Face au pouvoir de l’argent, la République jusqu’au bout  !

lundi 26 septembre 2011.
 

Que faire face à la mise en examen du président du conseil général des Bouches-du-Rhône  ?

Par Jean-Marc Coppola, Vice-président de la Région PACA, Conseiller municipal de Marseille, membre du Comité exécutif national du PCF.

La mise en examen du président du conseil général des Bouches-du-Rhône est une mauvaise nouvelle pour la démocratie et la République. L’ampleur du phénomène médiatique crée un climat que nous ne pouvons ignorer. Il est, bien entendu, fondamental de respecter la présomption d’innocence et de laisser la justice terminer son travail sans en devancer les conclusions. Évidemment, il serait plus confortable de participer au concert général mais le concours de celui qui crie le plus fort ne m’intéresse pas. Que ce soit clair  : je ne cautionne rien et n’ai personne à défendre. Les faits évoqués, s’ils sont avérés, méritent sanction car ils constituent une grave trahison de l’intérêt général.

Je suis cependant effaré par l’instrumentalisation politique grossière de cette affaire, chacun espérant faire la différence sur le terrain judiciaire en lieu et place du terrain politique. C’est le cas de la droite, qui espère escamoter le débat sur l’austérité et les raisons de la violente crise que nous traversons et faire oublier ses propres problèmes judiciaires. C’est le cas dans le cadre des primaires socialistes, où la surenchère est de mise. C’est le cas chez Europe Écologie-les-Verts, dont le discours s’approche dangereusement du « tous pourris ». Et c’est le cas de l’extrême droite, qui n’a aucune leçon à donner en la matière.

Les opérations de lapidation en place publique ne m’intéressent pas, elles ne font avancer ni la justice ni les pratiques démocratiques. Il est clair que les soupçons qui pèsent sur des élus des Bouches-du-Rhône et d’ailleurs alourdissent le climat de défiance à l’égard des responsables politiques et creusent un peu plus le fossé avec les citoyens. Le malaise est palpable. Tout cela participe fortement au rejet de la politique, alimente la résignation et entraîne les électeurs vers l’abstention et l’extrême droite. En tant qu’élu, je suis aussi inquiet, à l’heure où l’on tente partout en Europe de les évaporer pour laisser le champ libre à des décideurs non élus, de voir le fonctionnement de collectivités de la République perturbé et leur crédit entamé. Il nous faut donc combattre avec la plus grande fermeté la corruption, par la transparence et le contrôle citoyen de l’utilisation des fonds publics. Le système des appels d’offres ne règle pas tout et la politique du mieux-disant en termes de prix est une catastrophe pour les salariés comme pour les réalisations concernées.

L’argent est devenu de façon inédite et inouïe le centre de tout. Et c’est par une connivence aggravée que l’impuissance politique face aux puissances de l’argent a été instituée comme règle d’or. C’est ainsi que s’installe la corruption, qui est en réalité un mode de vie du capitalisme, dont on sait bien qu’il n’est pas « moralisable ».

Je pense que le mot « corruption » devrait être appliqué à toutes les opérations de privatisation de l’espace et des biens publics. Et plus largement, à tous les actes qui entretiennent la suprématie des marchés financiers sur le politique et le bien commun, parfois même en toute légalité. On peut privatiser, attribuer des marchés, vendre des villes entières à la découpe, brader des logements sociaux, organiser le dépérissement de l’école, ponctionner les mutuelles, saper les fondements de la Sécurité sociale et bien d’autres choses encore, pour aider ses amis entrepreneurs ou même sa famille qui a investi dans des assurances privées. On peut décider d’interdire aux États de se financer auprès des banques centrales pour privilégier ses amis banquiers et boursicoteurs. On peut décider de supprimer les communes, les régions et les départements pour que les marchés financiers ne rencontrent pas d’obstacles et pour favoriser une uniformisation culturelle dramatique. Ce système alimente et accélère la crise financière, économique et sociale que nous connaissons.

Il est urgent d’agir pour mettre fin à l’impuissance politique organisée qui la conduit à ne plus servir l’intérêt général et peut la condamner à ne servir au bout du compte que des intérêts trop particuliers. Il faut 
réhabiliter la politique dans ses pratiques, ses capacités et ses objectifs. Le temps est venu de réinventer notre démocratie en fondant une nouvelle République qui repose sur 
l’intervention citoyenne active et permanente dans tous les choix qui influencent nos vies et à tous les niveaux de décision. Retrouver du sens, recréer du collectif et des rêves partagés, refaire, vraiment, du commun, là est notre mission. Et non de cantonner la liberté, l’égalité et la fraternité aux discours qui habillent la société de consommation, de spéculation et d’accumulation.

Cette aspiration est au cœur du projet que le Front de gauche veut construire et partager avec nos concitoyens dans la perspective d’une alternative. Oui, avec les hommes et les femmes, nous voulons construire. Notre vigilance doit être totale pour que les pratiques politiques soient irréprochables, sans pour autant participer à des gesticulations politiciennes qui ne conduisent pas aux prises de conscience permettant à chacune et chacun d’être actrice et acteur du changement.

Il y a besoin d’une nouvelle dynamique politique pour notre peuple qui devra s’incarner dans l’édification d’une VIe République.

Jean-Marc Coppola


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