Qu’est-ce que le PCOF, organisation de l’ex Front de gauche ?

vendredi 22 novembre 2019.
 

A) Une organisation héritière du maoïsme

B) Le Parti Communiste des Ouvriers de France devient membre du Front de Gauche (septembre 2011)

C) Elections municipales 2014 :Intervention de notre porte-parole à Argenteuil (24 janvier 2014)

A) Une organisation héritière du maoïsme

Le maoïsme en France (histoire succincte)

Lorsque j’ai commencé à militer sérieusement dans les années 1965 à 1968, le mouvement communiste international héritier de la révolution russe et de la Troisième Internationale connaissait déjà de petits déchirements :

- entre partisans de l’URSS (restés dans les partis communistes officiels) et partisans de la Chine de Mao Tsé Toung, ces deux pays "communistes" affirmant des désaccords de plus en plus nombreux à partir de 1962

- entre partisans fidèles de l’URSS et courants prenant de plus en plus d’autonomie dans leur réflexion comme le Parti Communiste Italien ou en France dans ces années 1960 l’Union des Etudiants Communistes

Des discussions éclatent dans le milieu des cadres politiques communistes sur le bilan de certaines périodes, en particulier celui de l’orientation suivie par le PCF à la Libération (1944 1947). Prenons le cas de Raymond Casas, ajusteur-fraiseur, fils d’un sous-officier républicain espagnol, résistant actif (sergent-chef, Croix de guerre...) face au nazisme, cadre du PCF et de la CGT mais porteur d’une critique gauche par exemple contre l’orientation de Maurice Thorez à la Libération (« produire, produire, et encore produire ») ou contre le vote des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet durant la Guerre d’Algérie. En 1962, lorsqu’éclate la confrontation entre URSS et Chine, il se range avec cette dernière.

La Chine soutient timidement alors le développement d’un réseau international d’organisations défendant sa politique comme l’URSS l’avait réalisé dans les années 1920.

Je me rappelle avoir été contacté par un cheminot maoïste de Montpellier qui m’avait expliqué une sortie collective du PCF en 1962 dans cette ville.

Dans les années 1965 à 1968, les deux principaux courants maoïstes en France sont le PCMLF et L’UJCML.

Le PCMLF (Parti Communiste Marxiste Léniniste de France), soutient clairement les positions du gouvernement chinois. Surtout composé de jeunes, il compte aussi une petite implantation en milieu ouvrier. Il comprend aussi des cadres communistes expérimentés dont Raymond Casas signalé plus haut ; le cas le plus connu est celui de Jacques Jurquet, lui aussi Résistant (Etat-major FFI FTP dans le Jura) et engagé volontaire en 1944 dans la Première armée, lui aussi cadre communiste porteur d’une critique gauche durant la Guerre d’Algérie, soutient la Chine lors de son schisme avec l’URSS, exclu du PCF en 1964.

L’UJCML (Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes) a été fondée le 10 décembre 1966 par une centaine d’étudiants (particulièrement de l’Ecole Normale Supérieure) exclus de l’UEC (organisation étudiante du PCF). Dissoute le 12 juin 1968 en même temps que les autres organisations d’extrême gauche, l’UJCML va se scinder principalement en deux groupes :

- Vive la révolution (VLR), d’inspiration maoïste-libertaire, avec son journal Tout qui rappelle la presse underground anglo-saxonne, son insertion dans les luttes sociétales (défense de l’homosexualité, participation au MLF...)

- la Gauche Prolétarienne (autour de Benny Lévy, Olivier Rolin, Serge July, Alain Geismar, Gérard Miller, Jean-Claude Milner, Marin Karmitz, André Glucksmann...). Considérant que les organisations du mouvement ouvrier (particulièrement PCF et CGT) sont passés du côté de l’ordre bourgeois au moment la révolution devient imminente, la GP essaie de créer un mouvement révolutionnaire de masse au travers des luttes sociales et par des actions exemplaires du type "zone libérée". Jean-Paul Sartre accepte la fonction de directeur de publication du journal de la GP "La cause du peuple".

