Six soldats français de plus sont morts pour rien en Afghanistan depuis la visite surprise effectuée à Kaboul par Nicolas Sarkozy, portant le total à soixante-dix morts depuis 2001. Tout en condamnant les auteurs des attentats qui tuent aveuglément, le Parti de Gauche n’entend pas infléchir sa position après la mise en scène par Sarkozy de « sa » décision de retirer d’Afghanistan un quart des forces françaises d’ici à la fin de 2012. Dans un tel contexte, le président aimerait faire passer cette décision pour un acte de souveraineté auprès des français largement opposés à cette guerre impérialiste.

Mais loin d’être à l’avant-garde d’un mouvement de retrait, il suit docilement le calendrier étasunien. Il ne prévoit pas de retrait total avant 2014. Ce calendrier est inacceptable.

« Il faut savoir terminer une guerre », a déclaré Nicolas Sarkozy, oubliant de dire que quoiqu’il arrive on laissera l’Afghanistan en état de guerre. Le bilan des dix années d’occupation est désastreux. Rien de ce qui avait été promis en termes d’aide au développement du pays n’a été mis en pratique. Le seul budget conséquent, voire abyssal, a été celui des opérations militaires menées à la petite semaine. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, le sort des femmes et de l’ensemble de la population ne s’est pas amélioré depuis 2001. Quant à l’ État croupion que dirige Karzaï, l’homme des étasuniens, « élu » frauduleusement, il est corrompu et inféodé à des groupes claniques. Ceux-ci sont avant tout soucieux de garder la main sur les subventions détournées des organisations internationales ainsi que sur le commerce de l’opium qui a explosé depuis 2001.

Les forces de maintien de l’ordre afghanes qu’ont formées les occupants sont rachitiques. Sur le terrain, la population a le « choix » entre oppression des talibans et oppression des mercenaires à la solde des occidentaux et du régime (qui ne cessent de commettre des exactions). Car les sociétés militaires privées anglo-saxonnes ont fait de l’Afghanistan leur nouvel eldorado après l’Irak, et elles entendent bien élargir leur marché. Même Karzaï s’est entouré de conseiller étasuniens pour développer sa propre société. Le maintien de bases otaniennes est en outre planifié pour l’après 2014. Tout cela contre l’avis du peuple afghan qui a massivement manifesté contre ce projet.

La propagande internationale sur le retrait des forces occidentales passe sous silence ces nouvelles modalités de mise sous dépendance de l’Afghanistan en préparation. Il s’agit en fait de conserver la suprématie euro-étasunienne sur ce carrefour entre la Russie, la Chine et l’Iran.

Maintenant, halte aux mensonges Monsieur Sarkozy ! Il est temps d’admettre que cette guerre a rendu l’Afghanistan plus exsangue encore qu’il ne l’était en 2001. La seule décision légitime serait le retrait immédiat de l’ensemble des forces françaises d’Afghanistan.

Le Parti de Gauche ne cessera de dénoncer les nouvelles formes de mise sous tutelle de l’Afghanistan prévues pour l’ « après-guerre ». Nous rappelons qu’une infime partie des sommes colossales dilapidées à des fins bellicistes aurait suffit à améliorer de manière substantielle la vie du peuple afghan. Nous continuerons à militer pour une vraie politique d’aide internationale à un État afghan viable, dirigé par des représentants légitimes et ayant pour seul objectif d’instaurer une réelle démocratie politique, économique et sociale. Tout le contraire du programme des oligarques à la solde des États-Unis, ou de celui de talibans aveuglés par leur idéologie obscurantiste.

Stop à la guerre ! En Afghanistan comme partout : place au peuple !

VENDREDI, 15 JUILLET