Portugal grève générale massive ce 24 novembre contre l’austérité

dimanche 27 novembre 2011.
 

Transports publics, services de santé et éducation fonctionnent aujourd’hui au régime minimum au Portugal. Au même moment, l’agence de notation Fitch dégrade de nouveau la note portugaise. A une semaine de l’adoption définitive d’un budget d’extrême rigueur pour 2012, la grogne est la seule chose qui se porte bien dans le pays.

1) Portugal : "l’offensive est brutale, la grève est générale !" (article national PG)

Des centaines de milliers de Portugaises et de Portugais issu-e-s du secteur public comme du secteur privé ont suivi l’appel à la grève générale interprofessionnelle lancée par la CGTP, l’UGT et soutenue par la plupart des syndicats du pays, les partis de l’autre gauche et le mouvement des précaires et indignés.

Des manifestations ont eu lieu dans plus de trente villes à travers le pays aux cris de "Ni moins de salaire, ni plus d’horaire", "l’offensive est brutale, la grève est générale !".

Il pourrait s’agir la grève générale la plus suivie de l’Histoire du pays. On compte en effet de 50 % (dans les médias par exemple) à 100% de grévistes selon les secteurs. Des milliers d’entreprises et de services publics sont totalement fermés et des milliers de membres des forces de l’ordre et de militaires sont eux aussi en mouvement, eux qui le 12 novembre descendaient dans les rues à la surprise générale.

Il faut dire qu’après que le PS démissionnaire a mis le pays sous tutelle du FMI, de la Commission européenne et de la BCE lui imposant un plan d’austérité drastique sous prétexte de « sauvetage » via le fameux Fonds européen de stabilité financière, le gouvernement de droite veut maintenant faire adopter un budget de rigueur conforme aux diktats du FMI et de l’UE. Il suppose notamment suppression des 13e et 14e mois pour les fonctionnaires et les retraités aux revenus mensuels supérieurs à 1.000 euros et l’augmentation d’une demi-heure de la durée quotidienne du travail ! Ce budget, adopté en première lecture le 11 Novembre dernier, devrait être définitivement adopté le 30 Novembre prochain. Ce jour là, les manifestant-e-s se sont donné rendez-vous devant l’Assemblée de la République. Peu d’espoir néanmoins que les élus de droite et du PS écoutent celles et ceux qu’ils sont censés représenter. La droite votera pour le budget. Le PS a lâchement annoncé qu’il s’abstiendrait. Seuls les partis de l’autre gauche (le Bloc de Gaiuche et le Parti Communiste Portugais) voteront contre.

Ultime provocation en ce jour de lutte sociale, l’agence de notation Ficht annonce qu’elle baisse d’un cran la note du Portugal. Un crachat supplémentaire des faiseurs de misère à la gueule d’un peuple qui n’en peut plus.

Avec le peuple portugais, nous voulons dire non à la grande régression organisée au Portugal. Non à l’autoritarisme de l’UE, du FMI et des gouvernants complices qui imposent l’hyper austérité aux peuples sous prétexte d’assainissement budgétaire. Non aux pleins pouvoirs des agences de notation. Le temps des saignées sociales doit finir. L’austérité pour les marchés !

BRUNO FIALHO ET CÉLINE MENESES

2) Portugal : grève générale contre l’austérité, pays au ralenti

Une grève générale a fortement perturbé les transports, les aéroports et les services publics, jeudi au Portugal où des milliers de grévistes ont manifesté contre la politique de rigueur appliquée par le gouvernement en échange d’une aide financière.

Les principaux aéroports du pays ont été pratiquement paralysés, des centaines de vols ont été annulés, tandis que le métro de Lisbonne et le service des navettes fluviales n’ont pas circulé provoquant d’importants embouteillages aux heures de pointe dans la capitale.

Dans l’ensemble du pays de nombreuses écoles, bureaux de postes, agences bancaires et services hospitaliers ont été fermés tandis que les services de voirie n’ont pas été assurés.

"Cette grève a eu une forte adhésion", s’est félicité Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, en s’adressant aux grévistes ayant participé à l’une des nombreuses manifestations convoquées par les syndicats et les mouvements des "indignés" ayant eu lieu dans tout le pays.

"Ni moins de salaire, ni plus d’horaire", "l’offensive est brutale, la grève est générale ! ", ont scandé à Lisbonne des milliers de personnes en colère.

Quelques incidents

En fin d’après-midi des brèves échauffourées ont eu lieu au pied des marches du Parlement où des manifestants, rapidement contrôlés par les forces de l’ordre, ont renversé des barrières.

Dans la matinée, des incidents avaient déjà été enregistrés à Lisbonne, où des inconnus ont attaqué deux trésoreries à coup de cocktails molotov et pots de peinture sans faire de victimes ni de dégâts importants, selon la police.

Cette grève générale, la septième depuis le retour de la démocratie au Portugal en 1974, a été convoquée par les deux principales centrales syndicales CGTP et UGT.

Plan de rigueur pour assainir les finances et relancer l’économie

Le gouvernement s’est engagé dans un plan de rigueur pour assainir ses finances et relancer son économie en échange d’une assistance financière de 78 milliards d’euros accordée par l’Union européenne et le Fonds monétaire international.

