Santé et droits des femmes : des reculs inquiétants (texte et pétition MGEN, LMDE)

samedi 19 novembre 2011.
 

Depuis plus de quarante ans, les combats successifs pour les droits des femmes et notamment pour l’accès libre et gratuit à la contraception et à l’IVG ont permis des avancées considérables.

Dans ce combat, le mouvement mutualiste a contribué à faire progresser les droits des femmes, de par leur rôle de transformation sociale, mais aussi grâce à la mise en œuvre effective de ces droits.

Aujourd’hui, bien que le droit et la liberté de choix des femmes en matière de santé et de contraception soient inscrits dans les lois, ils ne le sont plus suffisamment dans les faits !

Les moyens et les organisations actuels du système de santé ne garantissent plus l’accès de toutes les femmes à ces droits fondamentaux :

- Le non remboursement de certains moyens de contraception ne permet pas un réel choix et l’offre oriente la demande, organisant ainsi le maintien au sein d’un modèle contraceptif où la pilule et le stérilet sont le plus couramment prescrits

- Le nombre et les moyens des centres de planification sur le territoire ne permettent pas de garantir à toutes les femmes, notamment les plus jeunes, d’être conseillées et d’accéder gratuitement à un moyen de contraception et de façon anonyme

- L’accès à l’IVG n’est pas égal sur tout le territoire. La réorganisation hospitalière et la fermeture de centres d’IVG ne font qu’aggraver une situation déjà compliquée. En effet, de nombreuses femmes ne peuvent pas obtenir de rendez-vous dans les délais prévus par la loi du fait du manque de personnel et/ou du refus de certains praticiens de réaliser des interruptions volontaires de grossesse

Nous assistons donc aujourd’hui à un double recul préoccupant : recul du droit à la contraception et recul du droit à l’avortement !

Face à ces constats, la LMDE et la MGEN, mutuelles engagées dans la lutte pour les droits des femmes, demandent aux pouvoirs publics de :

* Développer des programmes de prévention à tous les âges de la vie, de la maternelle, au grand âge, s’appuyant sur la relation à l’autre, le respect des choix de vie, de l’orientation sexuelle et des identités de genre :

* Appliquer la loi du 4 juillet 2001, qui prévoit l’obligation de « dispenser une information et une éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées, à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène ».

Garantir un suivi gynécologique à toutes les femmes sur tout le territoire et à tous les âges de la vie par :

- La présence de praticiens assurant ce suivi sur tout le territoire sans dépassement d’honoraires

- Le développement de l’information et de la formation des praticiens et des sages-femmes concernant leurs actions de prévention, la prescription de tous les moyens contraceptifs et de tous les traitements ou vaccins susceptibles d’être favorables à la santé des femmes et au maintien de leur qualité de vie

- L’organisation d’une consultation gynécologique gratuite pour toutes les femmes de 50 ans. Cette consultation permettrait de favoriser l’accès aux campagnes organisées de dépistage des cancers féminins et de mieux prendre en charge les troubles liés à l’âge. Cela implique de garantir à toutes les femmes l’accès et la prise en charge aux thérapeutiques adaptées.

- Garantir la gratuité de l’ensemble des moyens de contraception disponibles y compris les préservatifs féminins et masculins dans le cadre de l’assurance maladie. Cette mesure doit permettre à chacune d’accéder au moyen de contraception qui lui convient, de préserver son intimité et ainsi d’améliorer l’état de santé des femmes

- Développer la recherche dans le domaine des produits contraceptifs mensuels ou trimestriels pour leur mise sur le marché

- Défendre et garantir le droit à l’avortement sur tout le territoire, en garantissant l’existence et l’accès aux structures de proximité capables de prendre en charge les femmes dans les délais prévus par la loi

Le combat de tous pour le droit des femmes en matière de santé et de contraception est un combat majeur pour la défense des droits fondamentaux.

Les reculs auxquels nous assistons depuis quelques années en la matière appellent les pouvoirs publics à réagir et à agir.

C’est pourquoi la MGEN, la LMDE ainsi que tous les signataires de cet appel, demandent aux pouvoirs publics d’assumer leurs responsabilités afin que s’exercent pleinement ces droits fondamentaux dont le non-respect s’avère gravement attentatoire aussi bien à la santé qu’à la liberté des femmes.

Pétition en ligne en cliquant sur l’adresse URL portée en source de cet article (haut de page, couleur rouge)

Mobilisons-nous contre le recul des droits réels des femmes en France

On parle beaucoup du droit des femmes à l’étranger, et à juste titre. Mais regardons également ce qui se passe chez nous. De plus en plus, le droit positif ne suffit plus. Vous avez beau déclarer un droit opposable en matière de logement, le manque de logement et de volonté économique, sociale et politique induit que les logements nécessaires ne sont pas là. Pour le droit à la contraception et à l’IVG, c’est pareil.

Il faut dire notre indignation et notre ras-le-bol devant la bien-pensance qui pense que le droit positif suffit au bonheur des citoyens et de leurs familles.

Il faut dire notre ras-le-bol devant des formules générales qui n’ont pas de conséquence dans le réel pour de nombreuses femmes. Résultat, le nombre d’IVG est toujours élevé.

Il y a des moments où l’on se pose la question de savoir si le système ne préfère pas l’IVG à la contraception  !

Il y a la loi pour le droit à la contraception, mais les patchs, les anneaux et la pilule 3e génération ne sont pas remboursés. Les pilules 4e génération qui devraient être prescrites aux jeunes filles, car elles sont plus naturelles et donc plus supportables ne le sont que pour les femmes de 45 ans.

Il y a la loi pour le droit à la contraception, mais 80 % des femmes vivent à plus de 100 km d’un planning familial.

Il y a la loi pour le droit à la contraception, mais 60 % des jeunes filles qui consultent pour une IVG n’ont pas eu de pratique contraceptive. La loi de 2001 existe, mais les 3 heures d’éducation sexuelle à l’école pour toutes les classes prévues par la loi de 2001 ne sont généralement pas effectuées. La contraception doit être gratuite et chaque femme dès le plus jeune âge doit avoir des consultations gratuites de contraception jusqu’à l’âge de 25 ans.

Il y a la loi pour le droit à l’IVG, mais les pouvoirs publics ont fermé 149 centres IVG en 10 ans (source IGAS)

Il n’y a pas de couverture nationale des centres IVG, les délais de rendez-vous augmentent et donc de nombreuses femmes arrivent en dehors des délais légaux prévus par la loi. Il nous faut une loi obligeant tout hôpital public et toute structure de gynécologie-obstétrique avoir en son sein un centre IVG et d’avoir en plus un centre de planning familial à proximité. Si l’on doit respecter le choix de certains médecins de ne pas pratiquer l’IVG, il est du devoir des directeurs d’embaucher dans ces structures des gynécologues qui les pratiquent. Un directeur d’hôpital ou d’une structure de gynécologie-obstétrique qui n’a pas de gynécologues pratiquant des IVG ou qui n’en aurait pas au moins 67 % pour les structures ayant au moins trois gynécologues devrait être sanctionné pour faute lourde.

Il est temps de ne pas laisser les futurs candidats à la présidentielle et aux législatives sans les harceler sur cette question. En attendant, signez la pétition de la MGEN.

Par Bernard Teper, Respublica


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