Après ce grand succès de l’édition 2011 de la Fête de l’Humanité, c’est promis "On lâche rien !"

lundi 3 octobre 2011.
 

Après un tel succès pour cette édition 2011 de la Fête de l’Humanité, comme le chante le groupe HK et les saltimbanques : On lâche rien ! Quelle foule, quel nombre ! Aucune autre force politique n’est en capacité d’organiser pareil évènement. Je dis bien aucune, sinon, elle l’aurait déjà fait. A La Courneuve, les centaines de milliers de participants ne viennent pas seulement en raison du rayonnement de tel ou tel artiste, mais bien parce qu’ils savent qu’ils sont là à un endroit unique, inédit : un morceau de l’Histoire de France et surtout de celle de la gauche. L’oublier, c’est ne rien comprendre à notre pays. C’est la grandeur du PCF et du journal fondé par Jean Jaurès que d’avoir pu maintenir ce rendez vous avec un tel éclat.

Cette année, en raison du Front de Gauche, la Fête avait une couleur toute particulière. Jean-Luc Mélenchon, le candidat commun de cette alliance inédite a pu goûter combien désormais il était « le » candidat du Front de Gauche. Pour moi, qui l’ai accompagné lors de déplacements dans les allées du Parc de La Courneuve, j’ai mesuré avec quelle ferveur il avait été adopté par ce grand peuple de gauche. Nous voilà en ordre de marche. Plus de 50 000 programmes du Front de Gauche "L’Humain d’abord !" ont été vendus en trois journées. Quel plaisir aussi de voir trois des candidats à la primaire socialiste, venir dans le stand du Front de Gauche pour saluer Jean-Luc. Cela démontre la place que nous occupons désormais. Lors des élections cantonales, le Front de Gauche avec 10,38 % des voix sur le plan national s’est affirmé comme la deuxième force à gauche, devant Europe Ecologie – Les Verts. Ce résultat ne peut échapper à personne de sérieux. C’est cela qui explique la présence des trois dirigeants socialistes samedi, et non je ne sais quelle politesse. Avec ces gens là, seule la force du suffrage universel peut les contraindre à ce que je considère comme un respect minimum. En disant cela, je pense surtout à Martine Aubry et Ségolène Royal. J’observe que cette dernière se bat avec une énergie qui force le respect et compte encore de fervents supporters, mais elle patine, étrillée parfois de manière blessante par des observateurs qui la flattaient honteusement il y a 5 ans. A propos d’Aubry, je constate que malgré de nombreux soutiens, elle ne déclenche aucune ferveur. C’est un vote de raison, un peu blasé et fataliste du type "c’est ce qu’il y a de moins pire". Peut être l’emportera-t-elle finalement, mais dans ces conditions, elle ne place pas tous les atouts de son coté. Et je n’oublie pas qu’elle compte dans ses soutiens un cocktails assez hétéroclytes de fabiusiens, delanoïstes, emmanuellistes et d’ex strauss-kahniens, dont Jean-Paul Huchon, le Président de la région Ile-de-France, qui, il y a quelques mois considérait Mélenchon comme « pire que Le Pen ». La phrase m’est restée en travers de la gorge. Il ne s’est pas excusé depuis. Aubry n’a jamais condamné cette insulte, qui nous a tous blessé au PG, malgré le courrier que nous lui avions adressé solennellement à l’époque. Mais, désormais, elle vient saluer Jean-Luc Mélenchon à la Fête de l’Humanité. C’est dire finalement, la valeur qu’elle accorde aux propos d’un de ses principaux soutiens.

Je place sur un plan différent la rencontre d’Arnaud Montebourg avec Mélenchon. Elle a un sens idéologique et une cohérence réelle. Nous sommes, comme on dit, sur la même longueur d’onde. A présent, dans cette primaire du PS, Montebourg défend des idées que nous portons haut avec le Front de Gauche depuis les trois dernières élections. Tant mieux. Il a cessé de flotter. En 2007, lors du choix du candidat socialiste, il avait préféré soutenir dès le début Ségolène Royal, qui enterrait alors le vote « non » au TCE en 2005, plutôt que le seul candidat socialiste (parmi les trois possibles) ayant défendu cette position, c’est-à-dire Laurent Fabius. J’admets que ce dernier, par ses errements multiples, a de quoi rafraîchir les cœurs les plus ardents. Mais, dans ce débat majeur sur l’Union européenne, il avait adopté une position juste. Arnaud Montebourg en étant absent de cette bataille m’avait alors fortement déçu. C’était déjà le cas deux ans auparavant quand il avait préféré ne pas mener campagne publiquement pour le vote "Non" le 29 mai 2005. C’est pourtant grâce à ce non majoritaire que sa démarche en 2011 a une audience particulière. Nous avons démontré que notre critique de l’Europe libérale est majoritaire. Montebourg a changé tant mieux. L’homme est habile et talentueux. Je dois dire que lors du débat TV de mercredi 15 septembre avec les candidats, il fut le seul, selon moi, à faire entendre un projet politique à la hauteur de la crise. Pour les cinq autres, le robinet d’eau tiède coula pendant près de trois heures. Ce fut long et ennuyeux. Bref, qu’importe.

