Grèce, tombeau de la démocratie

dimanche 13 novembre 2011.
 

Le coup de force a réussi. En une semaine, plus de referendum et plus de Papandreou. Après s’être laissé un temps dicter sa date et la question posée, le premier ministre grec a dû abandonner en hâte le referendum puis le pouvoir. Chacun de ses reculs apeurés a préparé le suivant jusqu’à la chute.

Au terme de cette débandade éclair, le voici comme nous le pronostiquions mardi dernier remercié au profit d’un gouvernement d’union nationale. La démocratie recule encore d’une case. Le gouvernement Papandreou agissait déjà à l’inverse des engagements qui lui avaient valu le suffrage des électeurs. Maintenant la droite chassée par le peuple est réinstallée au pouvoir par le coup d’état financier. Les mots ronflants d’union nationale habillent un putsch. Ils disent aussi la masse de ressources politiques qu’il faut mobiliser pour rendre la politique d’austérité acceptable par le peuple. A ce propos d’union nationale, rappelons juste que la droite grecque s’était opposée à tous les plans d’austérité précédents. Mais ce sont des positions d’opérette sans importance. Seuls comptent les maîtres qui écrivent l’histoire pour elle. Elle changera donc son texte puisqu’on lui demande.

L’Eurogroupe vient ainsi d’exiger en contrepartie des prochains versements d’un aide prévue de longue date que les partis politiques grecs impliqués dans le nouveau gouvernement s’engagent par écrit à soutenir les exigences du plan européen. On mesure la dégoûtante hypocrisie des dirigeants européens qui avaient concédé du bout des lèvres que le peuple grec avait le droit de se prononcer. Comment peut-il le faire désormais dans un pays interdit de referendum, où s’applique de fait une constitution économique féroce à laquelle tout parti qui veut participer au gouvernement doit prêter allégeance ? La situation est coloniale dans les principes et jusque dans les détails. On lit ainsi que les deux chefs de parti de cette Gross Koalition à la grecque (l’Union entre la droite et les sociaux-démocrates qui, à l’époque de Schröder, engagea l’Allemagne sur la voie du dumping social) se connaissent d’autant mieux qu’ils furent colocataires lors de leurs études aux Etats-Unis.

En Italie, un processus similaire est enclenché. Les « marchés » veulent le départ de Berlusconi peut-on lire sous la plume de journalistes qui ne doivent mesurer l’énormité d’une telle phrase du point de vue démocratique ! Il leur faut une direction politique suffisamment forte pour imposer l’austérité au pays. Après des années de bons et loyaux services, le chef du gouvernement italien serait donc viré comme un chef de zone d’une multinationale jugé vieillissant par sa direction. En même temps la crise politique qu’ils ont nourrie dans le pays les sert. Elle répand les peurs et conditionne les esprits, conformément à cette stratégie du choc décrite par Naomi Klein. Elle ouvre la porte à la troïka (Commission, FMI, BCE) dépêchée sur place pour assurer la suite. Alors même qu’aucun plan d’aide n’est engagé en Italie, les émissaires de l’ordre globalitaire viennent occuper les ministères. Quel qu’il soit, le prochain premier ministre sera sous surveillance. Regardez bien les « grands de ce monde ». Ce sont des nains devant la finance qu’ils ont servi. Seuls sont grands les peuples qui résistent au coup d’état financier qui est engagé sous nos yeux.


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