Il serait trop long de suivre l’histoire du mouvement maoïste de ces années 1968 jusqu’à aujourd’hui. Notons seulement que le PCOF représente la plus grosse organisation, héritière du maoïsme, militant actuellement en France.

Personnellement, je n’ai jamais été adhérent ou sympathisant d’un groupe maoïste. Par contre, avant mai 1968, je participais au groupe aveyronnais Le Pavé, qui en comprenait. Après 1968, je garde le souvenir de jeunes militants dont la conviction et le courage étaient émouvants malgré leur manque de réalisme et de connaissance du PCF. La répression policière et judiciaire fut souvent disproportionnée à la réalité des faits.

Jacques Serieys

B) Le Parti Communiste des Ouvriers de France devient membre du Front de Gauche

Le Parti Communiste des Ouvriers de France a décidé de demander à entrer dans le Front de Gauche.

Cette demande a été acceptée par ses composantes actuelles.

Nous nous en réjouissons sincèrement.

Notre parti milite depuis plusieurs années pour l’unité politique de la gauche de transformation sociale autour d’axes de rupture avec la politique néolibérale. De la mobilisation pour la victoire du « non » de gauche au référendum sur le traité européen, qui s’est prolongée par la constitution des « collectifs du 29 mai » et la rédaction de la charte pour une alternative au libéralisme, cette exigence n’a cessé de s’imposer.

L’ampleur de la crise du système capitaliste, le caractère de plus en plus réactionnaire de la politique de la droite sarkozyste qui veut faire retomber tout le poids de la crise sur le dos du peuple et la politique belliciste qui tient lieu de politique étrangère, placent le mouvement ouvrier et populaire et ses différentes organisations politiques, syndicales, sociales, associatives… devant la nécessité de riposter avec une détermination accrue et dans l’unité. Elle pose avec acuité la nécessité de construire une alternative de rupture sur tous les fronts avec cette politique et avec le système qui la sous-tend.

Une telle rupture ne peut être portée par les tenants du social-libéralisme ou de l’écololibéralisme. La politique menée par des gouvernements et des majorités parlementaires se réclamant de ces options est contraire aux intérêts des peuples qui la combattent. Parmi les forces qui mettent en avant la nécessité d’une politique de rupture, le Front de Gauche propose une démarche ouverte et insiste sur la nécessité de gagner les masses à ses propositions politiques. Nous partageons cette préoccupation et cette orientation. Avec la plupart des composantes du Front de Gauche, notre parti a déjà mené des campagnes politiques, notamment celle des régionales. Nous nous retrouvons ensemble sur de multiples fronts de la lutte politique et sociale, dans le cadre de collectifs.

Mais nous sommes conscients que le fait d’entrer dans le Front de Gauche engage notre parti dans un processus plus ambitieux. Nous y sommes prêts. Notre parti, dont la proposition politique pour la période est synthétisée dans le mot d’ordre « pour un front populaire révolutionnaire maintenant », se battra pour enraciner le Front de Gauche dans le mouvement ouvrier et populaire. Pour qu’il gagne la confiance et le soutien actif de tous ceux et celles qui aspirent à un changement de fond de politique, qui met les intérêts ouvriers et populaires, les intérêts des peuples, au centre de ses choix.

Notre souhait est que le Front de Gauche s’élargisse encore à d’autres forces politiques, sociales, aux associations, aux militants du mouvement syndical, aux organisations qui luttent pour le droit des femmes, aux organisations de la jeunesse… Les formes de cet élargissement sont à trouver, mais c’est aussi une condition pour que notre peuple s’empare du Front de Gauche et en fasse un instrument de lutte.

