Sommet Sarkozy-Merkel : Analyse et réactions

vendredi 26 août 2011.
 

9) Sommet Sarkozy Merkel : Un Munich économique

8) Sommet Sarkozy-Merkel : Pas de solidarité, plus d’austérité pour tous ! (Communiqué national CGT)

Suite à la rencontre du 16 août, le pire est à craindre à l’issue du conseil des Ministres du 24 août prochain.

En effet, le mini sommet Franco-allemand a accouché d’une souris, n’a rien apporté de nouveau se contentant de mesures floues et sans engagement de solidarité au sein de l’union Européenne.

Plutôt que des effets d’annonce, les français et les autres européens savent bien que tout dépend des politiques économiques suivies.

Celles-ci devraient s’appuyer sur une politique de croissance durable et plus de convergences en matière de droits sociaux et fiscaux au lieu d’amplifier libéralisme et austérité.

La Cgt exige une autre répartition des richesses, d’une véritable alternative et d’une maîtrise publique des systèmes financiers, est posée.

La Cgt réaffirme pour l’Europe :

— > Le besoin d’une solidarité économique et sociale entre les Etats de l’Union Européenne

— > La nécessité d’une harmonisation sociale et fiscale de haut niveau.

— > La mise en place de salaires minimum partout en Europe, point d’appui indispensable pour lutter contre le dumping social.

— > Une taxation à hauteur importante sur l’ensemble des transactions financières, consacrée au développement durable humain.

Enfin, la Cgt continuera de s’opposer au principe de la règle d’or, véritable outil de casse du système de protection sociale, de démantèlement des services publics et formidable frein à l’emploi et à l’augmentation des salaires, seuls moyens pour relancer durablement la consommation génératrice de croissance économique.

La mobilisation de l’ensemble des salariés sera déterminante pour imposer ces changements indispensables à une véritable justice sociale.

Communiqué de la CGT

Montreuil, le 17 août 2011

7) Merkel-Sarkozy : les saigneurs des peuples ! (communiqué Solidaires)

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6) Dominique Plihon ATTAC « La crise actuelle montre l’échec des politiques d’austérité en Europe »

Économiste, président du conseil scientifique d’Attac, Dominique Plihon défend des pistes pour « désarmer les marchés », débattues à l’université des Attac d’Europe.

Chute des Bourses, banques fragilisées, risque de nouvelle récession… Est-on revenu au scénario de la crise de 2008 ?

Dominique Plihon. La situation actuelle est plus grave. En 2008, 
les gouvernements avaient fait 
des plans de sauvetage des banques et des plans de relance, qui ont été à l’origine de l’explosion 
de la dette publique  ; aujourd’hui, ce n’est plus possible. D’autre part, la crise actuelle montre l’échec 
des politiques d’austérité 
qui ont été mises en œuvre après 
les plans de relance. Dans la logique néolibérale, ils ont épuisé toutes leurs recettes, et ils sont piégés dans leurs contradictions. Du coup, il y a une grande inquiétude de tous les acteurs, ceux des marchés, mais aussi ceux de la sphère réelle, les ménages et les entreprises, qui font des anticipations pessimistes. On pourrait entrer dans une nouvelle spirale récessive très dangereuse.

Les nouvelles cures d’austérité menacent la croissance. Comment sortir de ce piège ?

Dominique Plihon. Pour nous, 
la solution se trouve plus du côté des recettes que des dépenses. 
On ne sortira pas de cette crise 
sans une réforme fiscale. 
En France, cela veut dire boucher tous les trous fiscaux, les « niches », qui représentent 74 milliards d’euros, soit la moitié du déficit. L’essentiel de ces niches visant 
à réduire l’impôt sur les sociétés 
et à favoriser les classes sociales 
les plus aisées. Évidemment, celles-ci ne veulent pas ouvrir un tel chantier. On parle de raboter 
3 ou 5 milliards de niches fiscales, c’est ridicule.

Nicolas Sarkozy tente de focaliser 
les débats sur l’imposition de la « règle d’or » de l’équilibre budgétaire...

Dominique Plihon. C’est une aberration politique et économique. Le rôle de l’État, 
c’est de faire de l’investissement 
de long terme et, de ce fait, 
par nature, le budget de l’État 
est déficitaire. La « règle d’or », c’est ramener l’État à un rôle 
où il se contenterait d’avoir 
des fonctions purement régaliennes. Ce serait une formidable régression, que veulent les néolibéraux, et qui contamine certains rangs du parti socialiste. D’autant plus dramatique 
que nous devons faire des dépenses considérables pour opérer 
la transition écologique.