Pour ma part, je ne crois pas (ou plus) en la possibilité pour le PS d’être poreux majoritairement à cette attente du peuple de gauche. Montebourg sera battu (au fait, je suis encore estomaqué de constater que la « gauche du PS » regroupée derrière Benoit Hamon ne le soutient pas. Terrible logique d’appareil où l’on apprend à des militants à ne pas défendre publiquement leurs idées. Dommage, ils devraient venir nous aider, ils nous manquent). Dans ces primaires, les gens qui viendront voter, dans leur grande majorité, confirmeront ce que les sondages leur disent sans plus d’explication rationnelle : le mieux placé c’est François Hollande, le "miraculé" des sondages bidonnés. C’est lui qui a été choisi, sitôt que DSK a commis sa désormais célèbre « faute morale ». Vous savez ce geste « inapproprié », dû peut-être à « un complot » (au passage, quelle honte cette prestation de l’ancien Directeur du FMI dimanche soir sur TF1) . Les jeux d’appareils et les baronnies locales déformeront peut être cette tendance lourde, mais il est même possible qu’ils l’accentuent encore plus. Un notable socialiste n’aime pas perdre et soutenir le mauvais cheval. Cela peut changer d’ici quelques semaines, en raison d’un évènement inattendu, mais pour l’heure on en est là. J’ai connu ce phénomène quand j’étais encore au PS en 2007 ; dans ce genre de scrutin il est impossible d’aller à rebours de l’opinion publique construite par de puissants outils. C’est possible avec des mois de campagne, pas dans une blietzkrieg médiatique. Les quelques confrontations télévisées avec les six candidats seront insuffisantes pour construire une conscience éclairée. C’est dans les journaux et devant leurs écrans que les votants se forgeront pour l’essentiel une opinion. Ces émetteurs se sont pour l’essentiel clairement exprimés : Hollande le matin, Hollande le midi, Hollandele soir... L’affaire semble hélas pliée. Et si ce n’est lui, ce sera Martine Aubry même si elle n’arrive pas à parler de façon audible une langue plus à gauche. Il semble qu’elle ne le veut pas. Mais la suite ? Quid, après le vote de la primaire ? Que faire pour Montebourg ? Tout risque de finir pour lui, quand tout commencera vraiment pour notre peuple... Aîe, aië, aïe. Drôle de Général en chef qui prépare ses troupes, les arme et les motive, pour vraisemblablement les faire revenir sous la tente quand la bataille face à la droite aura commencé. Quel chef de guerre accepterait de définir ainsi une brillante stratégie, puis finalement passerait sous le contrôle d’un autre, tout en sachant pertinemment, et en l’ayant répété publiquement, que ce dernier mène à la défaite ? Il y a là une légère contradiction et de quoi assécher les coeurs. Comme en 2005, Montebourg acceptera-t-il la logique interne du PS (fusse-t-elle à présent élargie à des primaires) ? L’heure est à l’audace et la seule discipline qu’il faut accepter est celle de nos convictions. Basta. Ces dilemnes nous font perdre du temps. Personnellement, c’est en participant à la fondation du PG que j’ai tranché tout cela. C’est devant les électeurs, nos seuls souverains, qu’il faudra porter ses idées (qui sont d’ailleurs les nôtres, car l’ami Arnaud possède une belle capacité d’emprunts et de recyclage.. mais chut, ici c’est pour la bonne cause). C’est là toute l’utilité, et même le caractère irremplaçable, de la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour le Front de Gauche, ce formidable outil. Elle seule s’adressera au suffrage universel en avril 2012. C’est à dire concrètement, non pas les un ou deux millions qui se déplaceront pour voter (ce qui serait déjà beaucoup) dans cette primaire, mais les 44,4 millions d’inscrits sur les listes électorales. Raison de plus pour soutenir Jean-Luc Mélenchon dès maintenant.

