Entretien avec HK, auteur de "On lâche rien"

jeudi 26 juin 2014.
 

Notre lecteur trouvera :

* ci-dessous un entretien avec Kaddour Haddadi, alias HK

* trois videos sur fond de manifestation et chant de "On lâche rien" en cliquant sur le lien ci-dessous :

Chants du mouvement social de l’automne 2010 : on lâche rien !... (videos)

* On ne lâche rien (paroles et interprétation par HK & LES SALTIMBANKS)

Le ch’ti minot de Roubaix est devenu grand. Révélé par le groupe de rap MAP, Kaddour Haddadi, alias HK, s’est lancé dans une aventure solo, aux chansons festives et engagées, naviguant quelque part entre chaabi algérien, reggae et bal musette. Un univers riche et mélangé, à l’image du quartier populaire de Roubaix où HK a grandi. Et qui peu à peu fait son chemin  : son titre On lâche rien est devenu l’hymne des manifestations contre la réforme des retraites.

C’est important, pour vous, de participer à la Fête de l’Humanité  ?

HK. Oui, avec le MAP, et maintenant avec HK et les Saltimbanks, on s’y rend tous les ans depuis des années pour participer à différents stands, que ce soit pour la Palestine ou la lutte pour les sans-papiers. Cette année, on est dans la programmation officielle  : on continue notre bonhomme de chemin. C’est aussi bon de voir toutes les personnalités qui d’habitude se divisent se réunir l’espace d’un week-end. C’est le lieu de rassemblement du peuple de gauche dans toutes ses sensibilités. On quitte cette Fête plein d’espoir, en se disant que ça n’est pas si compliqué de se rassembler.

Plus de six mois après les manifestations d’octobre, 
le refrain d’On lâche rien 
est-il toujours d’actualité  ?

HK. Ça n’est certainement pas le moment de lâcher. On assiste à une droitisation extrême de la société française. Pour moi, il n’y a pas de fumée sans feu et pas de feu sans pyromane. Les dérapages verbaux ministériels s’accumulent les uns après les autres  : un ministre de l’Intérieur a été condamné pour racisme. Son successeur va encore plus loin, et nous dit qu’«  on n’est plus chez nous  ». Derrière tout ça, il y a le phénomène Marine Le Pen... C’est contre cela que nous luttons. Notamment en écrivant notre propre histoire, celle d’un mouvement de gauche, solidaire, qui vise un rééquilibrage des richesses. Il ne faut rien lâcher de nos valeurs, de nos idéaux. Et pour y arriver, il faut que l’on soit uni. Sinon, on perd toute crédibilité.

Diriez-vous que votre album Citoyen du monde reflète une certaine vision de l’humanité  ?

HK. Au moment, où, en France, on nous parle d’identité nationale, l’idée était de rappeler que l’histoire de l’humanité, c’est celle de la migration des peuples. Je suis né à un kilomètre de la frontière belge. À un kilomètre près, je devrais trouver des raisons d’être fier d’être français, là où j’aurais pu trouver des raisons d’être fier d’être belge  ! Je trouve ça totalement absurde. Je préfère me dire que quand il y a une révolution à Tunis, je suis tunisien. Quand le peuple palestinien a des aspirations légitimes au droit et à la justice, je suis palestinien. Et quand le peuple égyptien se soulève pour la démocratie, je suis égyptien. D’après moi, c’est ce positionnement par rapport à des valeurs, à des idéaux et des convictions qui doit transparaître dans nos combats. Les frontières n’ont rien à voir là-dedans. On peut s’identifier à mille et une luttes, à mille et un endroits du globe, du moment qu’on partage les mêmes valeurs.

Propos recueillis par 
Laura Thouny, L’Humanité


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