À l’université d’été des Attac d’Europe, qui vient de se tenir à Fribourg, 
vous avez mis en avant la nécessité 
de « désarmer », et non de rassurer, les marchés financiers. Comment 
y parvenir ?

Dominique Plihon. Nous sommes devant un problème de démocratie. Dans le monde, il y a une cinquantaine de très grands groupes financiers – à l’image de BNP-Paribas, Goldman Sachs, Citygroup, Deutschebank, etc –, tellement puissants qu’ils ont neutralisé l’ensemble des décideurs, 
les gouvernements et les régulateurs. Ce qui explique pourquoi 
il n’y a pas de réforme vraiment significative. Il s’agit de réduire le pouvoir de ces grands groupes, notamment en fixant une limite 
à leur taille, en séparant 
les activités de banque de détail 
de la banque d’investissement. Nous demandons la constitution d’un pôle public, bancaire et financier, non seulement en France mais 
à l’échelle européenne, regroupant les banques et d’autres acteurs, 
du type de la Caisse des dépôts. Nous allons aussi lancer une campagne pour que les banques coopératives, qui sont devenues des banques quasiment capitalistes, reviennent à leurs missions initiales, financer les PME, les ménages, 
sans prendre de risques.

Quid de votre revendication 
d’une taxation des transactions financières ?

Dominique Plihon. Nous constatons, qu’avec la crise, la pression de l’opinion publique et des mouvements politiques et sociaux, les autorités préparent des textes qui vont dans notre sens. 
La Commission européenne, qui 
a toujours été opposée à toute idée de taxation des transactions, vient de mettre en chantier une directive sur ce sujet. Pour nous, ce doit être un instrument de lutte contre 
la spéculation. Mais la Commission veut en faire un instrument purement budgétaire, avec un taux extrêmement faible, pour abonder le budget européen.

On évoque le risque d’un éclatement de la zone euro...

Dominique Plihon. Elle risque d’imploser, car ses fondements sont viciés à la base. Il faut absolument préserver l’euro, 
mais le réformer de l’intérieur d’une manière radicale, c’est-à-dire avoir des politiques pour désarmer les marchés, un contrôle financier très strict, une véritable politique budgétaire et fiscale 
à l’échelle de l’UE, avec un impôt européen, etc. Le pacte pour l’euro tourne le dos à cette Europe-là.

Entretien réalisé par Yves Housson

5) Henri Sterdyniak (économiste à l’OFCE) « Ils donnent le pouvoir aux pyromanes »

Quelle 
peut être 
la portée de la dégradation, sans précédent, de la note américaine  ?

Henri Sterdyniak. De tout temps, le secteur financier est parasitaire jusqu’à devenir totalement déstabilisant aujourd’hui. Il imagine des scénarios totalement improbables. Les États-Unis ne rembourseraient pas leur dette, la zone euro éclaterait, les pays comme l’Italie ou l’Espagne ne rembourseraient pas leur dette… Cela génère des séquences autoréalisatrices. En s’attaquant à la note d’un pays, les taux d’intérêt de celui-ci grimpent, ce qui le fragilise encore plus. Les marchés se retrouvent alors confortés dans leur prévision. Le cycle infernal est enclenché. On assiste à une nouvelle crise financière dont on ne peut pas encore préjuger de l’importance, mais qui va contribuer à déclencher une nouvelle crise réelle.

N’est-ce pas déjà le cas en France avec l’arrêt brutal de la croissance au deuxième trimestre  ?

Henri Sterdyniak. Le chiffre du premier trimestre était trop fort et s’expliquait par des circonstances exceptionnelles, comme la fin de la prime à la casse. Alors que, dans tous les pays européens, règnent des politiques d’austérité qui pèsent sur la croissance, avec des taux de chômage extrêmement élevés, le scénario le plus probable est celui d’une croissance lente avec une certaine instabilité.

Les réactions des dirigeants politiques face à ce nouvel épisode de la crise 
vous paraissent-elles 
à la hauteur  ?

Henri Sterdyniak. Elles sont catastrophiques. En poursuivant la réduction des déficits par la réduction des dépenses, les gouvernements donnent raison aux marchés. D’autre part, si tous les pays essaient de réduire leur déficit, l’activité chute. Avec une croissance faible, les recettes diminuent, les dettes et les déficits publics s’accroissent, et les marchés replongent. Les dirigeants se livrent à une tâche impossible qui consiste à rassurer les marchés. Ils donnent le pouvoir économique aux pyromanes qui sont responsables de la crise. En France, le gouvernement a fait une réforme des retraites pour rassurer les marchés et, demain, il lancera une réforme fiscale de la santé, une réforme des allocations familiales, ou encore une réforme de l’assurance chômage dans ce même but. La situation est donc préoccupante sur le plan économique, social et politique.

