sécurité -, il remarque avec un sourire qu’"il fait beau" : "c’est plus sûr que les sondages..." Mélenchon, qui s’adresse à "ses camarades" comme à "ses concitoyens", conclut le meeting en chantant l’Internationale, puis la Marseillaise. Ce candidat à la présidentielle, c’est "la rupture tranquille", résume Coquerel. Des "Mélenchon, président !" s’élèvent alors.

Par Charlotte Chaffanjon


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