Nous le disons souvent – et nous ne sommes pas les seuls à le dire – l’unité est un combat. Mais c’est un combat nécessaire et salutaire, dès lors qu’il n’a d’autre but que de renforcer notre camp, celui des ouvriers et des travailleurs des villes et des campagnes, celui des créateurs de richesse, celui des hommes et des femmes de progrès et de tous ceux et celles qui veulent en finir avec le diktat de la finance et du grand capital.

Il faut maintenant faire vivre le Front de Gauche, partout !

Paris, 30 septembre 2011

Le Comité Central du Parti Communiste des Ouvriers de France

C) Elections municipales 2014 :Intervention de notre porte-parole le 24 janvier, au meeting de lancement de la liste soutenue par le Front de Gauche à Argenteuil

Devant une salle bien remplie, Cécile Sellier, tête de liste, a lancé la campagne avec enthousiasme et détermination.

C’est Francis Gabouleaud, responsable de la section du PCF d’Argenteuil qui a introduit la soirée. Après l’intervention de Cécile qui a développé le programme de la liste, les responsables nationaux invités à s’exprimer, se sont succédé au micro.

Voici l’intervention de notre porte-parole.

Chers amis, chers camarades

Merci à Cécile et aux membres de la liste soutenue par le FdG d’Argenteuil de me donner la parole pour ce meeting de lancement de cette liste « triple A », comme Argenteuil, pour une alternative à l’austérité. Bravo pour ce détournement de ce symbole de la dictature de la finance.

Et toutes mes amitiés aux responsables nationaux des organisations du FdG qui sont là.

Nous prenons le risque de dire beaucoup de choses qui vont se ressembler, mais c’est le signe qu’il y a un socle d’unité politique entre nous, aussi bien sur le constat l’appréciation de la politique du gouvernement, que sur la nécessité de faire barrage à la droite et à l’extrême droite, qui se nourrissent en partie du désarroi que provoque la politique de Hollande. Et qui y rajoutent leurs propres thèmes et mobilisations réactionnaires, toujours en « contre » : contre le mariage pour tous, contre le droit à l’avortement des femmes, contre les immigrés, etc.

Mothron, on connait, c’est le malodor contre les SDF et c’est la privatisation à tout crin du logement social et la liquidation de tous les services publics. De ce côté-là, ça ne sera pas trop difficile de trouver les arguments pour faire barrage à cette droite revancharde, acoquinée à l’extrême droite.

Mais je veux revenir à ce qui nous unit, au niveau du FdG : je veux souligner en particulier la conviction et la détermination de nous adresser constamment aux travailleurs, avec ou sans emplois, avec ou sans papiers, aux jeunes et moins jeunes, aux femmes des milieux populaires, pour leur dire : nous avons besoin de vous, de votre engagement, parce que nous mettons le FdG au service de vos luttes, de vos combats, de vos espoirs. Pour ces élections et pour après, car ces combats seront devant nous, y compris avec Doucet.

C’est cela, notre pacte de responsabilité à nous, celui de placer l’intérêt ouvrier et populaire, avant tout, au dessus de l’intérêt du capital.

C’est de placer l’intérêt de notre peuple et des peuples au dessus des intérêts de la finance et de ceux qui sèment les guerres pour le contrôle des matières premières, en Afrique notamment.

Sur ce point, certains diront peut être que c’est loin des municipales : je leur demande de réfléchir à deux faits :

Hollande a lancé l’offensive militaire au Mali le jour même de la signature de l’ANI, ce pistolet mis sur la tempe des syndicalistes pour les faire signer des accords de régression sociale, sous la menace des licenciements.

Et c’est encore Hollande qui, lors de ses vœux et de sa conférence de presse a revendiqué haut et fort l’intervention en Centrafrique – la 17ème intervention militaire française dans ce pays que la France n’a jamais laissé libre, en même temps qu’il annonçait le cadeau au patronat de la suppression des cotisations famille, soit 35 milliards !