Quelles sont les réformes nécessaires pour arrêter 
le cycle infernal  ?

Henri Sterdyniak. La politique économique qui vise à réduire la dépense publique n’est pas une fatalité. Il faut se ressaisir à l’échelle européenne et à celle du G20. Il faut diminuer le poids des marchés financiers, en garantissant les dettes des États et retirer aux agences de notation le droit de dégrader la note d’un pays. Pour garantir les dettes, la Banque centrale européenne (BCE) doit prendre des mesures pour imposer aux banques l’achat des titres publics à des taux raisonnables et, si nécessaire, elle doit intervenir directement dans le financement des États. La constitution d’un système bancaire public pour financer un certain nombre d’investissements utiles, dans les énergies renouvelables ou les innovations de transformation écologique dans notre industrie, est également indispensable.

Ensuite, la zone euro doit adopter une véritable stratégie de croissance. L’activité économique ne peut pas s’appuyer sur l’endettement des ménages, sur des bulles financières, mais sur les salaires et les revendications salariales. La création d’une banque européenne de développement durable, pour financer des investissements favorisant l’emploi et la transition écologique, peut également être un instrument au service d’une véritable relance de la croissance.

Le chef de l’État 
met l’inscription dans 
la Constitution 
d’une « règle d’or » 
au centre du débat politique. Quel est le danger  ?

Henri Sterdyniak. Nicolas Sarkozy profite de la situation pour faire pression sur une certaine fraction de la gauche. Il ne faut pas que celle-ci apparaisse raisonnable vis-à-vis des marchés. Notre objectif ne doit pas être de réduire à 3 % du PIB notre déficit public en 2013. Notre grand objectif doit être de relancer la croissance, l’emploi, de prendre des mesures fortes contre les marchés financiers et de coordonner la croissance à l’échelle européenne. En mettant dans la Constitution la prétendue « règle d’or », on obtiendra une politique budgétaire totalement corsetée. La contrainte sera tellement forte, qu’elle obligera à des mesures d’austérité supplémentaires.

Entretien réalisé par Clotilde Mathieu

4) COMMUNIQUÉ DU NPA. SOMMET SARKOZY-MERKEL : UN CRAN DE PLUS DANS L’AUSTÉRITÉ

Sans surprise, le sommet franco-allemand débouche sur la réaffirmation de l’austérité.

La sinistre « règle d’or » est confirmée, elle doit être adoptée par les 17 pays de la zone Euro avant l’été 2012. Cette règle d’or est l’inscription dans la constitution de l’obligation de voter des budget à l’équilibre, l’interdiction des déficits. Mais, comme à l’occasion de ce sommet N. sarkozy et A. Merkel annoncent l’harmonisation de l’impôt sur les sociétés entre la France et l’Allemagne, où cet impôt est plus faible, il est clair que l’équilibre budgétaire de la France ne viendra pas d’une augmentation de l’impôts sur les sociétés. Sarkozy continue ainsi son coup de force pour graver l’austérité dans le marbre. Ce qui est clairement visé, c’est une réduction des dépenses publiques, un nouveau rabotage des droits sociaux.

Sarkozy et Merkel annoncent la mise en place d’un « gouvernement économique européen » ils veulent faire croire qu’il vont reprendre la main alors que leur politique est tout entière celle d’une soumission volontaire aux banques et autres fonds spéculatifs. Sarkozy parle avec des trémolos dans la voie de l’axe franco-allemand et il rêve à haute voix, dans la suite de la contre réforme des retraites, d’appliquer ici, la même politique qui a provoqué une baisse brutale des salaires et des allocations en Allemagne.

Ce sommet est une nouvelle provocation, une provocation à construire une mobilisation populaire convergente dans toute l’Europe contre l’austérité, pour refuser de payer la crise du capitalisme, pour l’annulation de la dette.

Il y a urgence à arrêter cette machine infernale qui va broyer la vie des peuples pour satisfaire les banques et le patronat.

Le 16 août 2011

3) L’Élysée prépare un nouveau plan de super-austérité

Le sommet franco-allemand sert de prélude à l’annonce, le 24 août, d’un nouveau plan de rigueur, sur fond de croissance nulle.

