SOS FLORANGE "On ne veut pas mourir et on ne mourra pas !"

samedi 15 octobre 2011.
 

4) Histoire d’un SOS (CFDT)

Beaucoup ont pu remarquer le « SOS » qui illumine la ville de Hayange à la nuit tombée. D’aucun pense que cet appel au secours a été installé par la ville ou par une structure quelconque. Que nenni. Ce logo a été pensé, payé et installé par la CFDT d’ArcelorMittal de Florange.

Un clin d’oeil à l’histoire...

Cet appel de détresse prend ses racines en décembre 1978 à Longwy lorsque les usines sidérurgiques du bassin étaient en danger de mort. Les équipes CFDT avaient alors lancé un appel au secours à l’ensemble de la population et aux pouvoirs publics de l’époque. Le SOS de Longwy avait été installé sur le lieu le plus haut de la ville, le crassier, haut de plusieurs centaines de mètres. Les militants avaient tout convoyé à dos d’âne et à la force du poignet les lettres qui pesaient plusieurs centaines de kilos. D’un rouge flamboyant, le SOS éclairait toute la ville de Longwy. Hélas, on connait tous l’issue fatale de ces usines.

...pour qu’elle ne se répète pas

Face à la gravité de la situation, la CFDT de Florange a voulu lancer à son tour un appel au secours. Donc, vendredi dernier, une vingtaine de militants CFDT ont pris leurs pelles et leurs pioches pour creuser les fondations du SOS qui illumine la Vallée de la Fensch. Durant plus de 10 heures ils ont oeuvré pour installer ces 3 lettres hautes de 3 mètres et fixées sur des piliers perchés à 7 mètres.

Au-delà de ce signal de détresse, la CFDT veut surtout réveiller les consciences et les mémoires pour que l’histoire de Longwy ne se répète pas. L’usine de Florange doit vivre et elle vivra. Ses atouts industriels, économiques et sociaux sont indiscutables. Le Groupe ArcelorMittal veut, pour des raisons purement financières, affaiblir la filière liquide de Florange. Si chacun prend conscience que l’heure est grave et qu’il décide de bouger, alors nous pourrons sauver le site et ses emplois. Sinon, le futur sera noir. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas, qu’il ne pensait pas que ça irait aussi loin, non personne n’aura d’excuse. C’est maintenant que nous pouvons changer le cours de l’histoire, avec vous, avec nous, notre seule force c’est nous ! Voilà le sens de ce SOS qui éclairera la ville tant que les hauts fourneaux ne redémarreront pas.

C’est cadeau

En conclusion de ce petit récit, la CFDT souhaite dire à celles et ceux qui veulent « s’accaparer » ce symbole qu’elle leur « offre » en cadeau. Non, rien à payer. Pas de travaux à prévoir. Rien. Tout a déjà été fait. Seulement du respect et du soin pour que tous ceux qui passent dans cette belle vallée, sachent qu’un territoire entier est en danger et qu’un appel au secours

3) "Vous nous avez tué Gandrange, mais vous n’aurez pas Florange !’"

"On ne veut pas mourir et on ne mourra pas !" Les syndicats de l’usine ArcelorMittal à Florange (Moselle) sont remontés et le font savoir, lundi 3 octobre, à la veille de la mise à l’arrêt du haut fourneau P6, le dernier encore en activité en Lorraine. "Mardi, en début d’après-midi, c’est la dernière coulée", confirme au Monde.fr Edouard Martin, délégué CDFT au comité central d’entreprise du n° 1 mondial de la sidérurgie.

ArcelorMittal avait annoncé début septembre la fermeture pour une durée indéterminée de ce haut-fourneau en la justifiant par une baisse saisonnière de l’activité. "Cette mise en veille est conjoncturelle, temporaire et provisoire", avait assuré Thierry Renaudin, le directeur du site spécialisé dans la fabrication d’aciers à très haute valeur ajoutée. Les syndicats CGT, CFDT, FO et CFE-CGC estiment au contraire que la fermeture du P6 est "définitive" et constitue "l’arrêt de mort de la filière liquide en Lorraine" en détruisant un millier d’emplois sur les 3 000 du site, ont-ils déclaré à l’AFP.

"M. Renaudin n’en sait rien !, assure encore le syndicaliste de la CFDT. Le seul qui décide, c’est M. Mittal, donc on ne croit pas ce que le directeur du site nous dit."