Ce que je veux montrer par là, c’est que Hollande est en campagne pour les municipales, puis pour les européennes, et que c’est sur son bilan, en matière de politique intérieure et internationale, qu’il espère capitaliser des voix. Vous me direz, où ira-t-il les chercher ?

A droite : ils sont nombreux, à droite à dire qu’ils voteront la confiance au gouvernement Ayrault quand il présentera son « pacte de responsabilité » : C’est pareil au « centre »

Et pour ce qui est de la gauche, c’est l’injonction à voter la « confiance au gouvernement », à avaler de nouvelles couleuvres.

Mais ce qu’il y a de plus grave, c’est par la résignation qu’il espère, non pas convaincre, mais neutraliser les critiques et la colère qui monte dans le peuple. La résignation sur le thème, « c’est la faute à la crise », il n’y a pas d’autre chemin que celui tracé avant lui, par les Schröder en Allemagne : à savoir, accroître la compétitivité en baissant les salaires, en facilitant les licenciements, en réduisant la protection sociale…

C’est la voie du libéralisme qui table sur une hérésie, à savoir que c’est en gavant le capital, en multipliant les cadeaux fiscaux aux entreprises, que les patrons vont créer des emplois. Même Gattaz, le meilleur ami actuel de Hollande, a dû apporter une précision à l’engagement du Medef : si le gouvernement va encore plus loin, jusqu’aux 100 milliards de baisse des « charges » et de la fiscalité, qu’il va plus loin que les 50 milliards de baisse des budgets, alors le Medef se fixera l’objectif d’un million d’emplois. Un objectif, rien de plus, une promesse, contre un gigantesque transfert de richesses, au détriment des masses populaires.

Hollande a un cap : mener une politique au service exclusif de l’oligarchie, des monopoles. La « baisse des charges et du coût du travail », les allégements fiscaux sont taillés pour les grandes entreprises. Pour preuve, c’est Airbus qui demande à « négocier » aujourd’hui un contrat de compétitivité – l’autre nom pour l’ANI, pour supprimer des milliers de postes de travail, Airbus qui a battu le record de commandes, pour 240 milliards de dollars, avec un carnet de commandes et de travail, rempli jusqu’en 2023 !

Comme le disent plusieurs économistes, « cela permettra avant tout aux entreprises de reconstituer leur trésorerie et de réduire leur endettement ». Et les Echos viennent de calculer que les entreprises du CAC 40 ont versé plus de 50 milliards sous forme de dividendes aux actionnaires et de rachat de leurs propres actions, pour en faire grimper le cours.

Les conséquences de cette politique de méga austérité sont connues : moins de services publics, moins pour la santé et l’éducation, la protection sociale… mais aussi moins d’indemnisation chômage… Les collectivités locales seront particulièrement impactées, avec une injonction à diminuer les budgets, réduire l’endettement… et à se « regrouper ». L’annonce de la diminution du nombre de régions, pour constituer des entités de la taille des Länder allemands et de la fusion de départements dans des métropoles, s’inscrit dans une accélération de la « décentralisation » qui, en réalité, signifie une centralisation plus grande au profit de méga régions et de méga métropoles.

C’est ce que Hollande, son gouvernement et les dirigeants du PS ont trouvé pour renforcer la bipolarisation UMP – PS et essayer de marginaliser les forces politiques qui refusent de lier leur sort à celui du PS, à savoir ; les forces du FdG.

Cela renvoie à l’importance de la campagne que nous allons mener ensemble, pour faire le score le plus élevé possible, pour pouvoir peser dans les décisions et la politique qui sera menée par la prochaine municipalité.

Je la résumerai en un mot d’ordre :

- Faire d’Argenteuil, la ville de Rino Della Negra, une ville qui résiste et désobéit à la politique d’austérité que le gouvernement veut sous-traiter aux collectivités.

- Ensemble et en nous appuyant sur les militants politiques, syndicalistes, associatifs et les habitants de nos cités populaires, nous gagnerons.


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