Avec une croissance nulle au deuxième trimestre, selon le chiffre publié vendredi par l’Insee, tous les indicateurs de la France sont désormais au rouge cramoisi. Cette donnée parachève le tableau économique d’une France malade d’une consommation qui plonge (- 0,7% au 2e trimestre), d’un chômage en hausse (+ 33 600 chômeurs en juin), d’une dette publique record (1 650 milliards au 1er trimestre) et d’un commerce extérieur au déficit jamais vu (37,5 milliards au 1er semestre). La preuve, s’il en fallait, que la potion économique gouvernementale, à base de coupes claires dans les budgets publics et de gel des salaires (pas de coup de pouce au smic cet été, pouvoir d’achat des fonctionnaires en berne), ne produit pas les bienfaits annoncés, bien au contraire. Mais au lieu d’un changement de cap, l’Élysée prépare l’opinion à une aggravation des choix actuels, en concertation avec la chancelière allemande.

Tandis que Bercy est sur le point de revoir officiellement à la baisse sa prévision de croissance, à l’origine estimée à 2 % sur l’année, Nicolas Sarkozy devrait annoncer, le 24 août, les mesures qu’il compte prendre pour faire face à la baisse des recettes fiscales découlant du coup de frein de la croissance. Dix milliards devront être trouvés en six mois pour respecter l’engagement de contenir le déficit public à 5,7 % du PIB cette année, avec pour objectif de le ramener à 3 % en 2013. Des « engagements intangibles », selon le ministre de l’Économie, François Baroin. Autrement dit  : quelle que soit la situation économique, même si les dépenses sociales et les services publics doivent en pâtir.

Pour l’instant, la droite se borne à évoquer un nouveau coup de rabot sur les niches fiscales (sans préciser lesquelles) pour éviter de parler d’augmentation des impôts, et une contribution des très hauts revenus. Mais d’autres projets sommeillent dans les tiroirs pour 2012 ou avant : TVA « sociale », hausse de la CSG, voire les deux.

Sébastien Crépel, L’Humanité

2) Sarkozy-Merkel : signal fort... tu parles (Lutte Ouvrière)

La énième rencontre entre les deux chefs d’État pour faire face à la crise et rassurer les « marchés » (les gros spéculateurs) aurait été un « signal fort » d’après certains commentateurs. En fait, Sarkozy et Merkel cachent mal leur impuissance derrière des grands mots, comme la création d’un « gouvernement économique européen », qui ne gouvernera pas grand-chose...

Cela ne stoppera évidemment pas la spéculation sur la dette des États. En fait, sous prétexte de limiter au maximum les déficits budgétaires, ils veulent encore aggraver la politique d’austérité que les gouvernements de tout le continent imposent à leurs classes laborieuses.

La seule alternative pour les classes populaires, ce sera la lutte contre toutes les attaques gouvernementales et pour le contrôle d’une économie qui, s’enfonçant chaque jour un peu plus dans la crise, menace toute l’humanité d’une catastrophe majeure.

1) Sarkozy et Merkel : sur le dos des peuples

Les dirigeants français et allemand se rencontrent 
aujourd’hui à Paris pour élaborer des propositions permettant d’accélérer la dérive supranationale, bureaucratique et antisociale de la zone euro. Le film des événements qui éclairent la portée de cette réunion.

Quel sens donner à la rencontre d’aujourd’hui, à l’élysée, entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ? Ce n’est pas une réunion de plus du duo franco-allemand. C’est bien plus sérieux. Officiellement, l’objectif est « de formuler des propositions communes concernant la réforme de la gouvernance de la zone euro avant la fin de l’été ». Il s’agit en fait d’engager une profonde réforme de la construction européenne, de concrétiser le virage fédéraliste entamé par le pacte euro plus, en créant de nouvelles institutions, encore plus éloignées des peuples, encore plus acharnées contre les droits sociaux.

La mise en œuvre de nouveaux plans d’austérité

Le 21 juillet à l’issue du sommet européen extraordinaire, la chancelière allemande avait ainsi précisé les choses : « Nous sommes clairement d’avis (…) que nous devons encore mieux coordonner entre nous notre politique économique et financière. » Une drôle de coordination, en vérité. Il ne s’agit pas de s’entendre pour soulager les peuples des maux qui les accablent : chômage, précarité, bas salaires, pauvreté, recul des services publics… Ce qui serait fort utile. Non, le projet est de créer de nouvelles structures chargées de coordonner l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’austérité, particulièrement pour le sud de l’Europe. Mais aussi pour… la France. Pour s’en convaincre, il suffit de revoir le film de ce qui s’est passé au cours de la première quinzaine d’août.