"BEAUCOUP DE COLÈRE, D’INQUIÉTUDE ET DE L’ABATTEMENT"

Chez les quelque mille sidérurgistes affectés au P6, qui seront répartis dans différentes unités de l’usine ou mis au chômage partiel, "il y a beaucoup de colère, d’inquiétude et de l’abattement pour certains", confie Edouard Martin. "On arrête notre outil de travail et en plus on nous donne aucune visibilité ! Nous craignons que cela aboutisse à une liquidation totale. Je l’ai dit à la direction : ’Vous nous avez tué Gandrange, mais vous n’aurez pas Florange !’" Allusion à l’aciérie de Gandrange (Moselle), où 600 emplois ont été supprimés en 2008, malgré les promesses de Nicolas Sarkozy un an plus tôt. "Nous sommes vraiment en colère contre la politique boursière du groupe Mittal", renchérit Jacques Minet, délégué CFDT d’ArcelorMittal Florange, joint par Le Monde.fr.

Du côté des syndicats, on ne croit pas aux promesses des ministres de l’industrie, Eric Besson, et du travail, Xavier Bertrand, qui ont assuré la semaine dernière que le groupe "excluait tout recours à des licenciements dans le cadre de l’arrêt temporaire" du P6, après avoir reçu le directeur général d’ArcelorMittal en France.

"LA GRANDE MAJORITÉ VA SE RETROUVER EN CHÔMAGE TECHNIQUE"

"En fait, la grande majorité des salariés du haut fourneau P6 va se retrouver en chômage technique car il n’y a pas de places pour tout le monde", assure au Monde.fr Jacques Minet. Chaque salarié est reçu personnellement par la direction pour faire le point sur sa situation... et son avenir. "Une soixantaine devrait alterner entre des périodes de chômage et de formation."

Plusieurs pourraient travailler sur le site de Florange sur une autre activité. Certains autres peuvent être détachés sur les hauts fourneaux de Dunkerque et à la Fos-sur-Mer. Le groupe propose aux salariés d’aller travailler sur ces deux sites "sur la base du volontariat", précise M. Martin. "Mais personne n’a encore accepté", selon lui. "Cela devrait concerner très peu de personnes. La plupart vont être au chômage partiel", prévoit M. Minet.

"UNE ACTION SYMBOLIQUE" PRÉVUE MARDI

Eric Besson avait déclaré espérer un redémarrage du haut fourneau "pour le début de l’année prochaine". C’est justement ce qu’espèrent les syndicalistes, qui assurent "ne pas avoir baissé les bras". Après la manifestation, qui a réuni quelque 1 500 personnes samedi à Hayange (Moselle) à l’appel de l’intersyndicale pour exiger le maintien en Lorraine d’une activité sidérurgique, les syndicalistes ont prévu "une action symbolique" pour mardi.

Et ce ne serait que le début de la mobilisation, assurent-ils. "Dans les prochains jours, on va maintenir la pression en menant des actions coup de poing", prévient Edouard Martin, vindicatif. "Nous avons vécu la fermeture du dernier haut fourneau comme une déclaration de guerre donc on utilisera tous les moyens à notre disposition pour l’empêcher."

Alexandre Lemarié

Source :

http://www.lemonde.fr/economie/arti...

2) Fermeture du dernier haut-fourneau en Lorraine (communiqué PS)

Un drame industriel, un manquement à la parole présidentielle

« Mittal Steel mesure l’importance que la Lorraine attache à l’industrie sidérurgique. Aucune suppression d’emplois n’aura lieu en Lorraine. Le groupe continuera à investir dans la recherche et le développement ». Tel était l’engagement de Lakshmi Mittal en juin 2006.

Pour quelle réalité ? Le dernier haut-fourneau lorrain en activité, spécialisé dans la fabrication d’acier à très haute valeur ajoutée, ferme aujourd’hui pour une durée indéterminée.

Pertes d’emplois, disparition de savoir-faire, précarisation des bassins de vie, cette annonce est un coup très dur pour les salariés et les autres activités de la région. Après la fermeture du site de Gandrange et la prolongation de l’arrêt du second haut-fourneau de Florange, cette décision pourrait signifier la disparition de la « filière liquide » d’excellence dans la région.

Pourtant, dès les annonces de fermeture des installations de Gandrange, en février 2008, le président de la République avait promis que le site et les emplois resteraient en France, envisageant même que l’État se substitue au groupe pour la prise en charge de certains investissements.

