Enveloppes d’argent liquide : Nicolas Sarkozy mis en cause dans l’affaire Bettencourt (article Le Monde)

mardi 20 décembre 2011.
 

L’affaire Bettencourt revient, à travers "Sarko m’a tuer", un livre signé par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, deux journalistes du Monde, qui compile les témoignages de 27 personnalités allant de David Sénat à Dominique de Villepin ayant eu maille à partir avec le président de la République.

Parmi elles, la juge de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, aujourd’hui dessaisie de l’affaire Bettencourt. Dans les pages 135-136 du livre, elle affirme qu’un témoin a vu Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidentielle, se faire remettre des espèces chez la milliardaire.

D’après la juge Prévost-Desprez, des témoins ont vu Nicolas Sarkozy recevoir des enveloppes d’argent liquide au domicile de Liliane Bettencourt

Interrogée par les auteurs du livre, Isabelle Prévost-Desprez dit avoir été frappée par la peur des témoins lors de ses investigations sur un volet du dossier Bettencourt. Priée de dire ce que craignaient ces témoins, la magistrate répond :

"Ce qui m’a frappée dans le supplément d’information que j’ai conduit, c’est la peur des témoins (...). Ils étaient effrayés de la violence avec laquelle Claire Thibout [alors comptable de Mme Bettencourt] avait été déstabilisée, ils ne voulaient pas connaître son sort. (...) Les témoins me demandaient avec crainte : ’Dites, on ne va pas voir l’autre ?’ L’autre, c’était Courroye [procureur de Nanterre]. Donc, les témoins avaient peur de parler sur PV à propos de Nicolas Sarkozy", affirme la juge.

"L’un d’eux, hors procès-verbal, m’a dit qu’il avait vu des remises d’espèces à Sarko." La magistrate poursuit : "Je suis certaine que Metzner [avocat de la fille de Liliane Bettencourt] aurait fait citer l’infirmière de Liliane Bettencourt, qui a confié à ma greffière, après son audition par moi : ’J’ai vu des remises d’espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais pas le dire sur procès-verbal.’"

La comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thiboult, avait déjà évoqué des remises d’espèces, mais d’une façon vague. "Bref, ce procès représentait pour l’Elysée un risque majeur, il y avait 90 % de chances pour que ce soit déflagratoire. Il fallait me faire dessaisir, par tous les moyens. Il était impératif de me débarquer", poursuit la juge.

Rapidement, la juge affirme se sentir épiée. "J’ai été l’objet de surveillances, c’est une évidence, mais je n’en ai rien à faire, je peux tout assumer dans ma vie, même si ça m’ennuie de savoir que certains utilisent des éléments de ma vie privée pour tenter de m’affaiblir. J’étais persuadée d’être sur écoute. Des écoutes illégales, à mon avis. Cela a toujours été clair pour moi, je ne me pose même plus la question", lâche-t-elle.

Isabelle Prévost-Desprez a été dessaisie à l’automne 2010 au profit du tribunal correctionnel de Bordeaux, qui a hérité de l’ensemble du dossier.

Cette version est démentie par l’Elysée : "Ce sont des allégations scandaleuses, infondées et mensongères."


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