Le 5 août, l’agence de notation Standard & Poor’s annonce qu’elle baisse la note de la dette publique américaine, la spéculation sur les dettes publiques de la zone euro s’intensifie, les places financières internationales s’effondrent.

Le soir du dimanche 7 août, après concertation, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy publient un communiqué qui apparaît comme une véritable mise en demeure de l’Italie. Berlusconi, en difficulté, qui envisageait de donner un peu de temps à son plan d’austérité, est sommé d’opérer « une mise en œuvre rapide et complète des mesures annoncées ».

Quand la BCE dicte son programme à l’Italie

Le lendemain, 8 août, l’on apprend que Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), a écrit au chef du gouvernement italien pour lui dicter un plan détaillé de mesures à appliquer immédiatement. C’est sans précédent, un véritable coup d’État institutionnel, jamais la BCE ne s’était permis de dicter son programme à un gouvernement ! L’institution monétaire change de statut sans que ce soit le résultat d’une décision démocratique des Parlements nationaux et européens.

Le mardi 9 août, le ministre de l’Économie et vice-chancelier allemand, Philipp Rösler, réclame la création d’un « conseil de stabilité » qui serait chargé de suivre la mise en œuvre des mesures d’austérité dans la zone euro et pourrait sanctionner les mauvais élèves sans consultation ni des gouvernements ni des assemblées élues. Précédemment, Jean-Claude Trichet – encore lui – avait réclamé la création d’un ministère des Finances de la zone euro.

Le vendredi 12 août, l’Insee annonce que la croissance française a été nulle au deuxième trimestre de 2011. On peut supposer que dès la réunion du 10 août, à l’Élysée, avec François Fillon, Alain Juppé, François Baroin et Valérie Pécresse, le chef de l’État était déjà au courant. En vérité, il s’agit de bien plus que d’une simple information statistique. Comme la Commission de Bruxelles l’a à plusieurs reprises notifié à la France, elle tend en effet à démontrer que Nicolas Sarkozy et son équipe ont établi leur programme de retour à un déficit limité à 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2013 sur des hypothèses de croissance totalement irréalistes : 2 % en 2011 et 2,5 % en 2012 et 2013. On peut penser que le forcing d’Angela Merkel en faveur du pacte euro plus, le « pacte des rapaces », s’il visait prioritairement les pays du Sud, n’écartait pas pour autant le voisin français.

Le samedi 13 août, une semaine plus tard, c’est chose faite en Italie : un deuxième plan de réduction du déficit de 48 milliards d’euros est adopté après le précédent de 70 milliards.

L’Élysée d’emblée placé sur la défensive

Ce 16 août, dès l’ouverture de la réunion de cet après-midi entre les deux dirigeants français et allemand, l’Élysée va d’emblée être placé sur la défensive. Angela Merkel ne va pas se priver de demander des comptes et peser pour que les mesures supplémentaires d’austérité, qui doivent être décidées le 24 août par l’équipe de Nicolas Sarkozy, ramènent la France dans le fil du pacte. Elle sera également en position de force pour exiger que « la nouvelle gouvernance » de la zone euro soit conforme à ses exigences d’un coût minimum et d’un profit maximum pour l’Allemagne.

Les dirigeants allemands ont besoin de la France pour faire plier les peuples du Sud, d’abord en donnant l’exemple, en se soumettant elle aussi aux dispositions injustes, régressives et antidémocratiques du pacte. Mais contradictoirement, cette pression peut aussi resserrer les solidarités de lutte entre les Indignés espagnols, grecs, les mouvements sociaux de France, d’Italie et d’Allemagne également. Reste à la gauche française d’être à la hauteur de l’enjeu.

Les marchés nerveux

Séance en yo-yo hier 
à la Bourse de Paris. 
Elle avait ouvert en positif 
puis était brièvement passée dans le rouge après que Berlin eut écarté la question 
des euro-obligations du menu des discussions du sommet franco-allemand de mardi. Dans l’après-midi, elle avait rapidement rebondi, profitant notamment de l’ouverture 
en nette hausse de Wall Street, en affichant un +1,33 % 
en milieu d’après-midi. En clôture, le CAC 40 finissait à +0,78 % et la Bourse 
de Francfort affichait 
un petit + 0,41%.

Pierre Ivorra, L’Humanité


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