Tawakkol Karman dédie son prix Nobel aux militants du "Printemps arabe"

mardi 18 octobre 2011.
 

1) La Yéménite Tawakkol Karman, prix Nobel de la paix 2011 Une Yéménite au cœur du combat démocratique (El Watan)

Journaliste et militante de la première heure pour la liberté d’expression et les droits des femmes, Tawakkol Karman a joué un rôle de premier plan dans le déclenchement, fin janvier, des manifestations estudiantines contre le président Saleh.

Le ralliement en février des partis de l’opposition traditionnelle au mouvement de contestation a encouragé les jeunes à installer un camp de toile sur la place faisant face à l’université, pour réclamer le départ du Président, au pouvoir depuis 33 ans.

L’octroi du prix Nobel de la paix à la militante yéménite Tawakkol Karman devrait apporter un second souffle à la révolution yéménite, dont le caractère pacifique a été battu en brèche par les face-à-face sanglants qui opposent depuis plusieurs jours les partisans et les opposants au président Ali Abdallah Saleh. Les milliers de jeunes, qui ont campé jeudi et vendredi sur la place du Changement à Sanaa, ont laissé éclater leur joie à l’annonce de l’attribution du prix prestigieux, pour la première fois, à une femme arabe. Dans un pays où la contestation contre le régime ne faiblit pas, les femmes disent également leur joie et leur satisfaction, surtout que la société yéménite ne leur accorde aucune liberté de mouvement. Ce prix Nobel les encouragera assurément à poursuivre le combat pour leur émancipation.

Bien que peu nombreuses, certaines d’entre elles ont tenu à exprimer un enthousiasme mesuré « car Tawakkol Karman est membre du parti Al Islah, la branche yéménite des Frères musulmans ». Mais dans tous les cas, les femmes sont « sincèrement reconnaissantes du courage » de cette militante des droits humains : la première à avoir osé descendre dans les rues yéménites, le visage découvert. Une véritable révolution dans ce pays miné par les archaïsmes et le conservatisme. L’événement réjouit aussi les hommes. Khaled Al Anesi, avocat des droits de l’homme au côté de Tawakkol Karman dès les premières heures de la révolte, en tête.

« C’est un choc. On ne s’y attendait pas du tout. Ce prix va changer beaucoup de choses. Cela va relancer l’attention sur la révolte yéménite et aussi embarrasser beaucoup de pays arabes et internationaux. Enfin, cette récompense va encourager davantage les activistes des droits de l’homme à se battre », a-t-il soutenu. Journaliste et militante de la première heure pour la liberté d’expression et les droits des femmes, Tawakkol Karman a joué un rôle de premier plan dans le déclenchement, fin janvier, des manifestations estudiantines contre le président Saleh. Connue pour son opiniâtreté, elle a conduit les manifestations qui s’ébranlaient chaque jour de l’université de Sanaa pour être dispersées, le plus souvent à coups de bâton, par les partisans du régime toujours en place malgré près de neuf mois de révolte.

Le ralliement en février des partis de l’opposition traditionnelle au mouvement de contestation a encouragé les jeunes à installer un camp de toile sur la place faisant face à l’université, pour réclamer le départ du président, au pouvoir depuis 33 ans et qui refuse de partir. « L’attribution du Nobel est une récompense pour le peuple yéménite dont la révolution est pacifique et qui restera pacifique jusqu’à la victoire, malgré les tentatives du régime de l’entraîner chaque jour vers la violence », a déclaré, à la presse, vendredi, Mme Karman de sa tente sur la place du Changement. Avec un prix Nobel en poche, Tawakkol et ses compagnons de révolte espèrent à présent poser le dossier du Yémen sur la table des Nations unies afin d’accentuer la pression sur le régime de Ali Abdallah Saleh et accélérer sa sortie.

Anis Zineddine

Source : http://www.elwatan.com//une/une-yem...

2) Tawakkol Karman, figure emblématique du soulèvement au Yémen (La Dépêche)

Tawakkol Karman, première femme arabe à recevoir le prix Nobel de la paix, est une figure emblématique du soulèvement populaire qui secoue le Yémen dans le cadre du "printemps arabe".

Cette jeune journaliste de 32 ans a dressé en mars une tente sur la Place du Changement, épicentre de la contestation à Sanaa, et s’y est installée avec son mari, afin d’échapper aux pressions des hommes du régime du président contesté Ali Abdallah Saleh venus l’intimider à son domicile.

La Place du changement où campent des milliers de jeunes est protégée depuis le mois de mars par des militaires dissidents.

Militante depuis des années pour la liberté d’expression et les droits des femmes, elle a joué un rôle de premier plan dans le déclenchement fin janvier du mouvement de contestation populaire au Yémen.

Dans ce pays conservateur où rares sont les femmes qui jouent un rôle en politique, elle a appelé par SMS les étudiants à des manifestations en solidarité avec les soulèvements en Tunisie et en Egypte, et prenait la tête de ces marches réprimées par la force par les hommes du régime.

Ces manifestations ont gagné les autres villes du pays et se sont transformées en soulèvement populaire avec le ralliement des partis politiques, des tribus et d’une partie de l’armée.

Tawakkol Karman avait été brièvement arrêtée fin janvier pour son rôle dans les manifestations.

Mère de trois enfants, cette jeune femme frêle est membre du Conseil de la Choura (équivalent du comité central) du parti d’opposition islamiste Al-Islah, au sein duquel elle est connue pour s’opposer au courant salafiste.

Elle avait fait ses débuts dans le journalisme revêtue du voile intégral à l’instar de la plupart des femmes yéménites, mais s’est par la suite contentée de se couvrir la tête d’une voile de couleur.

Tawakkol Karman avait fondé en 2005 le groupe "Femmes journalistes sans chaînes".

Née en 1979 dans la localité de Mekhlaf, dans la province de Taëz (sud-est de Sanaa), qui a donné au Yémen un grand nombre d’intellectuels et de politiciens, diplômée en Sciences politiques de l’Université de Sanaa, elle prépare actuellement un Mastère.

Selon ses proches, son père l’a toujours considérée comme la seule "rebelle" de sa nombreuse progéniture. Il s’était même opposé à son action au début du soulèvement yéménite mais elle a fini par le rallier à sa cause et il a rejoint le mouvement de contestation.

Tawakkol Karman a déclaré vendredi à l’AFP dans sa tente sur la Place du Changement que son prix Nobel de la paix était "une victoire pour la révolution" au Yémen et une "reconnaissance par la communauté internationale de notre révolution et de sa victoire inéluctable".

Dans des déclarations aux chaînes satellitaires al-Jazira et al-Arabiya, la jeune femme a dédié son prix Nobel aux militants du "Printemps arabe".

"Je suis très heureuse (...) je ne m’attendais pas à recevoir ce prix et je ne savais même pas que ma candidature avait été posée", a-t-elle dit.


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