Ce manquement à la parole donnée – à l’instar des engagements partiellement tenus chez Renault Sandouville, autre usine où le chef de l’Etat s’était déplacé pour annoncer – rend plus douloureuse encore la désindustrialisation à l’oeuvre dans le pays. Depuis 2007, le Gouvernement n’a défini aucune stratégie pour préserver et développer notre appareil productif, opérer sa conversion technologique et écologique, rapprocher les entreprises, les universités et les centres de recherche, forger les filières d’avenir et leur donner l’armature financière pour innover et exporter.

Notre industrie a besoin d’une politique industrielle cohérente et ambitieuse, orientée vers le long terme, au service des hommes et des produits, pas des actionnaires et du profit. La réindustrialisation de la France est au coeur du projet socialiste pour 2012. Plusieurs changements forts y sont énoncés : la création d’une banque publique d’investissement industriel déclinée sous forme de fonds régionaux et dont les prêts seront conditionnés (plans de maintien ou de création d’emplois, encadrement des dividendes, excellence environnementale et sociale) ; la modulation de l’impôt sur les sociétés selon que les bénéfices sont réinvestis ou distribués aux actionnaires ; la mise en place du principe « délocaliseur-payeur » ; la formation des salariés et la création d’une véritable sécurité sociale professionnelle.

Face à l’urgence économique et sociale, il y a urgence pour l’industrie en France. Le Gouvernement doit agir : la Lorraine et l’ensemble de nos régions ont besoin d’un Gouvernement de volonté, non de passivité.

Communiqué de Guillaume BACHELAY

Secrétaire national du PS à l’industrie, aux entreprises et aux nouvelles technologies

1) Fermeture de Florange : Une « démarche spéculative » pour les syndicats

La baisse des commandes avancée par ArcelorMittal Florange pour justifier la fermeture du dernier haut-fourneau ne convainc pas. Les syndicats voient plutôt un moyen dissimulé de maintenir des prix élevés sur les produits finis.

Alors qu’un des deux hauts fourneaux de l’usine d’ArcelorMittal de Florange a cessé son activité le 6 juillet dernier, la direction regrettait hier une baisse de la production. La solution ? Fermer le deuxième et dernier haut-fourneau du site. Une décision annoncée jeudi 8 septembre aux syndicats et qui prendra acte dès le 3 octobre. « La direction espère redémarrer un des hauts-fourneaux au mois de janvier 2012. Autant dire que nous sommes dans une grande incertitude » regrette Edouard Martin, délégué CFDT joint par l’Humanité. Durant la période d’arrêt des machines, la direction ne compte pas investir dans l’entretien des outils. « C’est très grave. Les machines perdront encore en rentabilité » continue Edouard Martin, consterné.

Près 3000 salariés concernés

La direction accuse une baisse des commandes due à la conjoncture économique. Des propos qui exaspèrent Yves Sabbri, secrétaire CGT dans l’entreprise. « Avec un bénéfice net de 2,6 milliards de dollars au premier semestre 2011, le groupe est loin de subir la crise actuelle » explique-t-il. Près de 1000 salariés affectés au haut-fourneau P6 seront mis au chômage partiel ou répartis sur le reste des unités des l’usine. 405 intérimaires seront remerciés avant la fin du mois. Les plus de 300 sous-traitants, en général des petites entreprises, devront également accuser le coup. « Sans les commandes d’ArcelorMittal, beaucoup d’entre eux vont devoir licencier » s’alarme encore Edouard Martin. Le temps de la fermeture, les commandes seront transférées sur le site de Dunkerque. « Quand 1000 salariés de Florange vont chaumer, ceux de Dunkerque feront des heures supplémentaires » continue-t-il. Le site portuaire a toujours été favorisé par sa position stratégique. L’essentiel de la matière première pour la confection de l’acier est acheminée par bateaux.

Loi du marché

La CGT et la CFDT s’accordent sur la démarche stratégique du groupe. Lors du comité central d’entreprise, la direction ne s’est pas attardée sur les détails. « Nous contestons les chiffres des commandes présentés jeudi. ArcelorMittal préfère raréfier la production pour faire augmenter les prix du marché. La marge bénéficiaire prime sur les employés » accuse Yves Sabri. La CFDT dénonce une « démarche spéculative ».

Vendredi à 13h, un mouvement intersyndical se rassemblait sur un passage à niveau pour stopper les marchandises venues du site de Dunkerque. Et pour interpeller les élus et les habitants.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message