Outre des augmentations de la TVA et des hausses des prix des transports, l’austérité touchera principalement les fonctionnaires dont les salaires ont été gelés et qui, l’année prochaine, perdront deux de leurs 14 mois de salaire. Dans le privé, la journée de travail pourra être augmentée d’une demi-heure.

Selon des estimations officielles, la rigueur devrait entraîner l’année prochaine une contraction de 3% de l’économie et un chômage record de 13,4%.

Au moment où le Portugal tournait au ralenti en raison de la grève, l’agence Fitch a abaissé d’un cran la note du pays -de "BBB-" à "BB+"- et l’a assorti d’une perspective négative, le reléguant ainsi dans la catégorie des pays à risque.

Belga

Source : RTBF belge

3 ) Grève générale ce 24 novembre au Portugal

Le vieux lion est sorti de sa réserve. Mario Soares, patriarche de la politique portugaise et gardien de la démocratie -il a été le premier chef d’un gouvernement démocratique en 1976- est sorti de sa réserve. Il a lancé un appel aux citoyens de gauche afin qu’ils se mobilisent "pour la justice sociale et l’approfondissement de la démocratie comme forme de résolution de la crise". Un document extrêmement politique qui stigmatise une stratégie de privatisation des entreprises et les "obscurs jeux du capital qui remettent en cause la démocratie". Au passage, les signataires de l‘appel réclament un nouveau paradigme pour l’Union européenne, et s’inquiètent de l’arrivée de dirigeants technocrates -en Grèce ou en Italie.

Les appels de ce genre sont rares au Portugal. C’est dire à quel point la tension est palpable en ce matin de grève générale décrétée par les deux centrales syndicales que compte le Portugal. Il est tout aussi rare de voir ces deux centrales, aux visions fondamentalement dstinctes, faire front commun : la Confédération générale des travailleurs (CGTP), proche du Parti Communiste (son instrument pour certains), et l’Union Générale des Travailleurs (UGT), organe centriste partisan du "dialogue social". Quant aux grèves générales, elles se comptent sur les doigts d’une seule main : il n’y en a eu que deux depuis 1988. La dernière est récente, c’était il y a un an, jour pour jour. Contre l’austérité, marchons, marchons !

Ironie de l’histoire, le 24 novembre 2010, jour de grève générale sous le gouvernement socialiste de José Socrates, avait servi à mobiliser contre l’imminent appel du Portugal à l’aide internationale, et contre l’austérité. Déjà. Mais le Portugal n’a pu éviter le secours de l’Union européenne et du FMI, qui lui ont attribué 78 milliards d’euros pour rendre au pays sa crédibilité sur les marchés, et sortir de la spirale de l’endettement interne et externe.

En contrepartie, les dirigeants portugais se sont engagés à respecter un cahier des charges extrêmement exigeant. Tous les trois mois, la "Troïka" du programme d’aide -représentants de l’UE, du Fond Monétaire international et de la Banque centrale européenne- se penche sur le malade portugais, et lui prend le pouls. A chaque fois, le remède consiste en un tour de visse supplémentaire. Et l’annonce ce jeudi d’une nouvelle dégradation de sa note par l’agence Fitch rend le Portugal enconre un peu plus vulnérable. L’agence de notation estime que le PIB portugais subira une contraction de 3% en 2012. Sa note passe donc de "BBB-" à "BB+". Une mise en garde

Les syndicats haussent le ton. Dans un pays calme où manifestation et grève sont des droits acquis de haute lutte, mais sans une goutte de sang versée, la mesure du "ras-le-bol" est difficile à prendre. Hormis la fonction publique, particulièrement remontée après l’annonce de la suppression des primes de vacances et de noël, du gel des salaires et de l’avancement, les Portugais balancent entre résignation et sentiment d’injustice. Faire grève ? Pour beaucoup, c’est impensable.

Carla, fonctionnaire de 40 ans et mère de deux enfants en bas-âge dit ne pas pouvoir se le permettre. "Depuis cette année, je perds 50 euros de revenu mensuel. Faire grève c’est 40 euros en moins ce mois-ci. Presque 100 euros de retenues, c’est impossible", confie la jeune femme. Elle ne sait pas comment elle fera l’année prochaine avec 2 500 euros de primes en moins.

La grève devrait donc affecter avant tout la fonction publique, objet de toutes les attentions négatives du gouvernement. Les transports publics, la santé, l’éducation, la sécurité devraient fonctionner au minimum. Le trafic aérien s’annonce perturbé, par une grève du personnel de la TAP, la Compagnie aérienne portugaise en passe d’être privatisée.

L’un des principaux intérêts du mouvement de jeudi, c’est qu’il va faire l’actualité internationale, au même titre que les mouvements grecs, espagnols, français. Et si la paralysie est générale, les garants de la politique économique seront forcés d’évaluer leur propre capacité á imposer cette politique", notait mercredi Manuel Loff, un éminent chercheur de l’université du Minho (nord du Portugal) cité par le journal Público.

Mario Soares, vieux briscard de la politique âgé aujourd’hui de 87 ans, ne s’y est pas trompé : la dramatisation ne pourra que renforcer la dimension hautement symbolique de ce mouvement du 24 novembre.

Par Marie-Line Darcy (Lisbonne)


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