Sinon, durant cette fête, j’ai eu le plaisir d’organiser un passionnant débat avec Caroline Fourest et Laurent Maffeis sur le Front national. Tout cela est raconté sur le site du Parti de gauche. Les deux orateurs furent très efficaces pendant près de deux heures, convaincant car précis, et un débat de qualité (mais évidemment trop court) s’en est suivi. C’est assez habilement que Caroline a décrit comment le FN était d’un opportunisme total sur des sujets économiques ou sur la laïcité. Elle a rappelé notamment qu’il y a quelques années, le FN était contre l’interdiction du port du foulard à l’école, car il ne souhaitait pas que l’on interdise aussi les signes religieux catholiques. Puis, Laurent a démonté avec une grande finesse les propositions sociales du FN, démontrant qu’avec ce parti les travailleurs avaient tout à craindre sur les conquêtes sociales qu’ils ont arraché. A écouter Laurent Maffeis, on comprenait bien combien le Fn de Marine Le Pen est avant tout un parti pour les petits patrons réactionnaires qui veulent moins payer leurs ouvriers et restreindre les droits des organisations syndicales. Par la suite, chacun a pu dédicacer de très nombreux ouvrages. Je répète une nouvelle fois que je vous invite à acheter le livre de Laurent Mafféis "Les cinq mensonges du FN, réplique à Marine Le Pen" (éditions Bruno Leprince) et celui de Caroline, qui se nomme plus sobrement "Marine Le Pen" aux éditions Grasset. Cette dernière est toujours pour moi un point de référence, même si parfois nous ne sommes pas d’accord. Et son exigence, notamment sur la laïcité, lui fait honneur. Je crois qu’elle a passé un moment agréable sur la stand du PG. Beaucoup de camarades sont venus me dire combien ils avaient apprécié sa présence.

Ces trois jours se sont conclus par un moment très fort : le discours de Jean-Luc Mélenchon sur la grande scène de la Fête. Il est intervenu dimanche à 15h00 après Patrick Le Hyaric, Directeur de l’Humanité, et avant Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF. Sur la tribune, le hasard a fait que j’étais juste derrière Jean-Luc. A cette occasion, j’ai mesuré toute la puissance de la charge émotive que représente de s’exprimer devant une foule compacte de plusieurs milliers de personnes. Derrière l’épaule de Jean-Luc, en le voyant relire ses notes avant son discours, j’ai pu voir tous ces visages concentrés tendus vers lui lorsqu’il s’exprimait. Je les ai vu exploser dans un grand cri mêlé d’un tonnerre d’applaudissement, lorsque Jean Luc s’est exclamé : "Résistez ! Résistez !". Tout cela donne une force qui sera utile au candidat pour tenir le choc durant les mois qui viennent. Je sais que Jean-Luc a particulièrement apprécié ce grand moment. Il ne fut pas le seul. Pierre Laurent fut très percutant aussi. De mon point de vue, il fit mouche avec cette formule très audacieuse et courageuse pour un dirigeant communiste : « Un mot à l’attention de mes amis socialistes et d’Europe Ecologie/Les Verts. Il y a vingt ans vous nous disiez : "Soyez démocratiques !" et nous sommes devenus démocratiques. Il y a dix ans, vous nous disiez : "Soyez écologistes !"et nous sommes devenus écologistes. Alors aujourd’hui, à vous, amis socialistes et écologistes, nous disons : Soyez de gauche ! ». Dimanche, lors du journal de 20h00 de TF1 en présence exclusive de DSK, il ne fut dit aucun mot sur la Fête de l’Humanité ! Rien. Le plus grand meeting de gauche de toute l’année, passé sous silence. Incroyable. Mais, il est vrai qu’il y avait plus important ce soir là… Que s’est-il passé dans une chambre d’un hôtel de luxe de Manhattan ?

Voilà donc une nouvelle étape franchie avec brio. D’autres viendront.

Je voudrais rendre hommage à l’association Anticor grâce à qui une voix indépendante s’est fait entendre lors du procès de Jacques Chirac sur « les emplois fictifs de la Ville de Paris » qui se déroule actuellement. Cette association a sauvé l’honneur. Pour ma part, je ne regrette rien de la prise de position que nous avions prise avec Danielle Simonnet en septembre 2010, lorsque nous avions demandé que la Ville de Paris reste présente dans ce procès. On voit le résultat à présent. Ce scénario était écrit d’avance. Seuls les naïfs seront surpris. J’ai lu hier que le procureur a encore demandé la relaxe pour l’ancien président de la république. Quelle honte pour notre pays ! Là, l’absence de la Ville de Paris se fait cruellement sentir. Justice ne sera donc pas rendue. Allez exiger dans les quartiers populaires un comportement exemplaire auprès de gens qui ont du mal à joindre les deux bouts, quand la justice est à ce point ridiculisée par des gens ayant exercé des responsabilités de premier plan.


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